6 M€ pour produire à grande échelle les capteurs intelligents sans énergie SilMach
Doubs. Jeudi 30 janvier le projet Senseurs autonomes pour monitoring intelligent (Sami) était lancé, une collaboration entre l’entreprise SilMach, SupMicrotech et l’Université Marie et Louis Pasteur qui ambitionne de propulser Besançon à l’avant-garde de la technologie des capteurs intelligents.

De SilMach (1,3 M€ de CA et 23 salariés) on connaissait déjà la montre The TimeChanger - la première du genre équipée d’un coeur silicium conçue et assemblée à Besançon, mais aussi son nanodrone bio-inspiré « Libellule » prodige de miniaturisation utilisateur de Micro système électromécanique (Mems). Aujourd’hui c’est de capteurs intelligents fonctionnant sans énergie dont il s’agit. Ces dispositifs ne consomment rien car ils s’appuient sur la déformation de la structure sur laquelle ils sont installés pour détecter et comptabiliser les évènements mécaniques. Les composants qui les constituent sont développés en s’inspirant de l’industrie horlogère (systèmes d’engrenages micrométriques) et des principes de base de la mécanique (roue à cliquet, système masse-ressort par exemple). Ils sont miniaturisés grâce aux technologies de fabrication sur silicium en salle blanche et associés à une interface visible pour l’humain par des procédés spécifiques développés par SilMach et le laboratoire Femto-ST commun à SupMicrotech et à l’université Marie et Louis Pasteur. Conçus pour comptabiliser des dépassements de seuil, par exemple dans le cadre du suivi en fatigue ou de la détection d’apparition de seuil, ces capteurs assurent une vigilance opérationnelle 24h/24, indispensable dans de nombreuses filières (défense, aéronautique, transports, infrastructure, énergie, santé...). « Aujourd’hui, nos capteurs sont complexes et chers, confie Pierre-François Louvigné. Pour pouvoir les développer à grande échelle, nous devons les simplifier : c’est tout l’enjeu du projet Sami ».
Un boost pour l’industrie régionale

D’un montant total de 6 M€, Sami est soutenu par l’Union européenne à hauteur de 4,3 M€ de Fonds européen de développement régional, à travers le programme Feder-FSE+ Bourgogne Franche-Comté et Massif du Jura 2021-2027, géré par la région. « Avec cette technologie de rupture, nous avons deux écueils à surmonter : la crédibilité et le coût. Nous avons une évangélisation à faire auprès de nos clients vis à vis de notre technologie qui tout en étant frugale fait le job. Dans ce sens nous avons réalisé une thèse qui prouve la pertinence d’une collecte d’une faible quantité de données par des capteurs sans énergie par rapport aux capteurs énergivores récoltants un gros volumes de data existants sur le marché. Sur la question du coût de conception, nous avons souhaité au travers du projet Sami faire appel à nos partenaires académiques pour repenser totalement nos process avec un objectif ambitieux de diviser le coût de production par dix et multiplier les volumes de vente par 100 d’ici 2030, en nous ouvrant le marché grand public ». Deux équipes (une quinzaine de personnes) du laboratoire Femto-ST apporteront ainsi leurs concours : l’expertise en microsystèmes hybrides de l’équipe Micro permettra de miniaturiser les composants tout en maximisant leurs fonctions et la plateforme Mimento offrira son savoir-faire en micro fabrication et en technologies Mems. « Sami est notre passeport pour conquérir de nouveaux marchés industriels au delà de la niche et du BtoB en développant notamment des capteurs sur catalogue utilisables sur différents segments de marché. Nos capteurs sans énergie deviendront également communicants, ouvrant la voie à des applications inédites », affirme Pierre-François Louvigné qui annonce des retombées économique de près de 3 M€ d’ici à 2030 avec une production annuelle de plus de 150.000 capteurs. « Cette production largement automatisée participera activement à la réindustrialisation de la Bourgogne Franche-Comté, renforçant ainsi son positionnement comme pôle d’excellence en microtechniques et capteurs intelligents ».
Le projet Sami compte également un volet écoconception « pour limiter le plus possible l’impact environnemental de nos produits », un transfert des compétences vers la formation de futurs techniciens « condition sine qua non à la montée en maturité de nos solutions. Nous envisageons un recrutement de 35 personnes d’ici à 2030 » et une contribution à la structuration du territoire industriel franc-comtois : « la recherche mobilisée sur ce projet a vocation à profiter à d’autres industriels présents dans l’écosystème local dans des domaines aussi variés que le médical, le luxe, l’horlogerie, le transport, l’énergie et les biens de consommation ».