Tonnerre mise sur un concours national pour sauver son joyau en péril
Yonne. La célèbre Fosse Dionne, source karstique emblématique, voit son niveau d’eau baisser dangereusement. Face à l’urgence, la municipalité engage un vaste projet de restauration et participe à un concours national pour financer les travaux.


Longtemps ignorée, la Fosse Dionne, classée monument historique depuis 1920, a vu ses fondations se fragiliser ces derniers mois. « L’eau n’a pas seulement poli les pierres, elle a rongé les murs », confie Luc Guyard, chef de projet à la ville de Tonnerre, désignant les fissures sur les parois du bassin et les affaissements du belvédère.
Le constat est sans appel. La galerie couverte, datant de 1758, est en péril, la charpente du lavoir menace de s’effondrer, et les maçonneries des soutènements s’effritent sous l’effet des intempéries et des infiltrations.
Un chantier colossal
Les derniers mois ont été cruels puisque près d’un mètre d’eau s’est évaporé, révélant les fissures sur les parois du monument historique. « On a observé une chute spectaculaire du niveau d’eau, c’est inédit depuis des décennies, alerte Magali Villetard-Marty, chargée du patrimoine historique. Si on ne fait rien, la Fosse Dionne s’effondrera, et avec elle, une part de l’identité de Tonnerre. »
Face à l’urgence, la municipalité de Tonnerre et la Fondation du patrimoine ont levé le voile sur un plan de restauration ambitieux chiffré à 660.000 €, dont une partie sera financée par des mécènes et des fonds publics. « Ce n’est pas seulement une rénovation, c’est une réappropriation économique et patrimoniale du site », explique Luc Guyard.
La mairie de Tonnerre a donc inscrit la Fosse Dionne au concours « Grand prix du patrimoine et tourisme local » 2025, un dispositif national qui pourrait rapporter jusqu’à 100.000 € de subventions. « Ce concours devrait réduire de moitié le coût pour la collectivité et accélérer les travaux », explique Xavier Guinot, directeur de cabinet du maire.
En parallèle, une cagnotte citoyenne a été lancée sur une plateforme dédiée, visant à collecter au moins 50.000 €. « La mobilisation des habitants est forte, mais il nous faut encore plus de contributions pour sauver le site », insiste le chef de projet.
Les travaux, prévus pour démarrer en février 2026, incluront la reprise intégrale des maçonneries du bassin, la consolidation des murs de soutènement, la restauration complète de la charpente et de la couverture du lavoir, et le réaménagement du belvédère surplombant la source.
Vers un renouveau touristique de Tonnerre ?
Chaque année, la Fosse Dionne attire entre 30.000 et 50.000 visiteurs, bien qu’aucune donnée précise ne soit enregistrée du fait de l’accès libre. « On constate pourtant une affluence constante, même hors saison », note Magali Villetard-Marty.
Après la rénovation, la municipalité espère voir grimper la fréquentation de 30 %, notamment grâce à une meilleure accessibilité et une mise en valeur renforcée du site.
Au-delà de l’économie, c’est aussi la biodiversité fragile du site qui est en jeu. La Fosse Dionne abrite une faune discrète mais unique, composée de petits poissons et d’escargots aquatiques, menacés par la baisse du niveau d’eau et la prolifération d’algues. « La restauration va permettre de rétablir l’équilibre hydrologique du site », assure Luc Guyard, soulignant que les travaux seront menés dans le respect des contraintes environnementales.