PLF 2026 : un « hold-up en banque organisée » selon l’AMF
Collectivités. Le bureau de l’Association des maires de France a tenu une conférence de presse avant le 107e congrès des maires et des présidents d’intercommunalités de France qui aura lieu du 17 au 20 novembre à Paris. L’occasion de fustiger la « purge » promise par le Projet de loi de finances 2026 et de réclamer plus de liberté pour les élus du bloc communal.
 
« La purge 2026 » « le plus mauvais budget qu’on ait connu » « le lacet budgétaire qui nous mène à l’asphyxie »… André Laignel, premier vice-président délégué de l’Association des maires de France (AMF) n’avait pas de mots assez durs pour qualifier le projet de loi de finances (PLF) 2026 en discussion à l’Assemblée nationale lors de la conférence de presse qu’a tenue le bureau de l’AMF en son siège parisien le mercredi 29 octobre, préalable au 107e congrès des maires et des présidents d’intercommunalités de France. L’association d’élus évalue « l’amputation » à 7,5 Mds € à date « pour les services publics locaux et le soutien à l’investissement ». Pour parvenir à cette somme, André Laignel aligne ainsi une saignée de 2 Mds € au titre de Dilico 2, - 789 M€ due à la suppression de la réduction de la compensation des impôts économiques, - 700 M€ de resserrement du Fonds de compensation de la TVA, -500 M€ dans le Fonds vert, -274 M€ de gel de la DGF et 3 points de cotisations CNRACL équivalent à 1,2 Mds€ de ponction supplémentaire dans les budgets des collectivités locales.
Repenser la décentralisation…
Si le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis de la concertation à l’AMF dans le cadre du nouvel « acte de décentralisation » qu’il entend porter, la représentation des élus locaux y a posé ses termes, synthétisés dans une lettre adressée en début de mois à Matignon, par laquelle l’AMF réclame d’abord et avant tout de la « liberté » pour les maires – c’est d’ailleurs le mot d’ordre sous lequel est placé ce 107e congrès. « Nous avons posé nos conditions préalables, détaille André Laignel. La subsidiarité ascendante ains que la liberté de notre administration et de nos finances »… alors qu’il juge dans le même temps « insincère » le projet de PLF qui estime à 4,6 Mds € l’effort demandé au bloc communal quand l’AMF l’évalue, à terme, à 8 Mds€. « C’est un mensonge d’État, résume le n°2 de l’association. Avec comme effet que nous ne pourrons pas moderniser. Nos budgets seront les outils de la récession au lieu d’être les leviers de la relance. Quand l’État se noie, résume-t-il, amer, il essaie d’entraîner par le fond les collectivités locales. »
… et revoir le jacobinisme
Subsidiarité ascendante : par cette formule qui inverse le chemin de la décision (des maires vers l’État et non l’inverse), l’AMF entend redonner de la souveraineté aux communes, « le premier et non le dernier mètre de l’action publique », ainsi que de l’autonomie financière et fiscale. Des communes envisagées comme l’Alpha et l’Omega de la résolution de l’inertie induite par « le sursis des gouvernements » et « l’hystérie parlementaire », assure David Lisnard, le président de l’AMF. « Dans un contexte de disette budgétaire et d’absence de majorité, il ne faut pas gâcher la chance de la décentralité », assure le maire de Cannes pour qui « une grande partie de la solution des problèmes budgétaires » réside dans l’abandon du pouvoir jacobiniste d’un État central au profit d’une plus grande autonomie des communes. Et de plaider, conformément au slogan du congrès de novembre, pour plus de « liberté d’action, liberté de s’engager, liberté d’être, liberté de décider. La liberté, c’est plus d’efficacité et plus de responsabilité de rendre des comptes aux citoyens », résume David Lisnard qui n’hésite à affirmer que cela vaut autant « pour les entreprises que les collectivités ». L’AMF proposera donc un « transfert immédiat de la sphère réglementaire aux collectivités, en laissant à l’État ses pouvoirs régaliens » comme nouveau pacte de décentralité. Ce point de vue est-il destiné à devenir un leitmotiv des programmes des candidat aux municipales, l’année prochaine ? Rendez-vous en mars 2026. À moins qu’il ne devienne la profession de foi du candidat David Lisnard, par ailleurs vice-président national des LR, qui propose « une grande primaire de la droite allant de l’UDI à Sarah Knafo » (mais sans le RN, a-t-il rappelé mercredi à Paris) pour trouver le visage de la droite pour l’élection présidentielle de 2027.