Zervos, toujours en quête de reconnaissance
Yonne. Affublée d’une ineffable appellation qui visait pourtant « à clarifier son identité », la prestigieuse collection léguée par le fondateur des Cahiers d’art est accompagnée « d’une stratégie de communication repensée pour assurer un rayonnement national et international ».
Le MDAM pour Musée départemental d’art moderne. Depuis quelques jours, le Musée Zervos semble se chercher une nouvelle identité en même temps que sa façade s’est parée d’un habillage qui lui confère de vagues allures de salle d’exposition parisienne. Installée dans la rue Saint-Étienne, à Vézelay, dans l’ancienne maison de l’écrivain Romain Rolland, superbement revisitée par l’architecte Pietro Cremonini il y a un peu plus de 20 ans pour 2 M€, la collection réunie par Christian Zervos bénéficie, à présent, d’une stratégie de communication « repensée » qui vise, selon le conseil départemental de l’Yonne, à « renforcer son attractivité et sa lisibilité auprès du public ». Et la tâche est immense…
Labellisé « Musée de France » et « Maison des Illustres », le lieu contient pourtant quelques-unes des oeuvres d’artistes parmi les plus essentiels du XXe siècle : Max Ernst, Pablo Picasso, Vassily Kandinsky, Alberto Giacometti, Fernand Léger, Georges Braque, Alexander Calder, Jean Hélion et la liste est encore longue… Pourtant, selon les années, l’institution attire péniblement 12.000 visiteurs. Une paille comparée au million de pèlerins et de touristes qui arpentent, chaque saison, la même artère médiévale pour se rendre à la basilique Sainte-Marie-Madeleine. À titre de comparaison, le musée de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre a accueilli plus de 60.000 visiteurs en 2024.
Rebaptisée, la collection Zervos s’est donc vue offrir pour l’occasion un partenariat prometteur avec le Musée national Picasso-Paris qui, au-delà de l’échange classique d’oeuvres, « s’inscrit dans une volonté commune de promouvoir l’héritage artistique de Pablo Picasso et de le rendre accessible au plus grand nombre ».
Une nouvelle dynamique…
Une démarche de vulgarisation artistique qui se traduit, par ailleurs, dans la rétrospective présenté en ce moment. « Pour inaugurer cette nouvelle dynamique, le MDAM proposera dès le printemps une exposition exceptionnelle consacrée à Joan Miró. Cet événement offrira une plongée immersive dans l’univers poétique et coloré du maître catalan, avec une sélection inédite d’oeuvres emblématiques, précise-t-on. Grâce à ces initiatives, le MDAM réaffirme son engagement en faveur de la diffusion de l’art et de la culture, tout en s’inscrivant dans une dynamique d’ouverture et d’innovation », conclut la collectivité territoriale.
Rien que ça. Dans un contexte financier pourtant extrêmement tendu, le conseil départemental de l’Yonne va tout de même consacrer 4,19 M€ à sa politique culturelle en 2025. Une enveloppe non négligeable qui, si elle doit participer à l’attractivité du territoire, semble souffrir quelque peu d’un manque de transparence. Sollicités, les services départementaux n’ont, en effet, pas été en mesure de nous communiquer quel était le budget alloué au fonctionnement du musée vézelien.