Collectivités

Opération séduction auprès des investisseurs

Investissement. Chefs d’entreprises et investisseurs hors BFC se sont rencontrés à l’initiative des commissaires aux restructurations et prévention des difficultés des entreprises qui constatent un déficit de notoriété de la région chez les investisseurs spécialistes du retournement.

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Photo de Domitille Legrand qui expose les atouts de la Bourgogne Franche-Comté
Domitille Legrand, chargée de mission économique auprès du préfet de région expose les atouts de la Bourgogne Franche-Comté aux investisseurs réunis à Dijon à l’initiative du commissariat aux restructurations et prévention des difficultés des entreprises. (Crédit : JDP)

La préfecture de région à Dijon accueillait mercredi 6 mars une quinzaine de représentants de fonds d’investissement étrangers à la BFC. L’objectif de la journée était double : d’une part, faire se rencontrer ces investisseurs engagés dans des stratégies de retournement - stratégies d’investissement dans lesquelles un investisseur acquiert une participation dans une entreprise en difficulté financière ou en crise dans le but de la restructurer, de la redresser et éventuellement de la revendre avec un bénéfice - avec des chefs d’entreprises ; d’autre part, faire la promotion de la région et de ces dispositifs économiques, le commissariat aux restructurations et prévention des difficultés des entreprises, à l’origine de cette rencontre, ayant constaté un déficit de notoriété de la BFC auprès de cette cible d’investisseurs... alors même qu’elle est la cinquième région française en termes d’investissements étrangers. « Le savoir-faire est là, mais disons les choses, il y a un déficit de “faire savoir”. La communication est quelque chose que l’on ne met pas dans les priorités alors qu’aujourd’hui il faut l’intégrer au moment même où vous entamez un process », sourit Franck Robine, préfet de la région BFC.

L’opération séduction de la région, déroulée par Nicolas Soret, vice-président régional en charge notamment du développement économique) s’est appuyée sur les fondamentaux de la BFC (gastronomie, viticulture) pour l’élargir aux atouts régionaux : « C’est cela l’enjeu : s’appuyer sur des forces historiques, bien ancrées dans les imaginaires, pour leur dire que ce que l’on a su très bien faire sur ces filières historiques, on sait très bien le faire aussi sur les filières d’avenir que sont l’hydrogène, les biothérapies, le véhicule du futur, l’énergie avec les SMR. »

Facilitateur d’attractivité

Autre atout, et non des moindres, une coordination exemplaire entre le bloc État-région et les entreprises privées, portée du côté de la région BFC par son agence économique régionale (AER, dont la directrice Martine Abrahamse-Pleux était la porte-parole lors de cette journée) et du préfet Franck Robine qui ne cesse de réaffirmer depuis son arrivée en BFC sa volonté de faciliter le développement économique du territoire - une volonté encore exprimée lors des assises des biothérapies : « En France, il y a beaucoup de prescripteurs et j’ai une politique d’invitation des grands responsables administratifs de l’État à découvrir la région. Nous avons reçu la visite de la directrice générale de l’agence d’innovation en matière de santé ; du directeur général de la prévention des risques ; le dirigeant de business France ; la présidente de l’université du nucléaire ou Bruno Bonnell, le secrétaire général à l’investissement. Ces gens-là sont aussi des prescripteurs au plan national et je considère que c’est mon rôle de les inviter à chaque fois. »

Une articulation privé-publique particulièrement appréciée par les investisseurs présents, en témoigne Delphine Inesta, co-directrice d’Arcole (fonds d’investissement spécialisé dans l’acquisition de PME et d’ETI du secteur industriel), venue de Paris : « Ce qu’il y a de positif dans cette rencontre, c’est de constater que la parole publique est engagée aux côtés du privé, on arrive à sortir des dichotomies. L’autre intérêt est de rencontrer physiquement les entrepreneurs. Pour s’ouvrir à des échanges, rien ne remplace le contact direct ».

Pédagogie de l’accompagnement

Pour Jean-Yves Hinterlang, commissaire aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises, ce type de rendez-vous présente un intérêt supplémentaire, à l’adresse spécifique des chefs d’entreprises celui de faire connaître l’intérêt de solliciter des fonds d’investissements spécialisés dans les entreprises en rebond lorsque leur situation le nécessite. « Il y a dans la salle des industriels qui peuvent être pour certains fragiles, et d’autres qui vont bien... mais les difficultés font aussi partie de la vie des entreprises et une entreprise saine aujourd’hui peut être en difficulté l’année prochaine, on sait que le contexte peut parfois être difficile. On veut aussi avoir cet exercice de pédagogie sur l’accompagnement de la difficulté. » Un objectif approuvé par Jérôme Prince, président du tribunal de commerce de Dijon lui aussi présent, qui a fait de la prévention de la défaillance d’entreprise le cheval de bataille de son mandat.