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SNCF Réseau investit massivement en BFC

Transports. Le réseau régional vieillissant nécessitait une rénovation d’envergure, ce qui occasionne de lourds travaux, plusieurs millions d’euros engagés... et d’inévitables incompréhensions des élus comme des voyageurs.

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Photo de Benjamin Huteau, Maxime Chatard, Michel Neugnot et Ronan Bois
De gauche à droite : Benjamin Huteau, directeur TGV Sud-Est à SNCF Voyageurs, Maxime Chatard, directeur territorial SNCF Réseau BFC, Michel Neugnot, premier vice-président de la région BFC et Ronan Bois, directeur TER BFC. (Crédit : JDP)

« Chez SNCF Réseau, on est conscients que ces travaux sont une gêne pour les utilisateurs, mais ils sont une bonne nouvelle pour le ferroviaire ». C’est ainsi que Maxime Chatard, directeur territorial de SNCF Réseau BFC depuis mai dernier, ouvrait une conférence de presse censée éclaircir les inquiétudes des usagers du réseau ferroviaire de BFC quant aux multiples travaux de modernisation engagés par la SNCF en cette fin d’année 2023.

Un renouvellement nécessaire si l’on compare l’état de notre réseau ferroviaire français qui a entre 30 et 50 d’âge en moyenne selon les sections, contre 15 ans en Suisse et 17 ans en Allemagne. « Il est important d’investir pour contribuer à la limitation des émissions de gaz à effet de serre, le train n’en représentant que 0,3%, rappelle Maxime Chatard. Il est la solution de mobilité durable ».

Dans cette logique, SNCF Réseau a consenti, en 2023, 421 millions d’euros d’investissements en BFC, dont 163 millions d’euros cofinancés par l’État et la région, soit une augmentation de 40% par rapport à 2022. « Plus de 70% de nos commandes liées aux travaux ont été passées auprès de 694 PME et entreprises locales en BFC en 2022 », explique le groupe qui apparaît sans conteste comme un acteur économique majeur de la région Bourgogne Franche-Comté.

Chantiers majeurs

Dans les faits, cela se traduit par des travaux d’une ampleur rarement atteinte, avec par exemple la modernisation de la ligne Nevers-Dijon, dont les composants ont en moyenne 50 ans d’âge, pour un total de 137 millions d’euros investis. Il s’agit de « la plus grosse opération réalisée en Bourgogne-Franche-Comté depuis la construction des deux lignes à Grande Vitesse ».

Le renouvellement de la voie, d’ouvrages hydrauliques, de passages à niveau et la mise en accessibilité des gares de Montchanin et de Decize doivent renforcer la sécurité des circulations et améliorer la régularité des trains. Michel Neugnot, premier vice-président de la région notamment en charge des transports, réagit : « Si l’on ne fait pas ces travaux, il n’y a plus de train. L’enjeu est de rester compétitif face à l’automobile ».

Photo des travaux de modernisation à Imphy
Travaux de modernisation à Imphy, lors de la visite du chantier organisée le 22 août 2023, en présence notamment de représentants de l’État et des collectivités locales. (Crédit : SNCF Réseau.)

Ainsi, sans une modernisation du parc ferroviaire régional, le train risque de devenir moins efficient que des transports plus polluants. La LGV (Ligne à Grande Vitesse) Paris-Lyon a également fait l’objet de modernisations importantes en BFC, avec 83,3 millions d’euros investis pour des travaux « Haute Performance » et 48,9 millions d’euros investis pour le renouvellement de la voie entre Vergigny et Sambourg (dans l’Yonne).

Quelles conséquences pour les usagers ?

Chaque jour en BFC « 587 trains circulent pour 69.000 voyageurs », précise Michel Neugnot. À cela s’ajoute le réseau routier de la SNCF, particulièrement utile lors des périodes de travaux : « Un train ne circulant pas est automatiquement substitué par une circulation routière », confirme Ronan Bois, directeur TER BFC à SNCF Voyageurs.

Pour pallier l’interruption de la circulation entre Nevers et Chagny jusqu’au 16 février 2024, 90 cars sont ainsi mobilisés chaque jour depuis le 10 juillet entre Nevers et Dijon. Une solution de secours qui peine à satisfaire les usagers, surtout sur une période aussi longue, la qualité du service et les prix étant remis en cause (lire aussi ci-contre).

