Collectivités

Un SOS Village d’Enfants sur le site du haras de Besançon

Doubs. Lundi 21 octobre, en conférence de presse, le département du Doubs actait le futur de l’ancien haras national de Besançon. En 2026, il accueillera 50 enfants, frères et soeurs sans protection parentale, au sein d’un village de 11 maisons. Coût de la réhabilitation du site : 10 M€.

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  • Photo de Valérie Bonazzi et Christine Bouquin
    Valérie Bonazzi, directrice territoire Est de SOS Villages d’Enfants et Christine Bouquin, présidente du département du Doubs. (Crédit : JDP)
  • Photo de l'ancien haras national de Besançon
    (Crédit : JDP)
  • Photo de l'entrée de l'ancien haras national de Besançon
    (Crédit : JDP)

Les haras nationaux et leurs chevaux comtois avaient quittés officiellement les lieux en 2022, le site, propriété du département du Doubs était en attente d’une nouvelle destination. « Nous nous sommes très tôt posé la question de comment réhabiliter ce site exceptionnel du patrimoine bisontin. Nous avons imaginé beaucoup de chose : un endroit pour le monde du handicap, pour l’apprentissage, pour les associations culturelles... Cela s’est malheureusement traduit par des désistements. Mais je n’ai jamais voulu renoncer, ni me résigner à céder ce lieu unique », raconte Christine Bouquin, présidente du département du Doubs. La solution va venir en 2021, lors d’une visite d’un SOS Village d’Enfants à Marange-Silvange en Moselle. « Quand j’ai découvert ces petites maisons réunissant deux à trois fratries d’enfants orphelins ou placés sur décision de justice au sein d’un village leur offrant un cadre de vie familial et l’assurance d’une relation affective et éducative stable auprès d’un éducateur (mère ou père SOS), je me suis dit que c’était cela qu’il fallait faire pour le haras ».

Photo de l'extérieur du site du haras de Besançon
(Crédit : JDP)

Le projet coche en effet bien des cases. Le sujet de l’enfance est « le cheval de bataille du département et là, on fait revivre un site emblématique par une priorité de notre collectivité : c’est formidable ! », s’enthousiasme la présidente qui s’empresse de rassurer : « Ce n’est pas un caprice d’élu, mais bien une conviction qu’au coeur de cet ancien haras, les enfants trouveront la quiétude dont ils ont besoin. Sur ce site ouvert de 1,8 hectare, riche d’un magnifique parc arboré, propice à faire galoper leur imagination, ils puiseront les ressources nécessaires pour les amener plus loin. Je me souviens d’ailleurs, que le dernier directeur du haras avait une grande fratrie qui vivait dans ses murs. Il sera peut-être possible de travailler avec le monde équin dans le futur village, pour rappeler la belle histoire des lieux. »

L’objectif du projet est d’offrir un cadre de vie familial à une cinquantaine d’enfants, qui bénéficieront de l’accompagnement au quotidien d’une équipe composée d’environ quarante professionnels salariés de l’association SOS Villages d’Enfants : éducateurs, psychologues, pères et mères SOS (présents par période de trois semaines consécutives 24h/24 en alternance avec des repos de sept à dix jours), aides familiales. « Il y a là un vrai enjeu au regard du nombre grandissant d’enfants placés dans le département », appuie Christine Bouquin. Le Doubs compte ainsi 1.900 enfants placés, dont 484 auprès d’assistants familiaux, 113 dans des Maison d’enfants à caractère social (Mecs), auxquels s’ajoutent les foyers de jeunes travailleurs.

Un second village à l’Isle-sur-le-Doubs

Concrètement, le village du haras se composera neuf maisons familiales pouvant accueillir quatre à six frères et soeurs avec une pièce pour la vie commune et des chambres. « Elles prendront place au niveau de l’actuelle maison du directeur, des anciennes forges et des écuries sud. À cela s’ajoutera, en remplacement de la conciergerie, une maison des familles dédiée aux rencontres avec les membres de la famille et toujours dans les écuries un service d’accueil familial immédiat (Safi) et un espace de transition pour accompagner les enfants de plus de 16 ans vers l’autonomie. Le site, situé à proximité immédiate du centre-ville, d’écoles et de lycées a vocation à être ouvert vers l’extérieur. L’aire de jeux sera ainsi ouverte au public », développe Valérie Bonazzi, directrice territoire Est de SOS Villages d’Enfants et chef de projets du développement des nouveaux villages, tout en avouant que « la réhabilitation, c’est une première et un chalenge pour notre association plus habituée à la construction sur terrain nu ». D’ex nihilo il sera également question pour SOS Villages d’Enfants dans le Doubs, car le projet du haras n’est pas le seul que le département met en chantier.

20 M€ : Le coût de construction des deux SOS Villages d’Enfants qui s’implanteront bientôt dans le Doubs.

« Dans le cadre de notre plan d’actions en faveur de la protection de l’enfance 2024- 2027, nous avons également déposé un permis de construire sur un terrain agricole de la commune de l’Isle-sur-le-Doubs. Là encore une cinquantaine d’enfants sont attendus dans le futur village de 11 maisons », dévoile Christine Bouquin. Côté financement, la réhabilitation du haras de Besançon, réalisée par l’association SOS Villages d’Enfants, avec conservation des arbres, des murs extérieurs, des deux chevaux sculptés à l’entrée du domaine et de l’appellation « haras national », coûtera un peu plus de 10 M€.

Le département qui restera propriétaire du site apportera 3 M€ de subventions. Sur le terrain de l’Isle-sur-le Doubs acheté par la commune à un agriculteur et revendu pour 1€ symbolique à l’association, les coûts de construction s’élèveront un peu moins de 10 M€ avec 1 M€ de subventions départementales. Pour les deux sites, la collectivité prendra en charge les frais annuels de fonctionnement, au titre de l’aide sociale à l’enfance pour un montant de 7 M€.

À Besançon, le voisinage du domaine avec la maison d’arrêt n’est pas éludé par l’élue qui assure que « l’espace est suffisamment vaste pour assurer la protection des enfants ». Elle indique également avoir rencontré le directeur de la prison ainsi que les riverains : « La venue d’un village d’enfants dans ce quartier est une chance pour tous, un moyen de nourrir le vivre ensemble. »

Les travaux des deux villages débuteront en octobre pour une livraison prévue entre février et avril 2026, avec l’arrivée des premiers professionnels. Enfin, la période entre mai 2026 et mars 2027 verra l’accueil des premiers enfants.