Dijon Céréales et TotalEnergies carburent ensemble à l’agrivoltaïsme
Côte-d’Or. Lundi 9 décembre TotalEnergies et Dijon Céréales signaient le renforcement de leur partenariat débuté il y a quatre ans visant à co-développer des projets agrivoltaïques. Objectif : couvrir 600 hectares de terres agricoles dans les deux à trois ans.
La coopérative aux 400 M€ de chiffre d’affaires et aux 3 500 adhérents, Dijon Céréales, le sait mieux que personne : la communauté agricole fait face à une conjoncture difficile mêlant crise économique et financière, guerre commerciale, déstabilisation politique, réglementation contraignante et dérèglement climatique. Des turbulences qui menacent de plus en plus la pérennité des exploitations régionales, mais dans lesquelles Didier Lenoir, président de Dijon Céréales, voit tout de même une lueur d’espoir : « Nous traversons certes une période compliquée, mais tout n’est pas fichu. Nos métiers restent attractifs et indispensables à la France. L’enjeu est de trouver de nouveaux leviers de croissance pour offrir davantage de résilience à nos exploitations et inciter les jeunes générations à franchir le pas de l’installation. »
Sécuriser les revenus des agriculteurs
Cette quête de la diversification des ressources a déjà commencé au sein de Dijon Céréales et a pris corps en 2023 avec la création de l’association l’Alliance BFC réunissant sous une même bannière les compétences et expertises des trois coopératives Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise. Cette structure s’est donnée comme mission de construire l’avenir de l’agriculture en Bourgogne Franche-Comté. Pour cela, elle mise sur une R&D dynamique pour innover, notamment par l’identification et la mise en place de nouvelles productions comme les abricots ou en cherchant à optimiser la production agricole grâce à l’appui du digital et de la data. Elle travaille à renforcer les débouchés locaux dans un contexte d’exportation tendu, via la création de la marque « Nous Autrement » ou le développement de l’offre de protéines régionales en circuit-court. Enfin, le développement de l’agroénergie (méthanisation, agrivoltaïsme) offre un vrai potentiel de sécurisation des revenus pour les agriculteurs. Et c’est bien sur ce dernier volet que porte l’engagement de coopération qui lie Dijon Céréales et TotalEnergies depuis maintenant quatre ans et qui vient de faire l’objet d’un renforcement par la signature lundi 16 décembre d’un partenariat de co-développement pour l’agrivoltaïsme régional qui engage les deux parties sur 30 à 40 ans.
« Notre volonté est de pousser nos agriculteurs à atteindre l’objectif d’avoir 30 à 40 % du chiffre d’affaires de leur exploitation qui soit résilient face aux aléas climatiques à l’horizon 2050 », argue Christophe Richardot, directeur général de Dijon Céréales. Avec GRDF, nous avons ouvert à Cérilly le 30 juillet l’une des plus grosses unités de France de méthanisation alimentée en seigle fourrager. Un investissement de 95 M€, qui offre un revenu de diversification à plus de 150 cultivateurs et une production annuelle de gaz d’environ 230 GWh. Alors que trois autres projets de méthanisation sont en cours, avec TotalEnergies, nous ambitionnons de faire pareil sur le volet agrivoltaïsme en devenant coproducteur d’énergie. « L’agrivoltaïsme ouvre un champ des possibles immense pour nos adhérents. Il y a une vraie opportunité de faire autre chose que du maïs sous ces panneaux, de tester des idées nouvelles, de tirer parti de l’ombrage et de la protection pour innover. C’est aussi un moyen pour l’agriculteur de se réaliser et un vecteur d’attractivité pour nos jeunes, très en lien avec les attentes sociétales », appuie Didier Lenoir.
Un partenariat entre 200 et 400 M€
Avant cette signature, qui projette de sécuriser les revenus des agriculteurs de Dijon Céréales sur 600 hectares de terres agricoles côte-d’oriennes dans les deux à trois ans, les deux partenaires ont implanté en 2021 un démonstrateur agrivoltaïque composé de panneaux photovoltaïques bifaciaux verticaux à Channay dans le Châtillonnais visant à la fois l’étude de l’évolution de la qualité des sols, de la qualité environnementale et du rendement avec ou sans panneaux photovoltaïques, mais aussi la « bonne entente » des deux parties. Le site a déjà accueilli plus de 1 000 visiteurs professionnels et institutionnels. « Avant de signer, nous avions besoin de bien nous connaître, d’être convaincus d’être de bons partenaires, avant de nous engager sur 30 à 40 ans… Cela fait maintenant quatre ans que nous travaillons ensemble, cette signature est l’aboutissement de cette période de fiançailles. C’est le mariage entre des personnes qui partagent la même vision des agriculteurs », affirme Marin de Montbel, directeur général de TotalEnergies. Les deux « mariés » injecteront entre 200 et 400 M€ dans ce partenariat qui vise, dans un premier temps, la production de 200 MWc, soit l’alimentation en électricité de 100 000 habitants de Côte-d’Or d’ici 2030. Côté répartition des rôles : Dijon Céréales identifiera les exploitations les plus adaptées pour accueillir des projets agrivoltaïques, et ce « sans ségrégation », précise Didier Lenoir.
Cela sera ouvert aussi bien aux éleveurs qu’aux maraichers, en passant par les producteurs de céréales, en bio comme en conventionnel. TotalEnergies, fort de ses 3 000 chercheurs et techniciens qui travaillent sur les énergies renouvelables, se chargera des études, du développement, de la construction et de l’exploitation du projet en co-activité avec les agriculteurs.
Des sociétés d’exploitation seront créées avec une répartition du capital entre les deux parties. Les agriculteurs pourront espérer un revenu, sous forme de loyer en lien avec la mise à disposition de leur terrain, entre 1 500 et 2 000 €/ha/an, ainsi qu’une amélioration de leur productivité grâce à la présence des panneaux photovoltaïques. « Les solutions agrivoltaïques seront adaptées aux besoins de chaque exploitation et resteront à taille humaine », précise Didier Lenoir, affirmant que l’ensemble des projets devrait occuper moins de 1 % de la surface agricole totale. Le duo a déjà une dizaine de projets en cours de développement pour plus de 300 hectares dans la région. Le premier projet devrait pouvoir entrer en phase d’exploitation en 2028.