« Dijon Métropole future capitale européenne de l’hydrogène »
Environnement. Le 19 mai marquait le début des travaux d’un ambitieux projet d’hydrogène vert de 100 millions d’euros qui prévoit la production locale d’hydrogène décarboné grâce à deux stations construites à Dijon et un vaste programme d’équipement de la collectivité en bennes à ordures et en bus fonctionnant à l’hydrogène. Une première en France.
Si le titre de cet article peut sembler de prime abord manquer de modestie, il est surtout le reflet de l’enthousiasme non feint de Christophe Rougeot, partie prenante de l’ambitieux projet métropolitain, en tant que président de la SAS Dijon Métropole Smart Energhy, créée pour l’occasion. Un projet doté d’un montant d’investissement de 100 millions d’euros qui ambitionne, selon l’homme des travaux publics de « gagner la bataille du climat en local, grâce au territoire ».
Présenté mercredi 19 mai, lors d’une pose symbolique de première pierre, à Dijon Nord, en face de l’usine d’incinération d’ordures ménagères, François Rebsamen, président de Dijon Métropole et maire de la ville, a dévoilé les grandes lignes de son ambition hydrogène, parlant d’une « révolution à venir de notre modèle énergétique local ». Le futur écologique du territoire passe ainsi par la construction de deux stations de production d’hydrogène propre aux portes de Dijon, qui devraient permettre, dès 2023, de réduire les émissions CO2 des transports publics du territoire de 1.726 tonnes par an, soit l’équivalent de 24 millions de kilomètre en voiture citadine. En 2026, plus de 4.200 tonnes de CO2 par an devraient pouvoir être évitées par Dijon métropole, soit environ 58 millions de kilomètres en voiture ou encore 4.200 allers-retours Paris-New-York.
« Nous inventons à Dijon un système énergétique territorial au service de la croissance verte inédit en France. L’écosystème vertueux de production et de consommation locales d’hydrogène produit à partir des déchets ménagers alimentera bus et bennes à ordures ménagères. »
François Rebsamen, maire de Dijon, président de Dijon métropole
Le projet d’hydrogène vert lancé en 2020 par Dijon métropole repose sur la production locale par électrolyse d’hydrogène vert qui permettront, dès 2023, d’alimenter les premières bennes à ordures ménagères propres fonctionnant à l’hydrogène de France (huit mises en service en 2022) et de la plus grande flotte de bus à hydrogène du pays (27 bus en service en 2023). « Dijon métropole dépasse la dimension symbolique et se hisse au rang des territoires moteurs en matière de mobilité à l’hydrogène vert à l’échelle nationale », défend François Rebsamen. D’ici 2026, la métropole entend déployer une flotte de véhicules propres composées de 22 bennes à ordures ménagères converties à l’hydrogène vert et de 62 bus hydrogène vert en service. Au total, sur une période de dix ans (de 2021 à 2030), l’objectif est de renouveler l’intégralité de son parc de véhicules lourds en hydrogène soit les 44 bennes à ordures ménagères et les 180 bus de la métropole. Pour optimiser les coûts d’acquisition des bennes à ordures fonctionnant à l’hydrogène, Dijon Métropole s’est associée à Le Mans Métropole et Angers Loire Métropole dans le cadre d’une offre d’achat groupée. Le 4 mai 2021, les trois collectivités ont passé commande de 29 bennes à ordures ménagères, à raison de : 20 bennes sur les cinq prochaines années pour Dijon métropole, six bennes pour Le Mans Métropole, au rythme de deux par an et trois bennes pour Angers Loire Métropole. Marseille Métropole devrait s’ajouter à la liste des contributeurs
Favorise la souveraineté énergétique du territoire
La capacité de production des deux futures stations permettra également de proposer aux entreprises et collectivités locales volontaires du territoire de convertir leurs propres parcs et de s’alimenter en hydrogène vert, et de développer enfin un usage grand public des véhicules à hydrogène.
