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DFCO : une reconstruction sportive et financière

Sport. À quelques jours du premier match de la saison qui opposera les Dijonnais à Bourg-Péronas le 16 août au stade Gaston-Gérard, le président-propriétaire du DFCO, Pierre-Henri Deballon, fait le point sur la situation du club et la direction qu’il souhaite lui faire prendre.

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Photo du DFCO
(Crédit : DFCO)

Quatre ans : c’est le temps qu’il a fallu au DFCO pour dégringoler de la première division française (Ligue 1) à la troisième (National 1). « Le club est, encore aujourd’hui, structuré pour jouer plus haut, témoigne Pierre-Henri Deballon, fondateur de la startup dijonnaise Weezevent et président du DFCO depuis début juillet. L’équation est intenable à long terme : mon premier engagement est d’assurer la pérennité du club, qu’il ne disparaisse pas. Il n’y a pas d’urgence. J’hérite en réalité d’une situation très positive sur les infrastructures, les difficultés sont surtout liées aux chocs externes ». Covid, imbroglio autour des droits de diffusion du football professionnel, flambée des coûts, marché de plus en plus spéculatif... le DFCO a tout pris de plein fouet. Car si le club génère un peu plus de 12 M€ de chiffre d’affaires, il perd chaque année 5 M€ d’exploitation à cause notamment de la disparition des droits TV en National (un manque à gagner de plus de 8 M€), des infrastructures coûteuses et de certains problèmes structurels. « En reprenant le club, j’ai observé un gros défaut – qui est d’ailleurs plutôt inhérent au monde du football : celui de prendre des recettes exceptionnelles et de les transformer en fixe, explique le nouveau président. On ne peut pas tout miser sur la vente d’un joueur pour rentrer dans les clous. Je crois en la création de valeur et je souhaite mettre en place un modèle sain : on gagne un euro, on dépense un euro, pas plus ».

En véritable entrepreneur, Pierre-Henri Deballon entend bien restructurer le DFCO pour lui garantir un avenir. « Mon rôle est de donner une vision et de prendre des décisions, résume-t-il. Des choix forts et difficiles devront être pris pour la survie du projet, notamment pour la section féminine qui peine à attirer et qui est déficitaire d’environ 750.000 € par an. On travaille pour trouver des partenaires et que les collectivités participent ; c’est un vrai chantier de fond mais on n’a pas le luxe de tout faire ».

La question se pose aussi pour les ressources humaines ; les effectifs seront peut-être trop denses pour permettre la bonne santé financière du club. « Sur les trois prochaines années, c’est ok, rassure Pierre-Henri Deballon, mais je préfère anticiper et prendre des décisions difficiles plutôt que d’être dans une situation intenable comme on l’a vu récemment à Bordeaux ou à Sochaux. J’investis personnellement, la ville participe aussi et nous avons encore des joueurs avec une bonne valeur marchande. L’objectif (pour l’équipe masculine, Ndlr) est de remonter en Ligue 2 dans les trois ans ; c’est un objectif ambitieux mais lucide. Au-delà, on devra repenser notre stratégie ».

Nouveau paradigme sportif

« Nous ne sommes pas dans une logique de tout miser sur une année pour remonter coûte que coûte, rappelle Pierre-Henri Deballon. On construit un collectif : mon projet s’inscrit sur le temps long ». L’arrivée de Baptiste Ridira à la tête de l’équipe première en est le symbole : « J’étais plutôt dans une logique de continuité, concède le président, mais finalement c’est une bonne chose. Cela m’a permis de mettre ma patte et d’assumer une logique de pari. On va chercher dans les divisions du dessous des personnes qui ont faim et qui voient les difficultés comme des challenges à surmonter ». Le DFCO entend ainsi s’appuyer sur le vivier local et faire confiance à des noms moins ronflants, davantage concernés par le projet du club.

  • Photo du 11 dijonnais
    Le 11 dijonnais aligné par Baptiste Ridira le 26 juillet part affronter le FC Sochaux en match amical. Victoire 3 buts à 2. (Crédit : DFCO)
  • Photo de l'équipe féminine du DFCO
    L’équipe féminine du DFCO - en proie aux difficultés financières -, entraînée depuis 2022 par Sébastien Joseph, s’est, elle, maintenue en première division et fera son retour dans l’élite du football féminin français le 21 septembre face à Strasbourg. (Crédit : DFCO)

« On veut des joueurs qui ont envie, insiste Pierre-Henri Deballon. Nous avons fait quelques analyses et nous nous sommes aperçus qu’il n’y avait pas de corrélation forte entre joueur beaucoup payé et joueur performant. La priorité c’est l’équipe, pas les joueurs. Ceux qui ne veulent pas se battre doivent trouver un projet qui leur corresponde ; ici, il faut revenir à une forme d’humilité. Aujourd’hui j’observe un bon état d’esprit et de bonnes vibrations. Je compare souvent le monde du sport à celui de l’entreprise : on perdra des matchs comme on perd parfois des appels d’offre, mais il faut tout donner. Quand on mouille le maillot, quand on se bat sur le terrain, ça finit par payer. Les supporters veulent voir des joueurs qui se donnent à fond pour leurs couleurs, et auxquels ils peuvent s’identifier ».