Réseau de chaleur bisontin : bientôt un nouveau géant vert
Doubs. Grand Besançon Métropole vise à devenir un territoire à énergie positive en 2050. Dans cette optique, il entend multiplier par plus de trois la surface de son réseau de chaleur, dont l’alimentation en énergie renouvelable sera portée à 90 % contre plus de 75 % actuellement.

Depuis 2019, Grand Besançon Métropole (GBM) gère la compétence de distribution publique de chaleur sur son territoire. En France, les réseaux de chaleur urbains se sont développés entre les années 1950 et 1970, en parallèle à la forte urbanisation du pays. À Besançon, c’est naturellement à Planoise qu’un premier équipement de ce type a été déployé, à partir de 1968. La démarche était à la fois écologique et économique puisqu’il s’agissait, d’un côté, de chauffer un grand nombre de nouveaux logements. De l’autre, de traiter les déchets générés par une population croissante. La création d’une usine d’incinération des ordures ménagères allait ainsi permettre aux abonnés de bénéficier d’une chaleur à prix optimisé. En 2004, une première chaudière biomasse vient compléter le dispositif, suivit en 2011 de deux autres chaudières biomasse de 8 MW et d’une deuxième chaudière gaz naturel de 19 MW. Étendu une première fois en direction du quartier des Hauts du Chazal (qui compte notamment comme principal client le CHU de Besançon), puis à Avanne-Aveney, ce « réseau ouest » est alimenté à plus de 75 % par des énergies renouvelables (biomasse) et de récupération (incinération d’ordures ménagères) et apporte à 14.850 équivalents-logements une chaleur à des tarifs compétitifs et stables. Dans le cadre de son schéma directeur du chauffage urbain inscrit au Plan Climat, GBM s’est engagé dès 2021 dans d’importants travaux d’extension de ce réseau de chaleur avec pour objectif de viser 100 % de consommation d’énergies renouvelables en 2050. Le 19 novembre 2024, à l’occasion du Salon des maires et des collectivités, Anne Vignot, présidente de Grand Besançon Métropole et Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, ont ainsi signé le contrat de concession de service public pour l’extension du réseau de chaleur de Besançon Ouest (voir photo ci-dessous). Ce contrat, confié à Engie Solutions pour 12 années, permettra d’alimenter plus de 23.000 équivalents-logements en chauffage et eau chaude sanitaire au travers d’une énergie locale et très largement décarbonée. « Jusqu’ici, nous étions sur des délégations de service publics renouvelées tous les six ans, en doublant cette durée nous sommes en mesure de voir plus grand et de planifier un véritable changement d’échelle pour ce réseau de chaleur né il y a 57 ans », explique Christophe Glasson, directeur commercial Alsace, Bourgogne Franche-Comté chez Engie Solutions. Au total ce seront 74 km de réseau, contre 24 actuellement en service, qui permettront d’alimenter à terme près de 500 bâtiments raccordés.

Le réseau distribuera via cette extension une énergie produite à 90 % à partir d’énergie renouvelable et de récupération notamment grâce à l’optimisation du patrimoine existant, de la récupération des fumées des chaudières biomasses actuelles, de l’Unité de valorisation énergétique de déchets voisine et de la mise en service d’une nouvelle chaufferie biomasse à l’horizon 2030 (après démolition de l’ancienne chaufferie au charbon plus utilisée depuis 2015). Le réseau sera en capacité de fournir 233 GWh de chaleur à terme. Ainsi l’émission de 35.000 tonnes de CO₂ supplémentaires sera évitée tous les ans.
122 M€ d’investissements
Le tracé du réseau a été pensé pour être évolutif, intégrant également plusieurs réserves de puissance permettant d’envisager le raccordement de futures infrastructures ou bâtiments. Les travaux de la première branche en direction du centre ville ont débuté en août 2023. Les quartiers de Saint-Ferjeux, la Butte et la Grette sont aujourd’hui desservis. De nombreux bâtiments tertiaires publics (Centre technique municipal, écoles, maison d’arrêt, lycée Jules Haag, 6e régiment du génie et 19e régiment du matériel, CCI Saône-Doubs…), mais également des logements sociaux et du parc privé ont été raccordés. L’extension se poursuivra en plusieurs tranches jusqu’en 2031 (voir schéma ci-dessous). Elle comptera notamment le raccordement en 2026 qu’une partie du centre-ville historique et en 2027 du campus universitaire de la Bouloie.
Plusieurs innovations au coeur même du dispositif des chaufferies permettront d’améliorer la qualité de l’air bisontin et de moins consommer d’énergie. « Pour économiser plus de 155.000 tonnes de bois sur la durée du contrat, des laveur-condenseurs couplés à des pompes à chaleur à absorption vont permettre la récupération de 5,1 MW d’énergie fatale sur les chaudières biomasses. Celles-ci fonctionneront alors avec un rendement à 100 % et verront les fumées de combustion filtrées avec des niveaux de rejets inférieurs aux normes exigées ».
Les investissements sont portés par GBM à hauteur de 66 M€ et par Engie Solutions pour 56 M€. L’Ademe, par le biais du Fonds Chaleur, soutiendra également le projet.
