À Auxerre, l’Inrap révèle une nécropole gallo-romaine atypique
Urbanisme. Cette découverte a été effectuée lors des fouilles préalables aux travaux d’aménagement de la place du Maréchal-Leclerc, qui vont se prolonger jusqu’au 21 juin prochain.
Depuis le mois de février, les travaux des scientifiques de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ne passent pas inaperçus. Sur prescription de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bourgogne Franche-Comté, ces recherches entreprises sur 500 mètres carrés, au cœur de la place du Maréchal-Leclerc, sont destinées à « documenter l’histoire générale d’Auxerre depuis l’Antiquité et l’histoire plus locale de ce quartier situé à proximité de la tour de l’Horloge », avant le démarrage des travaux programmé le 24 juin.
Les fouilles ont mis à jour une aire funéraire du Haut-Empire, alors inconnue des archéologues, d’autant plus intéressante que cette dernière, consacrée à l’inhumation des très jeunes enfants et mort-nés, « présente de nombreuses caractéristiques qui la démarquent de ses contemporaines ». Parmi les singularités dévoilées : une variété de pratiques funéraires inhabituelle et une superposition des tombes sur cinq niveaux, « ce qui est, en l’état de la recherche, unique dans le monde gallo-romain ».
Suscitant donc un intérêt scientifique particulier, cette fouille inédite réalisée pour la première fois dans le centre historique d’Auxerre par l’Inrap a bénéficié d’une prolongation jusqu’au 21 juin afin de permettre aux hommes de l’Art de clore leurs investigations. « Nous ignorions que s’était développée, entre le Ier et le IIIe siècle, une nécropole dans ce secteur, non loin de la Voie d’Agrippa, abandonnée à la fin du IIIe siècle avec la création de la nouvelle ville, Autessiodurum », précise Loïc Gaëtan, responsable scientifique du chantier.
« Cette ville s’est déplacée pour être fondée sous l’emplacement actuel du centre-ville avec un castrum, dont on a pu fouiller 15 mètres de tronçon. Nous avons pu y découvrir différents niveaux d’habitat, de l’époque médiévale, de l’époque moderne jusqu’au début du XIXe siècle avec l’installation de la cour de la prison des femmes en lien avec le tribunal, rasée pour être remplacée par la place du Maréchal-Leclerc à la fin des années 1860. »
Les différentes opérations archéologiques - tranche ferme, tranches conditionnelles et prolongation - ont engendré un surcoût de plus de 620.000 euros pour la collectivité, dont 40 % sont financés par l’État au titre du Fonds national pour l’archéologie préventive (FNAP).
Un îlot de fraîcheur en surface
Une fois achevées, les fouilles vont s’effacer pour permettre aux engins de travaux publics de lancer les travaux de réhabilitation de cette aire de stationnement bitumée, « identifiée comme un îlot de chaleur de plus de six degrés ». « La collectivité a inscrit, dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement, cinq millions d’euros pour végétaliser et arborer l’ensemble des espaces publics. La place Maréchal-Leclerc est la première. Nous y investissons 2,2 millions d’euros », rappelle Nordine Bouchrou, l’adjoint au maire d’Auxerre en charge de l’urbanisme, des travaux, du cadre de vie et de l’accessibilité. En phase avec la consultation publique de novembre dernier qui a recueilli près de 2.000 avis, elle sera notamment agrémentée d’une fontaine végétale. La fin des travaux est prévue à la fin de l’année.