Collectivités

Supmicrotech s’agrandit durablement

Doubs. Pour répondre à ses ambitions de croissance, l’école d’ingénieurs bisontine Supmicrotech développe un projet d’extension de ses locaux, chiffré à près de 2M€, qu’elle souhaite inscrire dans la démarche Bâtiment durable Bourgogne Franche-Comté.

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L’équipe projet de l’extension de l’école d’ingénieur Supmicrotech, avec en son centre Pascal Vairac, directeur de l’établissement, lors de la commission d’évaluation de la démarche Bâtiment durable Bourgogne Franche-Comté (BPBFC). (Crédit : JDP.)

En France, le monde professionnel manquerait de 20.000 ingénieurs diplômés par an. Face à cette tension sur le recrutement, les écoles d’ingénieurs se retrouvent en première ligne. À Besançon, Supmicrotech, École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques, entend prendre pleinement sa part dans cet enjeu national, d’autant que ses effectifs sont en hausse. « Nous formons actuellement un vivier annuel de 250 ingénieurs sortants (environ 800 élèves à l’année) et nous ambitionnons d’atteindre les 1.000 élèves d’ici à 2030-2040 », avance Pascal Vairac, directeur de l’École. Cette montée en capacité s’inscrit dans une démarche prospective baptisée : “À quoi doit ressembler l’ingénieur Supmicrotech en 2040 par rapport aux besoins de demain ?” Une réflexion à laquelle ont été associés tous les enseignants-chercheurs de l’école, certains élèves et les parties prenantes. « Nous avons défini trois axes stratégiques à l’horizon 2040 : l’énergie verte, la santé du futur et l’industrie du futur en intégrant davantage l’intelligence artificielle et la robotique coopérative. » Cet avenir qui se dessine, c’est aussi l’adaptation de l’établissement aux futures générations. De nouveaux profils qui poussent l’école à se réinventer et à transformer ses méthodes pédagogiques : classes inversées où les élèves sont acteurs de leur formation, salles informatiques, moins de cours magistraux… Une nouvelle approche qui s’accompagne d’un vaste projet d’extension des locaux. « Les futurs espaces, entièrement repensés, favoriseront le travail collaboratif et l’intégration des outils numériques, répondant ainsi aux nouvelles exigences du monde industriel ». Parmi les projets : la création d’un microtech lab avec espace de fabrication et d’assemblage ou l’aménagement de zones de créativité...

Pour mener à bien tous ses ambitieux projets, l’école bénéficie notamment du soutien de Grand Besançon Métropole (GBM), de la région et de l’État dans le cadre du contrat de plan État-région et du plan de relance, avec 900.000 € accordés pour la réhabilitation des actuels locaux et près de 3,8 M€ d’euros (1,2M€, GBM et 2,6 M€, région BFC) fléchés dans la construction d’un tout nouveau bâtiment pour répondre aux ambitions de croissance de Supmicrotech-Ensmm. Par ailleurs, l’école dispose de 20 M€ de budget annuel et de 7 à 8 M€ par an de ressources propres. Des ressources financières que l’institution entend développer par un accroissement des partenariats industriels et par une augmentation des formations par l’apprentissage en lien avec les besoins des industriels. « Nous avons créé en 2010 une nouvelle filière par apprentissage baptisée “Microtechniques et Design” comprenant un parcours “Luxe et précision” ainsi qu’un parcours “Microtechniques et santé”. Par ailleurs, les élèves-ingénieurs, en formation initiale ou en apprentissage, passent entre 10 et 20 mois en immersion en entreprise, soit un tiers de leur cursus », précise le directeur.

Pour la réalisation du nouveau bâtiment de 576 m2 de surface utile, pour un budget prévisionnel de 1,99 M € HT, Supmicrotech a choisi de s’inscrire dans une démarche de labellisation Bâtiment durable Bourgogne Franche-Comté (BDBFC) portée par l’association Terragilis. « BDBFC, c’est à la fois un dispositif d’accompagnement des maîtres d’ouvrage, un outil d’évaluation des bâtiments, une reconnaissance de la qualité de l’opération, via la délivrance de trois niveaux de médailles (bronze, argent et or) et un espace d’échanges et d’apprentissage pour les professionnels du bâtiment, explique Antonin Madeline, directeur de Terragilis. Il s’agit d’une démarche volontaire et payante qui vise à faire progresser l’opération immobilière vers la meilleure version possible. Pour ce faire, le projet suit un parcours holistique qui permet de ne pas réduire la construction aux seules questions environnementales, techniques ou énergétiques. Il se compose du remplissage d’une grille référentielle souple, évolutive et ouvert à l’innovation de 350 critères, d’une vérification de la conformité du projet à l’aune de cette grille par un référent Terragilis et enfin de trois commissions d’évaluation, en vue de la remise de médaille, en phase de conception, à la réception et deux ans après la livraison du bâtiment ».

Un bâtiment durable et évolutif

Le 17 avril, à Besançon, l’équipe projet de Supmicrotech passait ainsi devant sa première commission. Constituée de membres professionnels représentatifs du secteur de la construction et organisée en cinq domaines professionnels : architectes, bureaux d’études, maîtres d’oeuvre, entreprises du bâtiment et experts-conseils, cette commission questionne les porteurs de projet en toute transparence et en public sur les différents aspects de sa construction et attribue des points qui s’ajoutent à ceux obtenus lors de l’élaboration de la grille référentielle. Le score obtenu détermine le niveau de médaille. Le projet architectural a fait l’objet d’un concours, remporté par le cabinet B_Cube architectes. Il s’inscrit dans une forme de continuité vis-à-vis de l’existant, qui présente la particularité d’être un bâtiment très long avec plusieurs ailes et un sas d’entrée monumental de 150 mètres. Le bâtiment construit sur pilotis en raison d’une forte pente accueillera six salles informatiques, accessibles de plain-pied depuis les locaux du site. Le projet allie l’emploi

Image de synthèse de la future extension de Supmicrotech à Besançon. (Crédit : Supmicrotech.)

de matériaux locaux et biosourcés avec la recherche de performances de l’enveloppe proche du niveau passif (construction frugale : pas de faux plafonds, murs bois-paille, toit végétalisé, démarche de réemploi du mobilier existant...). Son évolutivité est intégrée dès la conception, pour permettre de futures extensions, tant en rez-de-jardin (le dallage sera prêt, il suffira de cloisonner pour avoir des salles supplémentaires) qu’en surélévation (ossature bois facile à démonter pour créer un second niveau). « À terme, nous pourrons ainsi tripler les volumes sans utilisation de nouvelles surfaces au sol », argue l’équipe de Supmicrotech qui a dû jouer à la chaise musicale pour trouver 1.500 m2 à allouer à son besoin d’évolution des pratiques pédagogiques et d’augmentation de sa capacité d’accueil. C’est ainsi qu’il a été décidé que l’extension serait dédiée à la création d’un futur pôle informatique, tandis qu’un réaménagement de l’existant permettrait notamment de faire apparaître de nouveaux espaces comme cette tour de la créativité composée de box en bois assemblés au coeur de l’atrium.

Lors de cette journée, les membres de la commission ont attribué dix points de cohérence durable. Ils ont salué l’engagement de la maîtrise d’ouvrage pour minimiser l’impact sur le site et les espaces végétalisés ainsi que l’emploi de matériaux biosourcés. Ajoutés aux 56 points issus de la grille, Supmicrotech a ainsi obtenu une médaille d’argent avec 67 points.

Les travaux débuteront au troisième trimestre de cette année et devraient s’achever au troisième trimestre 2026.