Dossier Immobilier

L’immobilier résidentiel toujours à la peine

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Façade Immobilière du Palais
(Crédits : JDP)

Le flou politique national, la situation géopolitique internationale, la crise et les taux directeurs des banques centrales, et subséquemment, le moral des ménages : l’activité des offices notariaux reflète avec fidélité le contexte économique global et ses conséquences sur le marché du logement résidentiel. Un marché bien morose, comme le confirme Me Nicolas Taiclet, vice-président délégué pour la Côte-d’Or de la chambre interdépartementale des notaires, et notamment dans le neuf (-50% de transactions).

On continue de voir une baisse des transactions qui est d’environ -22% sur l’ancien et -50% dans le neuf. »
Me Nicolas Taiclet, chambre interdépartementale des notaires de la Cour d’appel de Dijon.

L’explication tient à plusieurs causes : des primo-accédants empêchés depuis deux ans par un monde bancaire devenu plus exigeant, alors que l’inflation a fortement attaqué le pouvoir d’achat et que les prix au mètre carré connaissent une envolée sur Dijon, là où se concentre la majorité des transactions ; un cadre réglementaire du parc voué à la location qui se durcit et décourage les investisseurs, tout comme la fin annoncée de la loi Pinel ; une fiscalité sur la pierre dissuasive puisque le Président Macron avait souhaité plutôt encourager les investissements dans l’économie (« la startup nation ») que dans la pierre. « Le Président Macron a toujours considéré que l’investissement immobilier était un métier de rentier », rappelle non sans aigreur Me Taiclet. « Je transformerai l’ISF en impôt sur la rente immobilière. J’exonérerai tout ce qui finance l’économie réelle », avait en effet clamé le candidat Macron en 2017 avant sa première élection.

Immobilier vs Startup Nation

Un qualificatif injustifié pour les propriétaires confrontés aux remises en état de leurs biens après des locataires indélicats, la mise aux normes en termes de performances énergétiques, le non-paiement de loyers... Autant de raisons qui expliquent pourquoi les investisseurs se sont détournés de l’immobilier pour élire des placements moins rentables certes, mais aussi moins risqués comme l’assurance-vie en euros. Ajoutons à cela les difficultés de recrutement dans le secteur du bâtiment, la hausse des matières premières, la raréfaction du foncier disponible et l’on obtient tous les ingrédients d’un secteur en crise.

Bâtiment notaire
(Crédits : JDP )

Pour autant, tout n’est pas si noir : d’une part, les taux directeurs des banques centrales se desserrent, et avec eux la possibilité d’accès au crédit des particuliers, les primo-accédants d’aujourd’hui étant particulièrement scrutés dans la perspective du marché dans dix ans ; et les Français restent malgré tout attachés à la pierre, placement « de bon père de famille » qui porte en lui à la fois le côté rassurant du patrimoine et la promesse de la plus-value à la revente.

Dans une ville comme Dijon, Me Taiclet se veut rassurant : il reste des biens. Dans le neuf, mais avec des prix (4 650 €/m²) qui doivent se justifier en termes de prestations ; et dans le bel ancien, à condition de mettre le prix pour une rénovation de qualité qui sera de toute façon toujours plus avantageuse que le prix du neuf. C’est donc désormais du côté de la société et de ses évolutions qu’il faut regarder pour anticiper le marché : les jeunes générations aisées choisiront-elles le placement de leurs aînés en investissant dans la pierre, ou ces travailleurs plus nomades que leurs parents, biberonnés à la startup, privilégieront-ils la location et le placement dans l’économie réelle ?

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