Dossier Immobilier

Immobilier d’entreprise : Bilan 2025 solide, horizon 2026 vigilant

Interview. Entre réussite 2025 et vigilance 2026, quatre acteurs majeurs de l’immobilier font le point. Leur priorité commune : stabilité politique et normes allégées.

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2026 sera un très bon cru pour le groupe keops

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Dominique Moreau
Dominique Moreau, Président Groupe Keops. (Crédit photo : DR.)

Dominique Moreau. L’année 2025 est un bon cru pour le Groupe Keops. Nous constatons une augmentation de la demande (prospects) de près de 30% par rapport à 2024 – Une part conjoncturelle, l’autre propre à notre développement - Les délais de décision s’allongent un peu depuis l’automne mais les projets sortiront.

Notre stratégie commerciale nous permettant aujourd’hui d’atteindre un taux de transformation de l’ordre de 65%, l’année 2026 sera donc un très bon cru pour le Groupe Keops, avec une croissance de 50% du nombre de projets menés en Contractant Général ou Promotion. Sauf catastrophe géopolitique bien sûr.
La diversité de nos projets, en taille, complexité, typologie de clientèle, notre savoir-faire en termes de construction durable et vertueuse, la réindustrialisation (constatée à notre échelle) avec certains secteurs très porteurs, une tendance à la baisse des taux nous permettent d’être très optimistes à moyen terme et long terme pour le développement du Groupe.

Nous devons seulement rester exigeants et vigilants dans nos recrutements pour une croissance maîtrisée. Le marché de l’emploi est moins « volatile » qu’il y a 2 ans.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Nous attendons surtout le retour à une stabilité politique, et une baisse des taux bancaires pour diminuer l’incertitude des entrepreneurs, et leur permettre d’enclencher leur projet existant, avec au niveau de l’état, une stratégie claire et ambitieuse de réindustrialisation sectorielle.
Au niveau local, plus de pouvoir aux élus territoriaux pour piloter et accélérer la coopération des parties prenantes de l’acte de construire. (Services de l’état, régionaux, départementaux, développeurs économiques, aménageurs…).

Parmi vos opérations en local, lesquelles souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Je souhaite mettre en avant trois projets en démarrage :

Deux projets à Chalon-sur-Saône liés à la mobilité et aux transports en commun, qui témoignent de vraies ambitions. L’une familiale, l’autre territoriale. Projets très complexes dans leur conception, leur réalisation pour une amélioration des conditions de travail, de la sécurité, et pour générer des économies d’énergies : la restructuration du site historique des Cars Girardot et celle du site de la STAC (DSP Transdev).

(Crédits : KEOPS)
(Crédits : KEOPS)
(Crédits : KEOPS)

Un troisième toujours dans le transport, ferroviaire cette fois. Il n’est pas en Bourgogne mais il y a ses racines profondes. Il s’agit de la « duplication » du site Mecateam Cluster de Montceau-les-mines à Saint-Pierre-des-Corps (37). Projet très complexe et qui favorise la mutualisation d’outils entre les opérateurs ferroviaires. Nous sommes fiers de faire partie de l’aventure du ferroviaire. Un passage obligé pour un avenir décarboné.

Une année 2026 plus tendue, mais pas catastrophique

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Cyrille Guiton
Cyrille Guiton, président fondateur du Groupe Guiton. (Crédits photo : DR)

Cyrille Guiton. Le bilan 2025 sur notre activité principale de contractant général est correct puisqu’on va avoir un chiffre d’affaires qui est en hausse, et une rentabilité qui va être maintenue, avec une croissance de 15-20 % entre 2024 et 2025, ce qui est plutôt assez satisfaisant. Cela nous permet aussi de pouvoir capitaliser et d’envisager des investissements pour pouvoir développer certains projets du groupe. La perspective pour 2026 est un peu plus tendue, mais pas catastrophique. En termes de prises de commande fermes, on est à peu près au même niveau que l’année dernière et je pense qu’on arrivera en 2025 au même résultat qu’en 2024.

Pour autant, il y a un an, on avait une visibilité de 18 mois environ ce qui pour nous était très confortable. Or c’est en train de se réduire entre 12 et 14 mois, ce qui devient presque la limite parce qu’on a un métier qui a une très forte inertie entre le premier contact client et le début d’une première facturation. On a besoin d’avoir à peu près 10 mois devant nous. 18 mois c’est confortable, en-dessous d’un an, cela devient plus compliqué. Quand on sent que ça diminue, ça veut dire que les investisseurs attendent. Ce qu’on entend, c’est que les financements sont difficiles à obtenir parce que les organismes financeurs quels qu’ils soient sont toujours plus prudents, ont des conditions qui sont un peu plus strictes et puis il y a un certain attentisme aussi chez les porteurs de projets. Ne pas avoir de stabilité gouvernementale n’est pas non plus de nature à rassurer.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Dans notre métier de constructeur de bâtiments professionnels, on aurait besoin d’une économie un peu plus débridée, un peu décomplexée. Je vais faire un peu le « rabat-joie », mais on a quand même toujours le frein de toutes les normes. Et nous pâtissons de la frilosité des assureurs notamment et de celle des financeurs.

Nous avons su, grâce à notre expérience et notre savoir faire, transformer les normes environnementales et l’écoconception en opportunités : dans ce secteur, nous sommes même force de proposition parce qu’on a su démontrer des systèmes de rentabilité... Mais les normes, ce ne sont pas que les normes environnementales, ce sont aussi les normes ICPE, les normes administratives, les normes d’urbanisme… qui pèsent très lourd sur la démarche des porteurs de projet.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez vous mettre en avant ?

