Collectivités

Un nouveau président à la région

Région BFC. Vendredi 5 septembre, l’hôtel de région à Dijon a vu l’accession de Jérôme Durain au siège de président de la région BFC. Une élection sans surprise, puisqu’il était le candidat choisi par le groupe majoritaire après l’annonce de la démission de Marie-Guite Dufay. Le président du groupe Notre région par coeur, également sénateur, était pourtant bien pressenti pour devenir président du groupe PS au Palais du Luxembourg. Il aura préféré la région avec la mission d’enrayer la progression du Rassemblement national en BFC.

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Photo de Jérôme Durain
Jérôme Durain est félicité par son groupe et ses alliés à la proclamation des résultats du vote. (Crédit : JDP.)

C’est un scrutin à la façon d’un épisode de Colombo : sans le moindre suspense. Désigné par le groupe majoritaire pour succéder à Marie-Guite Dufay, démissionnaire, à la présidence de la région BFC, le Châlonnais Jérôme Durain l’a emporté au premier tour de scrutin par 54 voix contre 17 pour Jean-Marie Sermier (groupe Union des républicains et du centre et écologistes indépendants), une candidature saluée par le vainqueur puisqu’elle a permis « de faire vivre le débat démocratique ». Le groupe RN BFC n’était visiblement pas de cet avis puisqu’il n’a pas pris part au vote.

Continuité et changements

Dans son discours d’investiture, Jérôme Durain a évidemment remercié Marie-Guite Dufay, qui a eu du mal à cacher son émotion tout au long de cette session. « Élevé par une mère veuve, fonctionnaire de la République, qui m’a inculqué le sens de l’intérêt général et la noblesse du service public, j’ai reconnu dans ton engagement politique la même sincérité, le même dévouement, la même probité, le même désintéressement », a salué Jérôme Durain. Dans un contexte de défiance démocratique, alors que Pierre Mendès France est très présent dans l’actualité, tu as traduit en actes sa formule : « Toute action n’est pas vaine, toute politique n’est pas sale ». « Merci pour la confiance que tu nous accordes en choisissant de quitter tes fonctions. Rien ne t’y obligeait, c’est un acte de courage, parfaitement aligné avec ce qui a toujours été au centre de ton engagement : la transmission pour préparer l’avenir dans des temps incertains. Cette décision nous oblige ».

Sa feuille de route, Jérôme Durain la voit à la fois comme une continuité - « Oui nous poursuivrons la bataille pour l’emploi, pour nos entreprises, nos filières économiques et agricoles et pour l’attractivité de notre région ; oui nous conduirons les transitions écologiques et énergétiques, et le développement des mobilités collectives et décarbonées ; oui nous porterons haut, sans relâche, l’exigence de fraternité, au plan humain mais aussi dans une exigence d’équilibre territorial », mais souhaite aussi l’inscrire dans le changement, pour faire face au contexte à la fois national et mondial. « Cette nouvelle présidence s’inscrit également dans un contexte qui appelle des changements. Notre région, notre pays, notre planète subissent une accélération dans tous les domaines. Il y a d’abord cette accélération anxiogène des désordres géopolitiques. La multiplication des conflits armés, la raison du plus fort qui s’érige en règle au détriment des instances de régulation internationale sont autant de raisons de s’inquiéter de la marche du monde. Les décisions récentes des États-Unis en matière de droits de douane, ou les négociations sur le Mercosur, ont un impact direct sur l’activité économique dans notre pays, dans notre région, notamment pour les secteurs économiques qui exportent. Nos industriels, notamment automobiles. Nos producteurs, notamment les viticulteurs, sont en première ligne. »

Simplification, proximité et sécurité

La première prise de parole du président de la région BFC est à la fois un rappel de sa feuille de route et déjà un programme face, notamment, « à ceux qui agitent les peurs en essayant d’en tirer les fruits ». (Crédit : JDP.)

Son action, Jérôme Durain souhaite donc l’engager selon trois axes : simplification, proximité et sécurité, souhaitant par exemple que la collectivité « soit davantage encore tournée vers ses usagers et qu’elle s’investisse pour plus de simplicité, d’accompagnement et de souplesse dans le déploiement de ses actions », promettant ainsi le rétablissement des comités de lignes sur la compétence TER, « afin que le fonctionnement de nos trains soit travaillé plus finement en lien étroit avec celles et ceux qui les fréquentent ».

Les porteurs de projets, et notamment les communes, seront visés par ce souci de simplification et de proximité, avec, promet Jérôme Durain, « un travail mené sur la façon dont nous avons construit nos écoconditions. C’est un axe majeur de nos politiques publiques et nous avons eu raison de les mettre en oeuvre ! Je souhaite en conserver toute l’ambition, mais il faudra trouver les voies et moyens pour en faciliter l’appropriation et l’usage, notamment pour les collectivités qui disposent de faibles moyens d’ingénierie. » Sur la sécurité enfin, un point important pour le socialiste - auteur, lorsqu’il était sénateur, d’un travail majeur sur le narcotrafic (voir ci-dessous) - , le nouveau président revendique « une vision de gauche de la sécurité qui ne repose pas sur le tout répressif et la stigmatisation, mais qui repose sur un équilibre entre mesures préventives et coercitives ». Un élément de langage que l’on risque bien de retrouver dans la bouche de Jérôme Durain lorsqu’il devra ferrailler face au groupe RN lors des élections régionales de 2028.