« Chez Enedis, la notion de service public reste encore fortement ancrée »
Énergie. Regroupés depuis deux ans sur un site unique, à AuxR_Parc, les 169 collaborateurs icaunais de l’électricien historique s’évertuent, sous la houlette de Gérald Freguin, de préserver les quelque 12.000 kilomètres de réseaux, quelles que soient les contraintes météorologiques.
Le 31 juillet dernier, dès les premières heures du jour, le département était traversé d’ouest en est par une cellule orageuse de forte intensité. Le nord de la Puisaye, l’Aillantais, le Jovinien, l’Auxerrois et quelques localités du Tonnerrois et de l’Avallonnais étaient particulièrement touchés par des rafales de vent atteignant, par endroits, les 100 kilomètres-heure, et de fortes précipitations, jusqu’à 30 millimètres en moins d’une heure à Aillant-sur-Tholon par exemple. Cette situation particulièrement difficile obligera, notamment, les hommes du Syndicat départemental d’incendie et de secours (Sdis) à intervenir près d’une centaine de fois dans la journée et la commune nouvelle de Montholon à déposer, par la suite, une demande de reconnaissance de l’État de catastrophe naturelle auprès de la préfecture de l’Yonne.
En première ligne, aux côtés des sapeurs-pompiers, les techniciens d’Enedis se sont, eux aussi, rapidement projetés sur le théâtre des opérations. « Grâce à notre service météorologique interne, nous avions anticipé cet épisode difficile », précise le délégué territorial Enedis dans l’Yonne. Au total, 19 incidents ont été répertoriés sur le réseau haute tension impactant 8.600 foyers, ce 31 juillet, peu avant huit heures le matin. « Nous avons mobilisé une trentaine de collaborateurs sur le terrain, essentiellement pour des fils au sol et des supports cassés à la suite de la chute d’arbres, et trois prestataires partenaires. Nous avons aussi enregistré le renfort de collègues de Côte-d’Or qui sont principalement intervenus dans le Tonnerrois. » Dès midi, l’électricité était rétablie dans 64 % des foyers touchés. À minuit, ce « taux de réalimentation » avoisinait même les 95 %.
Une performance dépassant les objectifs industriels du groupe qui stipulent que 90 % des clients doivent être « réalimentés » dans les 48 heures en cas d’incident climatique majeur sur le réseau, mais qui ne surprend pas Gérald Freguin. « Chez Enedis, même si nous sommes une société anonyme dotée d’un conseil d’administration et d’un directoire, la notion de service public reste encore très fortement ancrée chez nos collaborateurs. » L’an dernier, pour le seul département de l’Yonne, ce sont près de 10.500 appels téléphoniques que le Gestionnaire du réseau de distribution (GRD) a dû traiter pour 4.390 interventions techniques « auxquelles s’ajoutent toutes celles détectées en amont sur le réseau par nos équipes ». Un réseau public de distribution de l’électricité composé de 7.000 kilomètres en aérien, haute tension (HTA) et basse tension (BT) confondues, de 5.000 kilomètres en souterrain, de 6.130 postes HTA/BT ou encore de plus de 218.500 points de livraison.
Des investissements non négligeables
Avec la multiplication des alertes météorologiques ces dernières années - plus d’une vingtaine d’épisodes tempétueux, rien que l’an dernier, dont la tempête Ciarán qui a frappé les côtes bretonnes et mobilisé jusqu’en Bourgogne, la Force d’intervention rapide d’électricité (Fire) - Enedis intensifie sa politique d’entretien et de modernisation du réseau en collaboration avec le Syndicat départemental d’énergie de l’Yonne (Sdey), l’Autorité organisatrice de la distribution d’énergie (AODE). En 2023, ce sont 27 millions d’euros qui ont été investis dans les infrastructures par l’électricien historique. « Nous avons, par ailleurs, engagé 25,1 millions d’euros de contrats pluriannuels avec des prestataires locaux de confiance pour nous soutenir dans les travaux de maintenance et d’élagage », souligne Gérald Freguin.
Dans un territoire à caractère rural comme l’Yonne, la chute d’arbres causée par un défaut d’élagage sur le domaine privé constitue, en effet, la moitié des coupures du réseau aérien. « Le coût d’un sinistre sur le réseau électrique peut atteindre 30.000 euros à la charge du propriétaire et pourrait ne pas être couvert par les assurances », rappelle la direction régionale d’Enedis en Bourgogne. « Dans l’Yonne, la sécurisation de la végétation aux abords des réseaux électriques est un enjeu fort pour la continuité de fourniture et la sécurité des tiers », insiste le délégué territorial. La transition énergétique passe donc aussi par la maîtrise de la biodiversité.