David Butet : « Redéfinir le travail comme valeur »
Economie. Pour ses derniers vœux comme président du Medef 21, David Butet a placé 2024 comme année de la performance dans un contexte marqué par l’impermanence.
Le président du Medef 21 n’aura pas échappé à la métaphore sportive pour ses derniers vœux : « En cette année de Jeux Olympiques, nous ne pouvions choisir d’autre thématique que celle de la performance pour nos vœux car le monde des affaires et le monde du sport partagent de nombreuses similitudes. Tous deux exigent discipline, détermination, esprit d’équipe et un engagement sans faille pour atteindre l’excellence. Comme dans le sport, notre entreprise est engagée dans une compétition constante, dans la recherche de l’amélioration continue, et du dépassement de soi. Le sport nous enseigne que la performance ne se mesure pas uniquement aux résultats finaux, mais aussi dans la manière dont nous abordons les défis, comment nous nous relevons après une défaite, comment nous tirons les leçons de nos expériences pour progresser et comment nous faisons preuve d’agilité et d’innovation pour rester compétitifs. Prenons inspiration du monde du sport pour cultiver une culture de la performance, de l’effort collectif et de l’excellence ».
Un challenge d’autant plus ardu que, a souligné David Butet, le contexte n’aura jamais été aussi mouvant et incertain, obligeant les chefs d’entreprises à une constante adaptation, alors que le monde est lui en proie à une « quatrième révolution industrielle », caractérisée selon lui par « trois grandes forces » : le déploiement à grande vitesse de l’IA, le changement climatique et « la pénurie de talents ».
La France leader de l’IA en Europe
Sur le premier item, le président du Medef 21 prévient… et espère : « l’IA est l’invention technologique la plus radicale depuis l’invention des caractères mobiles en imprimerie et comme toute révolution, elle est ambivalente. Elle représente un risque majeur de dépossession des individus par des algorithmes, mais elle nous donne aussi une opportunité unique pour améliorer notre productivité et diffuser plus largement la connaissance. Je souhaite que la France devienne le pays leader de l’IA en Europe ».
L’urgence climatique appelle à « rester humbles face à des personnes qui vivent les conséquences de ce changement. Ces expériences nous font comprendre que nous devons faire plus dans ce domaine. (…) Face à l’urgence climatique et aux défis sociétaux actuels, le Medef dans la droite ligne de l’accompagnement quotidien de ses adhérents, dans la mise en œuvre de stratégie bas carbone a décidé d’accélérer la mobilisation climat du secteur privé et de l’inciter à agir de manière proactive, en lançant “Impact climat”, pour valoriser les actions concrètes des entreprises ».
Le travail, une « valeur »
Enfin, le nouveau rapport au travail impliquera, selon David Butet, une révolution mentale des patrons face à ce qu’il nomme « une pénurie de talents » : « Par-là, je ne parle pas des salariés en général. Je parle des personnes qui sont prêtes à prendre de beaux risques. Qui sont prêtes à faire des efforts supplémentaires, qui voient des opportunités là où d’autres ne voient que des dangers extrêmes. Mais la pénurie de talents n’est pas seulement une question de chiffres sur le marché du travail. Elle impacte profondément notre capacité à innover, à croître et à rester compétitifs dans un monde en constante évolution. Dans ce contexte, il est impératif que nous repensions nos stratégies de recrutement, en regardant au-delà des CV et des diplômes, et de reconnaître la richesse des compétences et des expériences diverses que chaque individu peut apporter à nos entreprises ».
Pour autant, le président du Medef 21 a souhaité faire de la réflexion autour du travail un thème pour 2024 : « Notre société n’est pas malade d’un malaise au travail généralisé dû à l’entreprise, mais d’un désamour pour le travail mêlé à la montée d’un individualisme forcené qui s’habille habilement des mots de solidarité, de modes alternatifs, voire du rejet du capitalisme. (…) Trop nombreux, a conclu David Butet, sont ceux pour lesquels le lien entre d’un côté le droit aux revenus, à la santé, à la retraite et de l’autre le travail, a été perdu. Je vois là un thème évident et propice à la reconstruction de notre société, avec toutes les parties prenantes : les salariés, les entrepreneurs, les administrations, les élus : travaillons ensemble à redéfinir le travail comme valeur et source de réalisation de soi ».
Challenger la présidence
Enfin 2023 a vu la naissance de Femmes du Medef 21 (présidée par Carole Girard) pour « influencer l’entrepreneuriat au féminin et accélérer la parité dans toutes nos organisations, c’est un axe majeur pour notre Medef » et la mise en valeur du Comex 40 (comité de jeunes entrepreneurs de moins de 40 ans, piloté par Audrey Chaillet – EtOH Academy – et Aubin Amardeil – Akyos communication), dont l’objectif est de « challenger les décisions de notre conseil d’administration et qui travaillent depuis plusieurs mois sur la gouvernance de notre syndicat… et qui pourrait bien challenger la future présidence ». Le successeur de David Butet est-il membre de ce Comex 40 ? La réponse dans quelques mois.