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7,8 M€ de subvention pour une thérapie innovante en oncologie

Santé. Réunis en un consortium, le Centre Georges François Leclerc (CGFL), Oncodesign precision medicine (OPM) et l’Institut de chimie moléculaire de l’université de Bourgogne (ICMUB) ont développé un projet thérapeutique inédit, baptisé Comete, ciblant les cancers digestifs avancés soutenu financièrement par l’Europe à près de 85 %.

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Photo d'une partie des équipes du consortium dijonnais
Une partie des équipes du consortium dijonnais portant le projet Comete. (Crédit : JDP)

Contrairement a ce que son accronyme pourrait laisser à penser, le projet Comete (moleCular radiOtherapy for METastatic colorectal an gastric cancErs) ne devrait pas faire que passer, tel un astre filant dans le ciel de l’oncologie mondiale. Au contraire, ce nouveau protocole clinique ciblant les cancers digestif au stade métastatique a tout d’une révolution à même de positionner le site dijonnais au plus haut niveau international. Réponse à un appel à projets régional Feder-FSE+ de l’Union européenne, Comete est porté par un consortium dijonnais composé du CGFL, de la société privée OPM et de l’Institut de chimie moléculaire de l’université de Bourgogne (ICMUB).

Ce trio qui travaille depuis plus de 15 ans base sa nouvelle approche thérapeutique sur une innovation de rupture, celle de la Radiothérapie interne vectorisée (RIV). « Cette technique consiste à administrer aux patients des molécules cibles couplées à un élément radioactif qui vont se fixer spécifiquement sur les cellules tumorales et qui vont alors transmettre cette radioactivité létale à leur ADN, stoppant ainsi la progression de la maladie », explique le professeur Charles Coutant directeur général du CGFL.

Comete représente un investissement total de 9,2 M€ subventionné à hauteur de 7,8 M€ par les fonds européens selon la répartition suivante : 3,7 M€ pour le CGFL, 2,1 M€ pour OPM et 2 M€ pour l’ICMUB sur une période de cinq ans. « Cette aide de l’Europe, à un niveau inédit, est une marque de confiance qui nous honore et qui nous oblige », affirme le directeur général, qui entend bien donner à ce projet ambitieux une déclinaison concrète via de premiers essais cliniques courant 2028. En soutenant le projet dijonnais, l’Europe ne fait pas un choix hasardeux puisque le marché de la médecine nucléaire devrait dépasser les 32 Mds€ en 2030, avec 70 % de parts prises par la RIV. Par ailleurs, le trio local se distingue par sa haute expertise dans le domaine et sa complémentarité dans les différentes disciplines scientifiques nécessaires à la mise en place du projet, éléments différenciant permettant d’atteindre plus vite des résultats probants.

Vers un futur leader mondial ?

Dans le détail, le projet Comete a pour but de développer de nouvelles molécules dites théranostiques permettant de combiner diagnostic, traitement et suivi dans le cadre d’une médecine personnalisée en vue d’améliorer la prise en charge et le taux de survie des patients atteints de cancers colorectaux et gastriques métastatiques. La démarche passe par l’identification et la validation de cibles tumorales (protéine membranaire surexprimée) via notamment le recours à l’intelligence artificielle, et la création de “têtes chercheuses” visant ces dernières (rôle endossé par OMP).

Une fois extraits, ses vecteurs cibles seront couplés à un élément radiocatif par l’ICMUB pour constituer des molécules de RIV spécifique des cancers digestifs. Enfin, le CGFL, par son service d’imagerie préclinique et de radiothérapie Imathera, assura la validation de l’efficacité et la non toxicité de ses candidats médicaments sur modèles biologiques et précliniques. Enfin, des agents d’imagerie compagnons de la RIV au niveau du diagnostic permettront “d’imager les cancers” via des isotopes radioactifs diagnostics, offrant une personnalisation de la prise en charge des patients (sélection des patients répondeurs, optimisation de la dose, suivi d’efficacité...).

« La RIV est déjà une réalité au CGFL avec la construction l’année dernière d’un hôpital de jour adossé à une unité RIV pouvant traiter jusqu’à 20 patients par jour. La technologie a démontré son efficacité sur le cancer de la prostate pour lequel le CGFL a été le premier établissement de la Bourgogne Franche-Comté et un des premiers en France à proposer ce traitement. Aujourd’hui, avec ce financement nous franchissons un nouveau cap en ciblant des cancers au pronostic sombre et pour lesquels la réponse thérapeutique est à ce jour très limitée. Par ce projet, nous avons tous les atouts pour faire de notre écosystème un leader mondial », affirme Charles Coutant.