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Deux start-up de la santé intégrent Temis Innovation

Innovation. La pépinière bisontine Temis innovation gérée par BGE Franche-Comté et hébergée dans les murs du PMT vient d’accueillir deux nouvelles start-up de la santé : BioToSkin et VeinSound.

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À Besançon, Temis Innovation héberge des start-up, à l’image de BioToSkin et VeinSound. Temis

Elles viennent toutes deux d’intégrer la pépinière de Temis Innovation à Besançon. Ces start-up ont la particularité d’appartenir au vaste domaine de la santé, même si leur champ d’action est lui très éloigné. BioToSkin, porté par Clément Decombe, propose des solutions afin d’accompagner ses clients dans leurs prestations, études, et développements scientifiques dans le domaine cutané. Quant à VeinSound, dirigée par Bernard Greillier, elle s’intéresse au traitement des varices par ultrason. Clément Decombe n’est pas un inconnu à Temis Innovation, puisqu’il était déjà locataire des lieux avec l’entreprise Proviskin, qui après le rachat pour partie d’une autre société (Bioexigence) est devenue BioToSkin. Axée sur la dermatologie, la pharmaceutique et la cosmétique, l’activité se développe autour de deux principaux pilliers : la prestation de services et la vente d’échantillons cutanés et d’équipements de laboratoire. « Notre objectif est de permettre à nos clients d’atteindre une plus grande efficience lors de leurs études in vitro et ex vivo en optimisant leurs processus de recherches et d’approvisionnement en équipement et échantillons cutanés, explique Clément Decombe. Nos échantillons proviennent de déchets d’opération chirurgicales habituellement insinérés. Nous avons pour cela tissé des partenariats avec cinq centres de santé, dont le CHRU de Besançon, et nous devrions rapidement monter à une dizaine d’établissements. Nous pouvons ainsi proposer à nos clients des tissus de peau de l’abdomen, des hanches, des bras, des scalps (pour étudier les effets d’un cosmétique sur les cheveux)... ». Les transactions d’achats et de ventes de ses tissus humains ne se font pas sur les échantillons à proprement parler (cela étant interdit par la loi), mais sur les traitements appliqués à ces tissus. Ainsi BioToSkin prépare ses échantillons (découpe, traitement, packaging...) à façon suivant une liste de caractéristiques définies en lien avec les attentes des clients.

Culture de peau et varices sous ultrasons

En complément des ventes d’échantillons, l’entreprise propose à la vente toute une gamme d’équipements dans le domaine de la biologie cutanée (cellule de Franz pour l’étude de la cinétique d’une cellule à travers une membrane de peau, système de micro-perfusion...).
L’autre atout de BioToSkin est sans contexte, les prestations de services qui permettent d’externaliser les tests et études, pour leurs clients n’ayant pas les équipements nécessaires. « Nous sommes en mesure de réaliser des tests ex vivo (diffusion, microdialyse, histologie, mesure de cicatrisation...) sur matériel frais (moins de 12 heures après intervention) et in vitro basée sur la culture bidimensionnelle et tridimensionnelle de cellules primaires de la peau (évaluation anti-âge, anti pollution, reconstruction épidermique..) », développe Clément Decombe.
Les clients de BioToSkin, essentiellement franco-suisses, sont des laboratoires pharmaceutiques (324 entreprises dont 250 start-up), des sociétés cosmétiques (477 entreprises pour un chiffre d’affaires de dix millions d’euros), et des entreprises de recherche clinique (44 sociétés). « Nous avons développé des partenariats avec des distributeur pour les marchés étrangers : Insight Biosultion pour l’Amérique du Nord et Nikkol Group pour l’Asie. Un marché particulièrement porteur pour nous sur le domaine de la prestation de service, puisqu’en Asie la loi interdit les études sur échantillons frais ».
Après avoir découvert - au sein du Labtau, une unité de l’Inserm - les possibilités des ultrasons thérapeutiques en 1985, Bernard Greillier a mis en évidence l’intérêt des thérapies par ultrason pour soigner beaucoup de pathologies et notament celle des varices. « C’est une maladie qui affecte 600 millions de personnes dans le monde entier (18 à 23 % de la population). L’étude dite “Edinburgh Vein Study” montre que 32 % des femmes et 40 % des hommes, sur une cohorte de 1.566 sujets sélectionnés au hasard, présentaient des varices », développe Bernard Greillier. C’est pour répondre à cette problématique de santé publique qu’il décide de créer, en 2017, la start-up VeinSound composée d’une équipe de quatre personnes, dont lui-même, toutes dotées d’une expérience médical et/ou dans les hight tech. « Les varices sont des veines dilatées et tortueuses du système veineux superficiel qui conduisent à un reflux sanguin qui induit crampes et douleurs mais aussi, à terme, des thromboses. Aujourd’hui pour traiter cette maladie, il faut faire appel à des traitements invasifs tels que l’ablation par radiofréquence et la sclérothérapie, présentant des risques d’effets secondaires plus ou moins important. Avec VeinSound nous développons un dispositif qui permet de traiter cette pathologie en cabinet de ville. Lors d’une consultation d’angiologie ou de phlébologie, le praticien peut traiter les varices sans bistouri, ni injection, ni bloc opératoire et le patient peut reprendre une activité normale dès le lendemain. Le traitement par Ultrasons focalisés à haute intensité (UFHI) ressemble à une échographie classique, ce qui ne nécessite aucun changement de méthode pour le médecin. Les UFHI créent un phénomène de bulles de cavitation dans les varices cibles, détruisant la structure des tissus environnants. Les varices sont traitées de manière curative, mais aussi préventive, pour éviter de laisser le réseau veineux se dégrader », développe Bernard Greillier. La start-up vient de terminer un premier prototype de son dispositif innovant, une preuve de concept a été obtenue avec des essais réalisés sur des animaux (brebis et lapins) et les premiers essais cliniques sur des varices humaines devraient démarrer en septembre à Grenoble. Cette étude pilote, sur une cinquantaine de patients, doit permettre de démontrer les taux de réussite escomptés et les faibles risques de la méthode (pas de douleurs, de brulures...). Elle devrait être suivie d’autres études plus vastes et d’un marquage CE. Enfin, « des discussions sont en cours avec un industriel des métiers de l’échographie pour un apport en capital et en industrie dans notre start-up », conclut Bernard Greillier.