Dossier Immobilier

Une année 2025 de transition avant une reprise espérée fin 2026

Immobilier. Ralentissement en 2025, espoir pour fin 2026. Les pros de l’immo (Arthur Loyd, Batifranc, Habellis...) exigent une pause normative pour relancer la machine.

Lecture 18 min

« Le marché devrait se redynamiser fin 2026 »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Yannick Cohu
Yannick Cohu, Gérant NCBC région Bourgogne Franche-Comté. (Crédit photo : DR.)

Yannick Cohu. Nous observons un net ralentissement sur cette année 2025 par rapport à la demande placée 2024, tant sur le Bureau que l’Activité. Nous pensons que le marché va tendre à se stabiliser sur 2026 et peut être légèrement se redynamiser sur la fin d’année, en raison d’une demande toujours solide et une offre assez limitée. Ceci va avoir pour conséquence de soutenir les valeurs locatives et les stratégies de repositionnement ou de restructurations d’actifs existants.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Les axes de réflexion pour faciliter le travail des acteurs de la chaîne immobilière :

  • Simplification profonde du droit de l’urbanisme.
  • Création d’un régime juridique dédié à la transformation des actifs.
  • Dématérialisation totale et modernisation des demandes d’autorisations administratives.
  • Avancées fiscales tendant à promouvoir l’investissement et la transformation foncière.
  • Clarification et stabilisation des normes environnementales applicables.
  • Meilleure coordination entre collectivités locales et projets privés.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Je ne souhaite pas mettre en avant certaines opérations par rapport à d’autres vis-à-vis de nos mandants.

« Dijon demeure un marché attractif et sain »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Aurélie Mestanier
Aurélie Mestanier, dirigeante et cofondatrice de Max-IM. (Crédit photo : DR)

Aurélie Mestanier. Pour nous situer d’abord, depuis 2021, notre agence intervient principalement sur le territoire de la métropole de Dijon, et nous commercialisons et gérons des biens de type locaux d’activité, bureaux et commerce. Nous avons coutume d’attendre les résultats consolidés IMDEX pour communiquer, nous nous exprimons donc en ressenti. Il semble que la tendance atone de 2024 ait débordé sur 2025. La demande des entreprises utilisatrices restant peu dynamique mais néanmoins stable, le premier semestre a été particulièrement calme. Le marché de la location de bureaux est mis à mal : offre abondante sur ce segment, clivage entre parc récent et parc ancien, rapport de force qui évolue au profit des preneurs, les bailleurs patientent ou arbitrent.

Toutefois, la fin d’année semble donner de meilleures perspectives pour le premier semestre 2026, les prises de décisions devenant une nécessité sur de nombreux projets en cours. Dijon demeure un marché attractif et sain, moins volatil que le national, une valeur sûre : bailleurs comme utilisateurs conservent leur confiance, malgré les temps longs des projets.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Le fait que la filière immobilière et de la construction en Côte-d’Or et Saône-et-Loire se soit structurée avec la création du Club Édifice Bourgogne, porté par la CCI 21-71, est un message fort. Cette mobilisation, à laquelle notre agence a pris part, vise à faire remonter aux décideurs publics les besoins concrets des professionnels et de leurs clients, grâce à des commissions thématiques travaillant territoire par territoire, cas par cas. Parmi nos attentes figure notamment une clarification des règles, notamment sur l’application du décret tertiaire dans le neuf, afin de mieux définir les obligations futures des bailleurs et preneurs et sécuriser la rédaction des baux. À l’approche des échéances électorales, nous attendons à minima que les candidats entendent les messages du Club Édifice Bourgogne et soutiennent cette dynamique collective essentielle à l’adaptation du parc immobilier.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Cette année, pas de grand projet porté directement par notre intermédiaire (ils devraient apparaître sur 2026), mais plusieurs mouvements d’entreprises illustrent les tendances locales. À Chenôve, aux Portes du Sud, nous avons accompagné le transfert de l’opticien Krys, sorti de la galerie marchande historique de Casino vers le retail park voisin pour une surface de 290 m², signe de l’évolution des modes de consommation et de l’attractivité des formats commerciaux récents. Côté bureaux, malgré un marché locatif éprouvé en 2025, nous avons soutenu la croissance de Modulo, centre d’affaires, sur le parc tertiaire de Mirande, après avoir accompagné GKowork en 2024. Au sud de la métropole, la montée en puissance du coworking et des bureaux flexibles confirme l’intérêt des petits utilisateurs pour des solutions clés en main, au détriment du bail commercial classique. Autant de signaux qui témoignent de la transformation progressive du parc existant.

