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Une recherche bourguignonne au secours des maraîchers

Recherche. Véritable plaie d’Egypte pour les maraichers, la Drosophila Suzukii engendre des millions d’euros de dégâts en France et en Europe. Des chercheurs du Centre des sciences du goût et de l’alimentation ont découvert une alternative aux insecticides que la SATT Sayens les a aidés à transmettre au monde économique.

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Photo de la Drosophila Suzukii
Des chercheurs du centre des sciences du goût et de l’alimentation ont trouvé une parade à la Drosophila Suzukii qui malmène les vergers français. (Crédit : Martine Berthelot-Grosjean)

Drosophila Suzukii, cette petite mouche a débarqué en France et en Europe par le biais des transports de marchandise. Le réchauffement climatique aidant, l’insecte s’est peu à peu installé, causant des millions d’euros de ravages dans la culture des fruits rouges en apportant indirectement des bactéries dans le fruit.

Il n’est alors plus propre à la consommation, sa chaire étant dégradée et ses caractéristiques organoleptiques altérées. « Il n’y avait pas de traitement adapté pour protéger l’environnement et la santé humaine. Il n’y a qu’un insecticide nocif, utilisé avec dérogation », explique Yaël Grosjean, chercheur du CNRS au Centre des sciences du goût et de l’alimentation de l’Université de Bourgogne.

Avec Martine Berthelot-Grosjean et Gérard Manière, les trois chercheurs ont d’abord identifié une odeur aphrodisiaque pour une espèce de mouche proche, la mélanogaster.


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Au fil de leurs recherches sur le rôle des odeurs issues de l’alimentation et leur influence sur le comportement des insectes, les trois experts ont fait une découverte.

« Nous avons identifié deux odeurs d’acide gras volatiles issus de l’alimentation qui avaient une action répulsive sur différents insectes, dont la Drosophila Suzukii », explique Martine Berthelot-Grosjean.

De la recherche à l’économie

La société d’accélération du transfert de technologies, SATT SAYENS, a perçu le potentiel de valorisation de cette découverte et accompagné les chercheurs.

« Nous avons protégé la recherche par un brevet et investi environ 300 000 euros dans cette technologie pour l’amener à maturité et nous assurer de son efficacité », détaille Catherine Guillemin, présidente de la SATT SAYENS.

La structure a également repéré les entreprises susceptibles d’exploiter leurs résultats. Parmi elles, Cearitis a fait l’acquisition d’une licence pour associer sa technologie aux recherches des acteurs du Centre des sciences du goût et de l’alimentation.

« Les tests en champs ont été un succès avec une efficacité comparable à un insecticide », insiste Yaël Grosjean. Notamment lauréate du concours I-LAB, la start-up pourrait ainsi, dès 2024, commercialiser cette solution répondant aux enjeux environnementaux et économiques d’une filière.