Europa Fields à Quétigny, sur la partie commercialisable. 2.900 m2 de tertiaire en bâtiment passif, un plateau divisible jusqu’à 140 m2 de surface.

Pour 2026, j’attends de la simplification et des décisions claires

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Florent Puchot
Florent Puchot, gérant - consultant chez Progestim. (Crédit photo : DR.)

Florent Puchot. L’année 2025 a été mouvementée, mais nous réalisons une très belle performance grâce à un investissement sans limite dans la recherche de solutions adaptées pour nos clients.
En tant que société indépendante, locale et engagée dans le développement du territoire, nous proposons un accompagnement 360° basé sur l’écoute pour comprendre parfaitement les besoins de nos interlocuteurs. Nous nous appuyons ensuite sur notre expertise pour conseiller et accompagner les projets jusqu’à leur finalisation.

Cette année, nous avons été confrontés à une posture d’attentisme de la part des entreprises qui privilégient la prudence. Ils restent dans leurs locaux plutôt que d’envisager des déménagements générateurs de dépenses et de perte de productivité. En période d’incertitude, les dirigeants concentrent leurs efforts sur leur coeur de métier. Ce comportement est particulièrement marqué chez les entreprises nationales ou internationales, pourtant premières consommatrices de surfaces dans les locaux d’activités et bureaux. Nous faisons également face aux défaillances d’entreprises et fermetures de sites.
En revanche, nous constatons une forte demande et peu d’offres pour les TPE-PME et artisans qui souhaitent acquérir leurs locaux.

Côté commerce, les zones premium continuent d’attirer les enseignes performantes, tandis que certaines zones commerciales sont en perte de vitesse. Le centre-ville de Dijon se porte bien avec un taux de vacance faible comparé à d’autres métropoles équivalentes, qui s’explique selon moi par le charme de notre hypercentre et des opérations structurantes livrées ces dernières années.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Je n’attends pas grand-chose des années électorales, périodes où les décisions sont ralenties, mais je rêve tout de même de stabilité ! Je crois profondément à l’entrepreneuriat : nos créateurs, jeunes entrepreneurs et sociétés historiques font la richesse de notre tissu économique. C’est ce mix qui permet à l’économie locale de résister malgré les incertitudes.

J’attends avant tout de la simplification et des décisions claires. Nous sommes confrontés à des interlocuteurs perdus entre projets de loi, promulgations et décrets d’application.

Actuellement, la loi de simplification de la vie économique vise à modifier les baux commerciaux : réduction du dépôt de garantie, suppression de la refacturation de la taxe foncière, modification des modalités de règlement des loyers. Ces sujets inquiètent et les discussions s’éternisent depuis des mois, sans qu’on sache ce qui sera finalement appliqué...

Parmi vos opérations en local, lesquelles souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Je souhaite mettre en avant les opérations suivantes :

Europa Fields à Quetigny (photo à gauche) : des bureaux éco-conçus avec un excellent bilan environnemental, des prix cohérents et des performances énergétiques réduisant les charges. Il s’agit d’un bâtiment auquel nous croyons beaucoup et sur lequel nous travaillons depuis 2024. Le premier bâtiment sera livré début 2026 et accueillera le siège du Groupe Guiton et ses filiales.

Espace VCM à Dijon un nouveau programme de cellules d’activité en ZAE Cap Nord, que nous gérons et commercialisons en exclusivité. Ce site entièrement restructuré offrira cinq cellules à louer dans une des zones les plus recherchées de la métropole.

Europa Fields (Crédits : GROUPE GUITON)

De manière plus générale, je privilégie les opérations qui apportent de véritables solutions aux entreprises et à des conditions financières cohérentes avec le niveau de prestation et la situation du bien. Face à la hausse des coûts de construction, les valeurs locatives et les valeurs vénales ont fortement augmentées, cela ne doit pas empêcher de traiter à la juste valeur de marché. Nous sommes régulièrement témoins de certaines pratiques tarifaires qui nous semblent incohérentes, et des clients mal accompagnés ont réalisé de mauvaises opérations, l’expertise de professionnels disposant de data est le meilleur moyen de s’engager en toute sérénité

« Envisager 2026 avec plus de sérénité »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Patrick Mestanier
Patrick Mestanier, dirigeant de CBRE Impact. (Crédit photo : DR.)

Patrick Mestanier. En cette fin d’année 2025 s’ébauchent de nouvelles perspectives. Cela nous permet d’envisager 2026 avec plus de sérénité, des projets neufs en immobilier d’entreprise devant voir le jour.
Pour ce qui est de CBRE Impact, cette année a marqué le début du passage de flambeau à mon fils Adrien. La succession est assurée avec un bel avenir pour le carré vert sur l’agglomération dijonnaise.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Nous espérons que le contexte géopolitique ambiant limitera un peu les contraintes émises dans le cadre de la loi ZAN et du décret tertiaire et que les réflexions engagées sur les nouveaux PLUi seront de nature à favoriser le redéploiement des entreprises.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez vous mettre en avant ?

-* Horizon Romelet, un nouveau parc d’activités en développement sur Longvic qui propose des bâtiments en compte propre à la demande, à vendre ou à louer.

  • Apollin’Ere Parc, un programme de bureaux neufs qui doit voir le jour à Saint-Apollinaire, à vendre ou à louer.
  • Le programme Veellage de Dijon, qui se construit avenue de Stalingrad et propose des locaux mixtes, à la location.
    Veellage (Crédits : CBRE Impact)
    Apollin’Ere Parc. (Crédits :CBRE Impact)