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SNCF Réseau recycle

Recyclage. À Beaune, SNCF Réseau a choisi d’implanter sa première recyclerie pour produits de dépose ferroviaire. Ouverte en 2020, elle a pour objectif de valoriser ces « déchets » et favoriser leur réemploi.

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Photo de Fanny Liger
À gauche, Fanny Liger, responsable adjointe de la recyclerie de Beaune. (Crédit : JDP)

Récupérer, reconditionner, recommercialiser puis réemployer ; l’économie circulaire prend une place grandissante dans nos habitudes consommation, et le ferroviaire ne fait pas exception.

La recyclerie de Beaune est la première grande expérimentation de SNCF Réseau au niveau national pour limiter le gaspillage sur ces chantiers, en lien avec « une prise de conscience générale sur l’environnement », souligne Fanny Liger, responsable adjointe de la recyclerie.

Il s‘agit là d’une préoccupation majeure pour l’entité, qui voyait jusqu’alors une quantité pharaonique de matériaux ferroviaires – tirefonds, traverses en béton, éclisses, barrières de passage à niveau… - non utilisés, considérés comme des déchets, jetés.

Aujourd’hui, ces « déchets » sont récupérés par la recyclerie de Beaune qui doit dans un premier temps les trier – une grande partie d’entre eux étant neufs car non utilisés, et donc renvoyés à l’établissement industriel équipement (EIV) de Saint-Dizier, où ils seront stockés puis redistribués au prix initial – vérifier leur conformité, puis permettre leur réutilisation sur les voies de maintenance et de service qui n’ont « pas les mêmes contraintes que les voies principales. L’objectif est bien sûr de favoriser le réemploi et limiter le gâchis, mais la condition numéro une est la sécurité, insiste Fanny Liger. Il y a une forte vérification des normes d’utilisation, et un contrôleur évalue chaque pièce ».

Une démarche écologique et économique

Toujours au stade d’expérimentation, la recyclerie de Beaune aurait permis l’économie de près d’1,8 million d’euros par rapport à l’achat des mêmes produits neufs, bien au-dessus des estimations initiales. « L’activité se développe très vite ; nous sommes passés d’une équipe de sept personnes au début à 16 personnes aujourd’hui, dont cinq recrutés depuis mon arrivée il y a un an, témoigne Fanny Liger. L’équipe est amenée à grandir encore : il y a beaucoup de demande ».

Si la rentabilité n’est pas l’objectif affiché de la recyclerie, ses résultats sont encourageants : 710.000 euros de recette sur l’année 2022, dont la moitié issue de la gestion de reliquats de chantier neufs, l’autre moitié du réemploi de produits d’occasion, revendus après reconditionnement et vérification sur la marketplace « laboutiqueeco.sncf.fr » destinée aux professionnels du secteur, internes ou non à la SNCF.

« On n’est pas encore à l’équilibre mais on y est presque, précise Claire Hofstotter, chargée d’affaires en économie circulaire et du développement de la recyclerie de Beaune à SNCF Réseau. Le but est de créer un nouveau business model avec nos produits d’occasion, et les proposer au meilleur prix pour que tout le monde y trouve son compte ; nous voulons que l’écologie ne soit pas vue comme une contrainte mais comme une opportunité. Avec la recyclerie, on montre qu’il y a beaucoup de déchets que l’on peut réduire énormément, c’est une démarche gagnant-gagnant ».

Vers une généralisation ?

« Nous avons l’objectif de valoriser et réemployer 100% des matériaux sur les chantiers d’ici 2025, ambitionne Aurélie Clauzel, responsable communication à SNCF Réseau, mais cela nécessitera le déploiement d’autres recycleries ».

Pour le moment, environ 2.000 « symboles » (matériaux de voies) sont en vente sur la BoutiqueEco, tous expédiés de Beaune dès le lendemain de la commande, pour un traitement « plus rapide qu’à l’achat du neuf, garantit Fanny Liger. Nous sommes dans une bonne dynamique, avec une grosse satisfaction client. La recyclerie permet une flexibilité et une réactivité, notamment en cas d’urgence. »

Victime de son succès, la recyclerie de Beaune attend du renfort : « On est passés en un an de trois à 15 chantiers d’évacuation, alors on commence un peu à manquer de place, constate Claire Hofstotter. On réfléchit à ouvrir deux autres stations dans le nord et dans l’ouest, mais nous ne sommes qu’au tout début des discussions ».