« Il s’agit d’un projet unique en France et en Europe qui servira de démonstrateur à d’autres collectivités. Avec ce projet, Dijon participe à la démocratisation de l’hydrogène comme alternative zéro-émission pour les transports publics, professionnels ou privés et propose ainsi un véritable changement de modèle énergétique local. »
Christophe Rougeot, Président de Dijon Métropole Smart Energhy
Le modèle développé par la collectivité repose sur l’économie circulaire. L’hydrogène vert est en effet produit par la combustion des déchets issus de la collecte des ordures ménagères des habitants par l’unité de valorisation énergétique dijonnaise et la construction future d’une ferme photovoltaïque de 12 hectares, sur l’ancienne décharge inerte de la ville. « En structurant une filière locale autour d’une énergie propre sur le plan environnemental, Dijon métropole construit une politique énergétique d’avenir qui anticipe la raréfaction des ressources énergétiques non renouvelables ».
Dans le détail, la première station hydrogène, située au nord de Dijon, sera mise en service début 2022. Elle aura une capacité quotidienne de production de 440 kilogrammes d’hydrogène, multipliée à terme par deux avec la construction d’une extension. Sa production s’appuiera essentiellement sur l’unité de valorisation énergétique qui traite les déchets ménagers de 88 % de la population de la Côte-d’Or.
La seconde station, située au sud de Dijon, sera mise en service en 2023, pour alimenter en hydrogène les bus de la métropole dijonnaise, avec une capacité de 880 kilogrammes d’hydrogène par jour, qui pourra être triplée. Elle sera alimentée grâce aux énergies renouvelables du territoire. Située à proximité de stations TER, elle a également vocation à alimenter un futur train hydrogène en développement.
Pour réaliser ce projet, Dijon métropole s’est associée au groupe local Rougeot Energie pour développer un système de production, en créant la co-entreprise Dijon Métropole Smart EnergHy (DMSE), « véritable pole d’expertise locale ». En janvier 2021, Storengy, filiale d’Engie, spécialiste du stockage de gaz et du développement des gaz renouvelables est entrée au capital de DMSE.
Grâce à ce projet, Dijon s’impose comme le moteur d’une filière d’avenir au cœur d’un territoire labellisé « Territoire Hydrogène » grâce au projet ENRgHy qui vise à déployer une filière industrielle basée sur l’économie hydrogène. « L’hydrogène prouve tout le bien fondé de la fusion des régions de Bourgogne et de Franche-Comté », affirme Jean-Claude Lagrange, vice-président, en charge du développement économique, de la nouvelle croissance et de l’emploi à la région Bourgogne Franche-Comté. « C’est au Nord Franche-Comté, que ce trouve le FCLab, plus grand centre européen de recherche sur les systèmes pile à combustible. Celui-ci a connu la première immatriculation française de véhicule à hydrogène. Quant à L’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM), elle compte en ses murs le plus grand banc d’essai de piles à combustible de forte puissance (Hyban) d’Europe, basé sur la plateforme hydrogène-énergie, installée au cœur du Tech’Hom. On peut également évoquer les ambitions de Faurecia sur l’hydrogène, la valorisation d’hydrogène “fatal” à Dole, avec le projet “Vhyctor”, les tests d’un système de mobilité articulé à 100 % autour de l’hydrogène et des énergies renouvelable à Auxerre avec le projet “Eolbus” et à Saint-Florentin avec “Hycaunais”... Autant de perspectives d’emploi, de développement de la formation autour de cette filière, de dynamisation du territoire... Ce que l’on appelle de la politique par la preuve ! ». Et Christophe Rougeot d’ajouter : Ces projets d’avenir maillent le territoire comme jamais et permettent de voir s’éloigner le spectre de la fuite des cerveaux. Nous construisons en Bourgogne Franche-Comté quelque chose de tout à fait original, sur-mesure, s’appuyant sur les atouts des écosystèmes locaux. Un véritable modèle innovant de transition écologique territoriale, conclut Michel Neugnot, vice-président en charge de finances, des RH, de la modernisation de l’administration, des transports, de déplacements et l’intermodalité à la région Bourgogne Franche-Comté.