Quartus, anatomie d’un futur géant de l’éco-logistisque
Yonne. Sur une parcelle de près de 11 hectares située dans la zone industrielle des Vauguillettes, le promoteur - filiale de la BPCE - pilote depuis octobre 2024 pour le compte de Green’Dev la construction d’un ensemble logistique hors-norme de 48.957 m², comprenant 1.200 m² de bureaux.

Initialement prévue pour le 15 juillet, la livraison de l’ensemble est désormais repoussée à mi-septembre. En cause, un hiver particulièrement rigoureux, ponctué de fortes intempéries. Malgré ce contretemps, les équipes restent mobilisées, avec un objectif clair : livrer dans les 100 jours ouvrés. « Ce type de chantier demande une précision absolue. Il suffit d’un maillon qui lâche pour que tout le planning soit remis en question », explique Laurent Merucci, responsable de projet chez Quartus. Chaque jour, jusqu’à 80 personnes interviennent sur le site sénonais.
Le bâtiment se compose de sept cellules logistiques de 8.000 m² environ, dont deux cellules qui peuvent être réunies en une seule spécifiquement conçues pour accueillir des produits chimiques et inflammables. Chaque espace intègre des dispositifs de sécurité avancés tels qu’une détection linéaire de fumée ou des dallages fractionnés en pointe de diamant pour diriger les eaux polluées vers un bassin de confinement enterré de 925 m³, situé au pied de la ligne TGV Paris-Lyon-Marseille.
Des défis géotechniques
La nature du sol a imposé un travail d’orfèvre. En raison d’une forte déclivité et de la proximité de l’aqueduc du Grand Paris, les déblais remblais ont dû être parfaitement équilibrés. Plus de 60.000 m³ de terre ont été déplacés et 20.000 m³ de terre végétale ont été stockés pendant deux mois afin de parer à d’éventuels tassements. Des zones à faible portance ont également nécessité un confortement spécifique, sans recours à des matériaux importés. « Nous avons tout optimisé pour limiter l’empreinte carbone dès la phase de terrassement », précise Hossameldin Negmy, ingénieur d’affaires sur le site.
Le projet vise une double certification ambitieuse : Breeam « Excellent » et « Bas Carbone ». Toutes les composantes ont été pensées pour y parvenir. Initialement prévue en béton, la charpente a, par exemple, été transformée en bois. Les vitrages proviennent, eux, de la filière du recyclage. L’éclairage est géré par détection de présence avec temporisation. Enfin, la toiture accueillera 23.000 m² de panneaux photovoltaïques, capables de produire jusqu’à 5.200 kilovoltampères (KVA). L’énergie produite sera réinjectée dans le réseau selon un système innovant : un seul point de livraison pour tout le site avec une autoconsommation directe avant revente du surplus. Résultat ? Une quasi-autonomie énergétique.
Un engagement écologique global
Au-delà de l’aspect énergétique, le projet s’inscrit dans une démarche globale de respect de la biodiversité. Un écologue accompagne le chantier depuis la conception. La date de démarrage a ainsi été décalée pour respecter la période de nidification de l’alouette des champs.
Sur site, plus de 100 arbres, 600 mètres de haies vives ainsi que des nichoirs, des hôtels à insectes, des passages pour la faune et des échelles à batraciens ont été implantés. Les parkings partiellement perméables et les noues végétalisées permettent d’absorber les eaux pluviales, qui sont ensuite traitées sur place avant rejet.
Grâce à ses qualités environnementales, techniques et humaines, le chantier a été proposé au concours du Meilleur Chantier de France, organisé par l’association étudiante de l’ESTP (École spéciale des travaux publics). « Ce n’était pas prévu au départ, mais nous nous sommes aperçus que ce projet cochait toutes les cases. C’est une vitrine de ce que la logistique peut devenir : durable, flexible, performante », se félicite Hossameldin Negmy.