« En 2026, l’enjeu sera de relancer la dynamique d’investissement »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Carine Provost. 2025 aura été une année de transition. Le marché dijonnais conserve une attractivité solide grâce à la qualité de vie, à la structure économique locale et à la diversité de ses acteurs, mais le contexte national et international a clairement ralenti les décisions d’implantation et d’investissement. Le volume de transactions s’est contracté sur l’ensemble des segments - bureaux, activités et commerces - avec un stock qui s’écoule plus lentement et des programmes neufs en attente de porteurs ou d’investisseurs pour démarrer. Les loyers, eux, restent stables : la demande reste présente, mais plus sélective. Les entreprises font preuve de prudence et de rationalité, cherchant à optimiser leurs implantations plus qu’à se développer coûte que coûte. Pour 2026, l’enjeu sera de relancer la dynamique d’investissement et de soutenir les projets structurants qui garantissent l’équilibre du marché. Cela passera aussi par des décisions gouvernementales incitatives : simplification, fiscalité, accompagnement à la croissance et à l’emploi. Dijon a tous les atouts pour continuer à attirer, à condition de maintenir cette énergie collective entre acteurs publics et privés.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Traditionnellement, les années électorales s’accompagnent d’un certain ralentissement des décisions et d’une attente de stabilité de la part des entreprises comme des investisseurs. Pourtant, c’est justement dans ces périodes qu’il faut donner de la visibilité au marché. Localement, plusieurs leviers pourraient être décisifs : u un allègement de la fiscalité des entreprises, u des dispositifs d’accompagnement concrets lors des implantations, u et la poursuite du développement des mobilités et infrastructures qui soutiennent l’attractivité économique du territoire. Tout ce qui favorise l’investissement, la circulation et la création de valeur profite directement à l’immobilier d’entreprise et, par extension, au territoire.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Nous sommes particulièrement fiers d’accompagner la transformation du site de l’ancienne chocolaterie, un projet emblématique situé à l’entrée de Dijon. Les travaux débuteront très prochainement, enfin, avec une livraison courant 2027. Ce nouveau parc d’activités proposera un mélange équilibré de bureaux, de locaux d’activités et d’espaces dédiés à la logistique urbaine, répondant ainsi aux besoins actuels du marché. A ce stade, depuis la rocade, nous apercevons que le chantier de l’immeuble de bureaux et hôtel est en mouvement. La livraison est prévue courant 2027. C’est un projet structurant qui incarne bien notre vision : redonner vie à des sites existants, tout en créant des espaces fonctionnels, durables et adaptés aux entreprises de demain.

« Entre 19 et 21 M€ de financement en 2025 »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Photo de Hubert Cusenier
Hubert Cusenier, directeur général de Batifranc. (Crédit photo : archive JDP.)

Hubert Cusenier. L’année 2025 n’est pas encore tout à fait finie puisqu’on a encore des signatures notaires qui doivent se concrétiser sur la dernière quinzaine. On devrait pouvoir réaliser à peu près une douzaine d’accompagnements d’entreprises en financement comme l’année dernière. Mais ce qui est non pas surprenant mais appréciable, c’est que l’année dernière, on avait à peu près financé 10 M€ en Bourgogne Franche-Comté et cette année, si tout se passe bien, on devrait atteindre entre 19 et 21 M€ de financement. Cela sous-entend que nos partenaires (collectivités, chambres de commerce, EPCI) permettent des entrées en relation avec des porteurs de projets sur des dossiers peut-être plus importants qu’à l’accoutumée. On a réussi également à créer avec nos partenaires bancaires (CEBFC et BPBFC) plus de liens.

Enfin, se concrétise ce que je souhaitais mettre en place : un premier échange sur la qualité même du projet. Car financer un projet immobilier n’a de sens que si on finance un projet immobilier qui corresponde à l’entreprise. Il faut qu’on prenne peut-être un peu plus de temps avec le porteur du projet, avec le constructeur, et qu’on se dise : “Ce n’est pas ça qu’il faut à l’entreprise, c’est trop petit, trop gros, ce n’est pas le bon terrain…” C’est assez dur à entendre, mais on arrive quand même à traduire certains éléments que le chef d’entreprise n’avait peut-être pas forcément anticipés. Mettre plus en avant l’ingénierie, cela fait partie du bilan 2025. Les perspectives 2026 sont toujours bien orientées puisqu’on a un cycle dans l’immobilier qui est généralement de deux à quatre ans. Tout ce qu’on a emmagasiné comme entrée en relation, comme étude de dossier, on va pouvoir le concrétiser en 2026.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre travail ?