Concernant les travaux sur PLM Nord débutant à partir du 18 septembre, la circulation ferroviaire subira également des interruptions jusqu’au 22 octobre. « L’objectif est de maintenir une circulation moitié fret et moitié voyageurs », précise Maxime Chatard, et de minimiser l’impact des travaux sur les usagers en garantissant un fonctionnement normal aux heures de pointe le matin et le soir en semaine, ainsi que les samedis matin et dimanches après-midi.

Photo de la carte des travaux
(Crédit : DR)

Dans les faits, cela signifie que les circulations entre Dijon et Laroche-Migennes seront interrompues du lundi au jeudi de 10 heures à 17 heures, du 18 septembre au 5 octobre ; et chaque week-end du samedi 12 heures au dimanche 12 heures du 23 septembre au 22 octobre. Les trains encadrants – le premier et le dernier à circuler dans la journée – bénéficieront d’un renforcement de capacité.

« Concrètement, deux tiers des voyageurs ne seront pas concernés, rassure Ronan Bois, pour les autres, dix cars quotidiens seront mobilisés en remplacement ». L’objectif de SNCF Réseau est de réaliser 350 millions d’euros de travaux annuels en moyenne durant les dix prochaines années à venir : 2024 n’y échappera donc pas.

Quelle suite ?

« L’année prochaine s’inspirera de ce qui se sera passé en 2023 », confirme Ronan Bois avant que Benjamin Huteau, directeur TGV sud-est à SNCF Voyageurs ne complète : « En 2024, il s’agira de la même typologie de travaux, avec une durée plus longue mais des impacts équivalents ». Quant à la hausse globale des prix, la SNCF se défend en expliquant suivre l’inflation. « Il n’y a aucun impact des travaux sur le prix, rappelle Benjamin Huteau. Cette année, il y a eu 5 % d’augmentation, ce qui est d’ailleurs inférieur à l’inflation ». Ce que résume Michel Neugnot par la formule : « Le train TER n’est pas cher ».

L’enjeu réside maintenant, pour les équipes de SNCF Réseau, dans l’amélioration de sa communication quant à ses travaux et indisponibilités, notamment par le biais de campagnes de mails mises en place auprès des voyageurs abonnés à la newsletter – soit tout de même 40 % du trafic. De plus, « il y a eu des rencontres ouvertes au public avec les élus locaux pour expliquer la nature des travaux et faciliter l’organisation, rappelle le premier vice-président de la région BFC. Tout cela est anticipé depuis l’année dernière auprès des élus et depuis cette année auprès des utilisateurs ». Malgré cela, nombreux sont les usagers dans la colère et l’incompréhension ; le message a du mal à passer.

La région Bourgogne-Franche-Comté, partenaire majeur de SNCF Réseau

Aux côtés de l’État, la région Bourgogne Franche-Comté a investi 30,4 millions d’euros dans la modernisation du réseau ferroviaire en 2023. À cela s’ajoutent 5,25 millions d’euros par an, en moyenne, dans la rénovation des 200 gares et haltes de BFC dans le cadre d’investissements financés à 100% par la région estimés à 42 millions d’euros sur huit ans.

Dans sa stratégie de mise en accessibilité des gares régionales – notamment en vue des JO de Paris 2024 pour lesquels une vaste population de personnes à mobilité réduite est attendue -, plus de 39 millions d’euros ont été investis de 2015 à 2022. Une poursuite de ces investissements sera programmée sur le CPER 2023-2027.

La collectivité travaille également sur la maintenance et la modernisation de son matériel ferroviaire roulant : 16 automoteurs neufs de type Régiolis ont été mis en service depuis 2019 pour un investissement total de 188 millions d’euros. Huit rames complémentaires seront livrées au cours de l’année pour un investissement complémentaire de 100 millions d’euros.

Plus généralement, les mobilités et les infrastructures représentent plus de 40% du budget régional. Axes majeurs des interventions de la région ils représentent en 2023 plus de 634,7 millions d’euros (503,9 millions d’euros pour la politique mobilité et 130,8 millions d’euros pour la politique infrastructures).