Collectivités

Sitaphy se remet sur pied après un épisode compliqué

Yonne. Atelier d’insertion basé à Auxerre depuis 2002, Sitaphy fabrique des jouets et objets en bois tout en accompagnant des personnes fragilisées vers un retour durable à l’emploi. Une mission essentielle, menacée cette année par de lourdes difficultés économiques.

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Tout le monde ne peut pas être employé dans cet atelier particulier. Pour les chômeurs de longue durée, les personnes en situation de handicap ou celles sortants de prison, Sitaphy est une véritable rampe de lancement pour un retour à la vie active.

Dans l’atelier, les machines ronronnent, les copeaux volent. On fabrique des boucliers, des arcs, des décorations… et des sapins en bois devenus incontournables. Les salariés, eux, apprennent sur le tas comment manier la ponceuse, comprendre les gabarits, préparer les expéditions. Ils découvrent sept à huit métiers différents : « Certains arrivent après des années hors de l’emploi, d’autres après une rupture violente ou un burn-out », raconte Mathilda De Almeida, directrice de Sitaphy.

Le contrat dure de 7 à 24 mois, mais l’accompagnement est constant : permis de conduire, aide pour un nouveau logement, dossier de surendettement, orientation vers une formation, recherche d’un stage. Mais c’est souvent des bons moments : « C’est assez fréquent que des anciens employés viennent boire un café pour nous annoncer qu’ils ont obtenu un CDI, qu’ils se marient ou même qu’ils attendent un enfant. C’est vraiment réconfortant d’avoir ce genre de visite », confie Florence Aubert, coordinatrice depuis quatre ans.

Les chiffres parlent pour eux : 72 % des personnes accompagnées retrouvent un emploi durable ou une formation qualifiante : « On dépasse toujours les objectifs de l’État », sourit fièrement la directrice.

Une année sous tension, où tout a failli basculer

Sitaphy repose sur un équilibre délicat, 70 % du budget provient des subventions publiques, le reste des ventes. Avec une saison touristique qui a souffert d’une météo compliquée, des budgets des collectivités en recul, des commandes en baisse chez les musées, châteaux et offices de tourisme, clients historiques de Sitaphy, l’activité a chuté. Alors un matin, une phrase tombe : « La cessation de paiement est programmée au 31 décembre », menaçant la vingtaine de salariés en insertion.

C’est finalement une chaîne de solidarité qui a sauvé l’atelier. Des financeurs mobilisés dans l’urgence et des clients ayant anticipé leurs achats pour soutenir l’association ont réussi à remettre Sitaphy sur pied : « On a senti que les gens ne voulaient pas nous laisser tomber », confie la directrice. Depuis cette grande frayeur, Sitaphy avance avec prudence, mais aussi avec une énergie renouvelée.

L’atelier a renforcé ses liens avec les financeurs, qui suivent de plus près sa situation. Les commandes sont reparties, timidement d’abord, puis plus franchement à l’approche des fêtes : « Les sapins en bois ont connu un véritable engouement », s’enthousiasme Mathilda De Almeida. La direction a également accéléré sa diversification. Davantage de créations pour les particuliers, une présence accrue sur les plateformes professionnelles responsables et un travail plus poussé sur le catalogue destiné aux boutiques touristiques.