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Sochaux a eu chaud

Sport. Ultime rebondissement dans la saga estivale du FC Sochaux-Montébliard. Annoncé à l’agonie depuis l’échec du projet de rachat mené par Romain Peugeot le 3 août dernier, le club doubien est finalement parvenu à se sauver au terme d’un feuilleton haletant dont les supporters se seraient bien passés.

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Photo des supporters du FCSM au Stade Bonal de Sochaux
Les supporters du FCSM au Stade Bonal de Sochaux la saison dernière. (Crédit : Samuel Coulon, association Sociochaux)

C’est avec un grand « ouf » de soulagement que le FCSM, ses supporters et toute une région disent adieu au groupe chinois Nenking, propriétaire du club depuis 2019, responsable désigné de la mort désormais évitée de ce monument du football français. Ils accueillent dans le même temps, avec joie et espoir, le projet « FCSM 2028 » porté par Jean-Claude Plessis, président du FCSM entre 1999 et 2008, et son « bras droit », Pierre Wantiez.

Au bout du suspense, et grâce au soutien financier conséquent de « 40 investisseurs privés franc-comtois et alsaciens », d’anciens joueurs, de supporters réunis au sein de l’association « Sociochaux » et de collectivités locales - le Pays de Montbéliard Agglomération, le Grand Belfort et le Département du Doubs ont participé au projet de reprise à hauteur d’un million d’euros chacun -, les deux hommes apparaissent comme les sauveurs inespérés du club ; lui permettant de disputer la saison 2023-2024 en National 1 – la troisième division – et ainsi maintenir son statut professionnel et éviter le dépôt de bilan.

Cela implique également la continuité du centre de formation, joyau du FCSM, permettant la sauvegarde de plus de 150 emplois et des perspectives éducatives et sportives plus sereines pour les jeunes concernés.

Une mobilisation sans précédent

Il y a quelques semaines, Mathieu Triclot, président de l’association de supporters Sociochaux confiait que « constituer un budget de National 1 est mission impossible », le club gardant les mêmes coûts de fonctionnement qu’en deuxième division, mais avec notamment une perte de sept millions d’euros de droits de diffusion.

C’est alors peu dire que le défi était de taille pour Jean-Claude Plessis et son acolyte, d’autant plus que le timing était serré : moins de deux semaines pour constituer un dossier solide à présenter à la DNCG – le gendarme financier du football français - « avec le 15 août au milieu et alors que les banques étaient fermées et que certains acteurs participants étaient en vacances, parfois à l’étranger », rappelle Pierre Wantiez.

Cela n’aurait donc pas été possible sans des mobilisations exceptionnelles, notamment de la part de Sociochaux qui a récolté, à l’heure où nous écrivons ses lignes, plus de 600.000 euros pour le club. « Nous sommes passés d’une association en sommeil de 300 membres à plus de 8.000 membres aujourd’hui, s’émerveille Mathieu Triclot, avec la réussite du projet, les gens qui hésitaient à participer n’hésitent plus ».

Dans un premier temps, les « socios » vont alors entrer au capital de SASP, avant la configuration espérée d’une SCIC, réunissant toutes les parties prenantes du club qui s’organisent sous forme de collèges – par exemple le collège des fondateurs, des supporters, des salariés, des anciens joueurs, des collectivités… Quoi qu’il en soit, les Sociochaux auront désormais leur place au Conseil d’administration du FCSM, « une garantie de transparence ».

« Sans l’argent des supporters, la réussite du projet aurait été très compliquée », se félicite le président de l’association qui a apporté environ 10% du budget total – qui s’élèverait à cinq millions d’euros.

Et maintenant ?

« L’essentiel était que le club survive », rappelle Pierre Wantiez en conférence de presse. Jean-Claude Plessis poursuit : « C’était le combat de ma vie, je suis heureux, mais le problème démarre demain. Ce n’est pas gagné, il reste encore beaucoup de chose à faire, on n’a pas d’équipe et il va falloir la constituer ».

C’est en effet sur le terrain que le FC Sochaux sera désormais attendu, dans une troisième division qui a repris depuis le 11 août. « C’est un championnat très compliqué et on arrive sans équipe, constate Mathieu Triclot. Trois journées ont déjà été disputées, et les matchs reportés se joueront très vite, sans une préparation digne de ce nom ».

Sportivement, la saison s’annonce périlleuse pour les Sochaliens, « on s’attend à une saison difficile où l’objectif est le maintien, rapporte le président de Sociochaux, nous sommes heureux de garder le même coach (Oswald Tanchot, ndlr) et les jeunes du centre de formation ont l’air prêt à relever le défi ». Le projet « FCSM 2028 » prévoit trois ans en National 1, le temps pour le club d’engager une reconstruction saine, pour espérer retrouver les sommets.