Des gîtes pour déconnecter qui promeuvent l’économie locale
Côte-d’Or. L’histoire du gîte de charme le Moulin de l’O, à Semur-en-Auxois est bien plus que la transformation réussit d’un site industriel historique en une activité touristique fédérant tout un écosystème local, c’est avant tout dix années d’une aventure entrepreneuriale et humaine riche en obstacles porté par un couple à la volonté inébranlable.

Situé à seulement quelques minutes à pied du centre historique de Semur-en-Auxois - village de la campagne bourguignonne qui s’est récemment hissé à la 3e place nationale de l’émission de Stéphane Bern, “Le village préféré des Français” - le gite du Moulin de l’O propose trois hébergements indépendants, tout confort, nichés dans un cadre verdoyant au bord de la rivière Armançon et à proximité d’un ancien moulin à eau, ayant connu un passé industriel dans la fabrication de mobilier en bois. Pensé pour satisfaire une retraite romantique, un séjour en famille ou une parenthèse ressourçante loin de l’atmosphère anxiogène des grandes villes, ce havre de paix est le fruit d’un « travail qui ne compte pas ses heures » porté par un couple de propriétaires résilients et complémentaires : Laurence et Olivier Dupressoir.
Stratégie du Pas à Pas
De leur rencontre en 2011 naît l’envie de se trouver un lieu rien qu’à eux, vierge de leur passé respectif : « J’habitais alors à Asnières-en-Montagne et Olivier avait un loft à Tonnerre, nous cherchions une petite maison avec peu de terrain ». Finalement c’est sur un bien à mille lieues de cette description qu’ils jetteront leur dévolu. Un agent immobilier leur proposant de visiter un site « difficile d’accès et nécessitant beaucoup de travaux ». Ce défi, loin de les décourager, les a immédiatement séduits : « Notre décision mêlait un brin d’inconscience, un attrait pour le challenge et un authentique coup de foudre. » Et pourtant, le site est alors dans un état épouvantable. « À l’arrivée, il pleuvait, il y avait un squat, et la condensation était telle qu’il était impossible de prendre des photos, se rappelle le couple. Les maisons étaient en ruine et marcher dans le moulin s’accompagnait de la peur de passer à travers le plancher. Quand nous avons signé, tout le monde nous a pris pour des fous ! ». Devant l’ampleur des travaux, « qui nécessitaient d’énormes fonds », le couple adopte une approche progressive, étalée sur une dizaine d’années pour donner vie à son rêve d’activité touristique. Ils vendent des biens personnels pour rénover un immeuble au centre-ville, qu’ils destinent à la location non touristique à l’année. Les revenus générés leur permettent de commencer le chantier du Moulin de l’O.
Ancrage Local et Montée en Gamme
Les premiers bâtiments, rendus habitables en 2015, accueillent là encore des locataires longue durée. C’est fin 2021 que l’opportunité de tester la location touristique se présente avec le départ d’une locataire. La période post-Covid est propice à « un démarrage fulgurant, avec des retours au-delà de nos rêves ». Ce succès confirme leur choix de privilégier la location touristique. « D’autant que les rencontres et les échanges font partie intégrante du concept que nous voulons bâtir ensemble. » Olivier, ancien commerçant, et Laurence, chargée d’affaires professionnelle en banque et impliquée au conseil municipal de Semur-en-Auxois, mettent également un point d’honneur à promouvoir l’économie locale. Que ce soit au niveau de la rénovation, qui s’adjoint l’expertise d’un tailleur de pierre, ou côté décoration intérieure (boutique atelier Cabottine), le Moulin de Lo collabore exclusivement avec des locaux pour offrir notamment aux hôtes des confitures (Marmelure et Confitade), des biscuits (Biscuiterie du Mistral), et des soins cosmétiques (Bulles et Gourmandises). Les deux premiers gîtes se concentrent sur un accueil personnalisé, visant à faire découvrir la région, attirant 80 % de clientèle européenne (Suisses, Hollandais, Belges et Anglais).
Un événement imprévu, « une inondation centennale dévastatrice, qui nous a fait perdre deux saisons », force le couple à repenser un des logements. « Ce troisième gîte est l’occasion de se démarquer avec un accueil autonome, des prestations haut de gamme, axées sur l’intimité et le bien-être, dans un esprit romantique ». Il sera proposé en nuitée entre 290 et 350 € (contre entre 135 et 150 € pour les autres hébergements), avec grand jacuzzi en terrasse extérieure, livraison de repas par traiteur et petit-déjeuner. Pour ce projet, ils se sont adjoint les services d’Hannah Elizabeth, une architecte d’intérieur anglaise, présente à Semur-en-Auxois.
Même si l’inondation fut un moment particulièrement traumatisant, le couple très complémentaire a trouvé la force de rebondir : « Olivier est le génie de la construction, tandis que moi, je gère les aspects juridiques et financiers, en m’efforçant d’anticiper le “coup d’après” ». Pour la suite, ils prévoient la privatisation du premier niveau du moulin (lorsque les travaux seront achevés) ainsi que les extérieurs pour des photos de mariage, avec services de traiteur, coiffeur et maquilleur. Un quatrième gîte est envisagé, dans le logement où il habite : « une petite sœur du troisième, avec une baignoire balnéo offrant une vue sur la rivière ». Pour Laurence et Olivier, dans cet accomplissement se joue aussi une certaine idée de transmission. Leurs petites-filles, âgées de 9 et 5 ans, vivent cette aventure à fond, participant déjà à l’accueil des hôtes, une façon de leur montrer qu’on n’a « rien sans rien ». Après tant d’efforts, Laurence et Olivier voient enfin le bout du tunnel et espèrent profiter pleinement de ce lieu magnifique qu’ils ont créé.