Là où on a besoin peut-être de faire évoluer la démarche, c’est de faire une pause sur la norme. Sur notre partie normative, nous sommes aujourd’hui sur la réglementation énergétique 2020. Or on a déjà des constructeurs qui nous disent : “ On anticipe et on va être capables de proposer un mode de construction réglementation RE2028.” Ils sont capables de se projeter. Cela signifie un surcoût. Est-ce que les entreprises peuvent éventuellement l’assumer aujourd’hui ? Ça, je n’en suis pas sûr. Faire normatif en amont, ce n’est pas la demande des chefs d’entreprise. L’immobilier ne doit rester qu’un moyen pour l’activité, pas une finalité et encore moins un obstacle. Sur le foncier, on a déjà l’obligation de répondre à plein de normes différentes : des problématiques d’archéologie, de pollution des sols, de biodiversité, l’eau... À un moment donné, le foncier est OK, mais ça a déjà coûté un peu d’argent et beaucoup de temps. Et après, il faut les autorisations administratives… En clair, on est sur deux ans, là où dans certains pays, je ne sais pas si c’est favorable ou pas, mais dans certains pays, on est capable de construire en un an. Je ne pense pas qu’on puisse simplifier les normes, mais il serait préférable par exemple de les contracter en termes de temps. On ne peut pas attendre six mois pour une étude quatre saisons, ou un an pour avoir le résultat d’une étude de dépollution en sol archéologique.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Le dossier le plus emblématique pour Batifranc en BFC, c’est le plus petit dossier qu’on a fait : 300.000 € en Franche-Comté. C’est la preuve que Batifranc est une société de financement qui peut intervenir quel que soit le montant et sur l’ensemble du territoire. C’est là où on est le plus efficace.

« Malgré une mise sous tension, nous maintenons le cap »

Le Journal du Palais. Quel bilan faites-vous de l’année 2025 et quelles perspectives voyez-vous pour l’année prochaine ?

Béatrice Gaulard. L’année 2025 aura été marquée par un contexte économique qui se dégrade et impacte la gestion de nos opérations : entreprise en difficultés avec des conséquences sur les délais de livraisons pour nos clients locataires, et une incidence sur le chiffre d’affaires. L’accès à la propriété pour les particuliers est plus difficile et ralenti avec des conséquences sur la rotation dans le parc, à un moment où les demandes de logements sont en augmentation. Production et offre en logement intermédiaire vulgarisée pour répondre à un public plus large, en recherche de logements. Les sollicitations pour produire du logement abordable en VEFA sont nombreuses, signe d’un ralentissement de l’activité de promotion. Elles permettent d’envisager une programmation aboutie pour 2026. Malgré une mise sous tension de notre modèle, nous maintenons le cap de production neuve et de réhabilitation sur la région, au service de nos clients. Activité qui doit aider les carnets de commande de nos fournisseurs.

Nous entrons en 2026 dans une année d’élections (municipales, sénatoriales). Quelle avancée réglementaire ou législative faciliterait votre action ?

L’acte de construire se complexifie autant qu’il doit être vertueux allongeant la gestation des opérations. Plus de réactivité et de souplesse de l’ensemble des acteurs et décideurs est nécessaire. Des délais à écourter entre les mesures de simplification prises et les textes d’application seraient bienvenus. Une visibilité et surtout une stabilité des règles touchant le secteur du logement social est nécessaire : revoir l’inadéquation entre le temps long de l’acte de construire et les règles du jeu financier qui varient au rythme des Loi des finances.

Parmi vos opérations en local, laquelle souhaiteriez-vous mettre en avant ?

Pour illustrer l’activité d’Habellis et son rôle dans le lien emploi-logement, notre développement sur le secteur de la Saône-et-Loire devient réalité avec la livraison de logements neufs à Châtenoy le Royal et le démarrage d’une construction innovante Bois/Paille au Creusot pour répondre aux enjeux de réindustrialisation de ce territoire. Par ailleurs, nous poursuivons notre développement sur la métropole dijonnaise avec : u Atomisation de l’offre pour plus de diversité et de mixité de produits, en accompagnement des communes périphériques de Dijon dans leur développement comme à Ouges, Sennecey-les-Dijon, Hauteville-les-Dijon. u Développement en reconstruisant la ville sur la ville avec, à Dijon centre, la livraison d’une production en acquisition/amélioration requalifiant une offre à destination des jeunes : secteur Colonel de Grancey, rue Sambin et rue Berbisey. u Maintien d‘une activité d’accession avec Aqisia avec une offre de produits diversifiés pour une accession à la propriété sécurisée avec la location-accession.