Pharmacienne des villes, pharmacienne des champs
Santé. Après neuf mois de fermeture, la pharmacie d’Aignay-le-Duc a rouvert ses portes. Derrière le comptoir, Marie-Jeanne Damm, 68 ans, une pharmacienne heureuse qui ne jure que par la campagne.
En décembre 2022, Geneviève Mayeux avait définitivement éteint la croix verte de sa pharmacie d’Aigny-le-Duc qu’elle tenait depuis 1985. Avec elle, les habitants de la commune et des villages environnants perdaient la seule pharmacie dans un rayon de trente kilomètres.
L’histoire aurait pu s’arrêter là sans l’acharnement des habitants et des élus bien décidés à tenir bon. Le 7 octobre dernier, la croix verte s’est rallumée, achetée pour un euro par Marie-Jeanne Damm, 68 ans, précédemment installée à la Pharmacie des Perrières à Dijon : « J’avais envie de quitter la ville. La concurrence en ville est de plus en plus pesante et un jour, un représentant m’a parlé de la pharmacie d’Aignay-le-Duc qui cherchait un acquéreur. Ça a mis beaucoup de temps Parce qu’il fallait que je vende la mienne. »’.
À l’arrivée de Marie-Jeanne, tout le village se mobilise : « Les deux maires qui se sont succédé, les habitants, le député Brigand m’ont vraiment aidée à tenir. Ça a été très difficile. Il a fallu ramener tout le stock depuis Dijon et tout réinstaller. Les villageois, les amis, les élus sont venus. Nous avons ramené trois camions. Je leur en suis très reconnaissante ».
« On vit mieux à la campagne »
Aujourd’hui, Marie-Jeanne Damm - « la retraite n’est pas mon truc » - a déjà envisagé la suite : « On vit vieux dans la famille, sourit-elle, j’ai déjà deux jeunes qui veulent s’installer en ville, mais ça leur passera. Je leur donne cinq ans. On vit mieux à la campagne et contrairement aux idées reçues, on y gagne mieux sa vie qu’en ville où la concurrence fait rage ».
Avec l’arrivée de Marie-Jeanne Damm, c’est avant tout l’offre de soin sur le territoire qui se renforce : « Les médecins m’ont très bien reçue. Les habitants sont soulagés car certains prenaient le bus pour aller chercher les médicaments, mais d’autres ne pouvaient pas ». Une offre de soin qui tient parfois à peu de choses : « Il a fallu que la fibre arrive pour pouvoir allumer l’ordinateur. La banque avec qui je travaillais a aussi manqué de réactivité. Il a fallu trouver un logement ».
Autant de questions qui conditionnent aussi la lutte contre les déserts médicaux. Mais Marie-Jeanne Damm se dit une pharmacienne heureuse : « C’est très différent de la ville. Ici on soigne du bébé au pépé et même parfois des poissons rouges ! Je recommande à mes jeunes confrères de venir en milieu rural. On y vit bien et on gagne sa vie très correctement ». Qui veut désormais investir : « Je verrai dans un an pour former ou embaucher quelqu’un mais les préparateurs sont rares. S’il le faut, je ferai installer un robot ».