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« Simplicité et pragmatisme face au enjeu du territoire »

Saône-et-Loire. Lundi 25 août, Dominique Dufour prenait officiellement ses fonctions de préfet de Saône-et-Loire. Arrivant des Hautes-Alpes, dont il était le préfet, il succède à Yves Seguy, marquant le début d’une nouvelle ère pour le département. Sur son bureau déjà quelques dossiers importants à traiter.

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Photo de Dominique Dufour
Dominique Dufour le nouveau préfet de Saône-et-Loire. (Crédit : JDP.)

Âgé de 57 ans, le nouveau préfet de Saône-et-Loire, Dominique Dufour aborde sa nouvelle fonction avec sérénité et une volonté affirmée de travailler en étroite collaboration avec les forces vives du territoire. Celui qui se définit comme un « pur produit de la fonction publique » affiche une solide expérience.

Après des études de commerce, il a débuté sa carrière dans la fonction territoriale au conseil général de la Réunion. Il a ensuite intégré l’École nationale d’administration dont il est sorti sous-préfet en 2002. Son parcours l’a mené à occuper plusieurs postes clés, tels que directeur de cabinet, secrétaire général et chef d’arrondissement dans divers départements, notamment les Hauts-de-Seine et le Lot-et-Garonne. Avant d’arriver en Saône-et-Loire, Dominique Dufour était préfet des Hautes-Alpes, son premier poste préfectoral, où il a été confronté à des problématiques similaires à celles qu’il anticipe ici, notamment sur les volets de l’agriculture, de la prédation du loup et de la sécurité, avec notamment la lutte contre le narcotrafic.

Il a également travaillé au sein du ministère de l’Intérieur, en tant que sous-préfet et sous-directeur de l’Action sociale, sous Manuel Valls. Son expérience ministérielle inclut aussi un passage au ministère de la Ville, où il a été directeur de cabinet de la secrétaire d’État, Fadela Amara, et a collaboré avec Christine Boutin, alors ministre du Logement et de la Ville. Originaire de la Réunion qu’il a quittée à 17 ans pour ses études, il est marié et père de trois enfants.

Loup et restructuration industrie

Le nouveau préfet a déjà défini ses axes de travail et sa méthode. Il privilégie la simplicité et le pragmatisme, en cherchant à « sortir du dogme ». Sa mission est de garantir le respect de la loi, mais avec « une approche de pédagogue et de recherche de solutions », se disant notamment « prêt à utiliser le droit de dérogation des préfets pour adapter les situations locales au droit national ».

Parmi les sujets « sur le haut de la pile » qu’il compte prendre à bras le corps figurent bien évidemment le mouvement social « Bloquons tout », prévu le 10 septembre. « On est vigilants, bien sûr. On travaille avec les services sur la façon dont on peut faire en sorte que le pays continue à vivre malgré tout. On verra bien ce que ça donne. Pour l’instant, il est un peu trop tôt pour se faire une idée de l’ampleur du mouvement. On va attendre que la rentrée se fasse. Mais effectivement, on est en observation », confie-t-il avant d’évoquer un autre sujet brulant : celui de la prédation du loup, une problématique majeure en Saône-et-Loire.

« Ayant connu plus d’une dizaine de meutes dans les Hautes-Alpes, je comprends parfaitement l’impact émotionnel sur les éleveurs. Lorsqu’un loup attaque une exploitation, c’est toute une famille d’éleveurs qui le vit dans sa chair. J’ai également conscience des spécificités du département (élevages diffus, bocage) qui rendent la protection des troupeaux compliquée. Ma priorité sera de protéger les élevages, tout en rappelant que le loup est une espèce protégée. Je souhaite explorer les évolutions de la loi sur la protection des bovins notamment et je serai prêt à financer les dispositifs qui seront mis en place. De même, là où la protection n’est pas possible, je maintiendrai à un niveau haut les prélèvements de loups », détaille-t-il tout en affirmant qu’il rencontrera très rapidement les agriculteurs et éleveurs.

Le terrain en ligne de mire

Sur l’économie et l’emploi : « La restructuration industrielle et les investissements, notamment ceux de Schneider Electric à Mâcon (100 M€ pour une nouvelle usine qui devrait être opérationnelle en 2027 avec 150 nouveaux emplois créés à la clé. Ndlr) et sur l’axe Chalon/Creusot, sont des enjeux clés », affirme-t-il, tout en s’interrogeant sur le paradoxe des 22.000 demandeurs d’emploi présents sur le département face aux nombreuses créations de postes, l’objectif étant de mettre en coordination offre et demandeurs d’emploi pour « faire en sorte que chaque poste créé trouve un preneur dans le département ».

Dominique Dufour affiche un agenda « complètement rempli » pour les trois prochaines semaines, prévoyant de rencontrer « à peu près tout le monde ». Il a d’ailleurs commencé l’après-midi même avec la visite de Schneider Electric (voir l’encart) et deux quartiers politiques de la ville (Saint-Clément-Les Blanchettes et Les Saugeraies). Dans la semaine, le nouveau préfet a également eu à gérer ces deux premières visites ministérielles. La ministre de la Ville Juliette Méadel s’est rendue au Creusot le mercredi 27 août, suivie le lendemain du ministre de l’Intérieur.

Dominique Dufour insiste ainsi sur l’importance d’être « sur le terrain en prise avec la réalité ». Un « tour du département » est prévu dès le premier mois pour « bien connaître les choses », incluant notamment des visites des exploitations agricoles et viticoles, ainsi que les traditionnelles séquences des vendanges et de la rentrée scolaire. Il a également déjà échangé avec le maire de Chalon-sur-Saône, qui lui a adressé un message de bienvenue « très sympathique, très républicain », et a l’intention de le rencontrer pour visiter sa ville, soulignant que l’objectif commun doit être d’améliorer la vie des gens.