Entreprises

Croissance historique pour le groupe de BTP Roger Martin

France. À l’occasion des 130 ans du groupe de BTP né à Dijon, son dirigeant Vincent Martin, représentant la quatrième génération de l’ETI familiale, a annoncé jeudi 9 janvier à Paris le rachat de Buesa TP et de Famy TP, deux entités du groupe Buesa. Avec ces nouvelles filiales, le groupe dijonnais diversifie son expertise dans le domaine des travaux en secteur maritime, fluvial et portuaire, et également en haute-montagne. Il voit aussi son chiffre d’affaires s’établir à 550 M€.

Lecture 8 min
Photo de Vincent Martin, président du groupe Roger Martin
Vincent Martin, président du groupe Roger Martin. Il représente la quatrième génération à la tête du groupe familial. (Crédits : Groupe Roger Martin)

C’est ce que l’on appelle un joli cadeau : pour ses 130 années d’existence, le groupe Roger Martin vient de s’offrir la plus importante opération de croissance externe de son histoire en rachetant Buesa TP et Famy TP, sociétés du groupe Buesa (Béziers, 750 collaborateurs, 140 M€ de chiffre d’affaires). Le groupe dijonnais collabore déjà avec Buesa sur des chantiers d’envergure comme celui du Canal Seine Nord Europe en assurant le chef de filât du consortium Nord Confluences ou la déviation de Gimont (Gers). L’acquisition, dont le montant n’a pas été dévoilé, a été réalisée grâce à 30 % de fonds propres et 70 % d’emprunt via un pool bancaire.

Un Chiffre D’affaires À 550 M€

Ces deux nouvelles filiales vont permettre au dijonnais d’élargir le spectre de ces activités puisque Buesa TP et Famy TP possèdent une expertise spécifique dans les travaux en secteurs maritime, portuaire et fluvial, mais aussi en secteur montagneux. Le chiffre d’affaires du groupe régional bondit ainsi de 400 M€ fin 2024 à 550 M€ à l’aube de 2025. Pour Vincent Martin, dirigeant du groupe Roger Martin représentant la quatrième génération : « L’acquisition de cet important groupe familial est une décision pas simple à prendre : acheter un groupe qui fait 140 M€ par un groupe qui en fait 400, c’est un gros défi, mais cela rejoint la soif d’entreprendre et le développement que je veux apporter au groupe. Avec ces acquisitions, il est évident que, dans la cartographie du monde du BTP, nous étions connus, reconnus et je dirais aujourd’hui, incontournables, vis-à-vis de nos clients, de nos confrères majors. Nous sommes à une taille qui nous rapproche de la cour des grands ». Le groupe Roger Martin en intégrant les salariés de Buesa, monte également ses effectifs à 2.650 collaborateurs, désormais répartis en 74 implantations, de l’Île-de-France à l’Occitanie et la région Aquitaine, identifiés comme fortement dynamiques et donc propices au développement du groupe, en passant évidemment par BFC et la région Aura, « des emplois locaux et non délocalisables », souligne Vincent Martin. L’intégration du groupe Buesa aura enfin une incidence sur le montant des investissements du groupe Roger Martin, qui sera porté à 20 M€ par an à partir de 2026 contre 15 M€ actuellement.

Des Valeurs Communes

« L’acquisition répond à deux caractéristiques essentielles dans la diversification que sont les diversifications métiers et géographiques, confirme Vincent Martin. Mais elle révèle aussi le partage de nos valeurs. C’est ce qui nous a rapprochés avec Jean-Michel Buesa que je connais depuis de nombreuses années. Cela fait plus d’un an et demi que l’on échange sur la transmission de son entreprise et chez lui comme chez nous, il s’agit de valeurs familiales, d’indépendance, patrimoniales, avec un patron propriétaire à la tête de l’entreprise et ça c’est important. On véhicule ainsi des valeurs humaines de proximité, de circuits courts de décision. Nos équipes ont par ailleurs l’habitude de travailler ensemble sur de gros chantiers de terrassement. »

« Il y a encore de l’argent dans ce pays »

Réaménagement de l'axe Monge-Bossuet
Réaménagement de l’axe Monge-Bossuet : Le groupe Roger Martin est l’une des entreprises impliquées dans ce chantier dijonnais.(Crédits : JDP.)

Cette volonté de diversification s’inscrit enfin dans un contexte général de baisse des marchés publics. Également président de la Fédération régionale des Travaux Publics (FRTP BFC), Vincent Martin ne cesse en effet d’alerter sur l’importance de la commande publique pour la sauvegarde de la bonne santé du secteur, avec une part estimée à 60% des carnets de commande de la profession. À l’heure de la compression des budgets, Vincent Martin nuance néanmoins les inquiétudes : « La part de l’État sur la commande publique n’est que de 8%. Le reste ce sont les collectivités locales et le bloc communal. Cela c’est 80% de nos marchés publics aujourd’hui. Il y a encore de l’argent dans ce pays dans ce bloc communal-intercommualités-départements. Les communes de France et les départements sont quand même peu endettés, contrairement à l’État. Ce que veulent les départements, c’est être attractifs. Et pour cela, il faut relier les gens entre eux, faire des infrastructures de communication, que ce soit du ferroviaire, du numérique, du génie civil, du portuaire... Il y aura un peu moins d’investissement, mais tous ces projets de désenclavement ne sont pas tombés. » Enfin, puisque François Rebsamen, président de Dijon Métropole est désormais ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, qu’est-ce que le chef d’entreprise pourrait lui dire ? « En fait je le lui ai déjà dit, s’amuse Vincent Martin. Que tous les dossiers de territoire qui sont en place doivent sortir. Et que dans le cadre d’un aménagement du territoire, il faut avoir une cartographie utile des infrastructures en France. Il y a des axes structurants qu’il faut dynamiser, qu’il faut accélérer. Et arrêter enfin la surnorme, j’en prends pour exemple la ZFE (Zone à faibles émissions, Ndlr). Moi j’appelle cela la “Zone à forte exclusion”. Mettons en application les ZFE, il n’y a plus un artisan qui rentre dans Paris ! J’insiste enfin auprès de lui sur les aménagements de centres-bourgs, de métropole, de piétonisation, de mise en site propre... Faire le diagnostic de ce que nous avons, de ce que nous sommes capables de faire. Enfin, il est primordial de mettre autour de la table l’ensemble des décideurs : communes, commuautés de communes, départements, région, que tous soient d’accord, pour que les financements aboutissent de manière certaine et que l’on puisse lancer les projets. »
Et puisqu’on parle de projet, début 2025 devrait voir l’animation de la ZAE Arc-Étoile à Arc-sur-Tille ( 5 hectares), portée par le groupe Roger Martin pour la partie TP.

Les dates clés

  • 1885  : Création de l’entreprise Martin par Eugène Martin (premier en partant de la gauche).
  • 1926  : Roger Martin (2e génération, au centre) prend la direction du groupe qui devient Groupe Roger Martin.
  • 1953 : Naissance du domaine de la Pinte (Jura).
  • 1960  : Reprise de l’entreprise par Pierre Martin (troisième en partant de la gauche, 3e génération) .
  • 2001 :Reprise par Vincent Martin (4e génération), qui prend la présidence du groupe en 2012.