Dossier Formation : La Gen Z au coeur de la formation
Formation. Fin novembre 2024, 1.036.800 personnes sont en contrat d’apprentissage, soit un effectif en hausse de 1,8 % par rapport à fin novembre 2023.
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Fin novembre 2024, 1 036 800 personnes sont en contrat d’apprentissage, soit un effectif en hausse de 1,8 % par rapport à fin novembre 2023 (+1,5 % pour les formations de l’enseignement secondaire et +2 % pour les formations de l’enseignement supérieur), selon les chiffres du ministère du Travail. Le Projet Annuel de Performances annexé au projet de loi de finances pour 2025 prévoyait un nombre de nouveaux contrats d’apprentissage fixé à 849 281 pour l’année 2025, soit une légère baisse par rapport aux années précédentes.
Le gouvernement affiche une volonté claire de cibler davantage les formations aux premiers niveaux de qualification (CAP et Bac), en augmentant la part des contrats d’apprentissage à ces niveaux. L’objectif est d’atteindre 57 % des contrats dans les niveaux 3 et 4, contre seulement 38,4 % en 2023. Ce choix repose sur des études démontrant que les jeunes préparant ces diplômes trouvent plus facilement un emploi, et ce dès la sortie de leur formation ; il est également à mettre en corrélation avec les besoins des entreprises, et ce tout particulièrement dans les filières industrielles (usinage par exemple), mais s’inscrit aussi dans le cadre de la maîtrise des budgets publics : l’apprentissage aura ainsi coûté plus de 20 milliards d’euros entre 2018 et 2021. 2025 marque donc un tournant dans les aides accordées par l’État à l’embauche d’apprentis (voir encadré), facilitée depuis 2018 par la loi travail portée en son temps par Muriel Pénicaud et guidée par l’objectif affiché par Emmanuel Macron : un million de contrats d’apprentissage signés par an.
Intégrer et fidéliser les jeunes
Si les professionnels (voir pages suivantes) ont des avis nuancés sur la question précise de l’attractivité du dispositif dans un contexte budgétaire contraint, il en est une sur laquelle la réflexion est assez unanime : celle de l’intégration de ces jeunes, nés entre 1995 et 2010, « digital natives » communément regroupés sous l’appellation « Gen Z ». Selon une étude Ipsos pour le réseau d’Écoles d’ingénieurs Cesi datant de juin 2024, les chiffres sont éloquents : 86 % des dirigeants estiment cette génération de salariés comme « vraiment différente de la génération d’avant » , 70 % qu’il est « difficile d’identifier leurs aspirations professionnelles », 49 % qu’il est « difficile de la faire évoluer dans le monde de l’entreprise ». Plus à l’aise avec les outils digitaux et d’intelligence artificielle pour 90 % des chefs d’entreprise interrogés, les salariés de la Gen Z sont perçus à 72 % comme plus attentifs à leur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Résultat : ils sont aussi perçus comme « moins fidèles à l’entreprise » pour 72 % des dirigeants, et « moins respectueux de la hiérarchie et de l’autorité » (53 %).
86% des chefs d’entreprise jugent la Gen Z vraiment différente de la génération précédente. [1]
La même proportion de chefs d’entreprise estime « difficile de fidéliser les jeunes salariés qu’ils souhaiteraient garder au sein des effectifs » et 50 % qu’il est « difficile de comprendre les attentes de ces jeunes salariés à l’égard de l’entreprise ». Pour leur part, 91 % des jeunes interrogés estiment qu’avoir un travail que l’on apprécie est « une condition essentielle pour être heureux ». Ils ne sont que 47 % à estimer que « réussir leur vie professionnelle est un objectif essentiel » et malgré la situation économique, « seulement 22 % se déclarent prêts à conserver un emploi stable s’ils en trouvent un, même s’ils ne s’y épanouissent pas ». 51 % trouvent « primordial » l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, 80 % au total le trouvent soit « primordial » soit « important ». Presque 47 % estiment « primordial » la rémunération et les avantages sociaux, un chiffre qui monte à 77 % avec le critère « important ». L’égalité hommes-femmes intéresse 72 % des jeunes. Les indicateurs sont à peu près unanimes, l’attractivité des entreprises et sa capacité à retenir les jeunes talents sera fondée sur sa RSE. Autant de critères et de réflexions à prendre en compte non seulement lors de la formation mais aussi lors de l’intégration de ces jeunes salariés. La très bonne nouvelle est que ces derniers sont prêts à s’investir pour une entreprise dès lors qu’ils en partagent les valeurs (à 74 %), au-delà de leur fiche de poste (à 73 %) et 79 % sont confiants dans leur insertion dans le monde du travail. À cet égard, la formation professionnelle, au contact direct avec la vie de l’entreprise semble en adéquation avec leurs aspirations.
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[1] Source : Quel rapport la Gen Z entretient-elle avec l’entreprise ? (Enquête Cesi/IPSOS du 18 Juin 2024).