Écollant pose ses valises à Joigny
Yonne. Une usine de recyclage textile reposant sur un procédé innovant s’implantera prochainement à Joigny. Portée par Laurent Trognon, elle représente un investissement de près de 5 M€.
Fondée autour d’un procédé inédit permettant d’extraire le polyamide de textiles complexes, Écollants’est imposé en quelques années comme l’un des acteurs technologiques les plus prometteurs du recyclage textile. L’entreprise a développé un processus de déconstruction entièrement breveté, fruit de plusieurs années de recherche et d’essais, dans un secteur où les solutions industrielles restent rares.
Contrairement aux approches traditionnelles qui se limitent à l’incinération ou à l’enfouissement, Écollant parvient à isoler un polyamide de haute qualité, apte à être retissé et réintroduit dans la chaîne de production. Cette innovation a valu à l’entreprise d’être récompensée dès ses premières avancées, à une époque où le projet apparaissait encore trop risqué pour nombre d’acteurs financiers et scientifiques. Jusqu’à présent, Écollant fonctionnait à l’échelle de pilotes de laboratoire ou de micro-lignes expérimentales, en 2026 la start-up entend passer un cap.
Une première usine
Laurent Trognon s’apprête à s’installer à Joigny dans une usine de 1.800 m2. L’entreprise prévoit de démarrer sur un rythme de 100 tonnes traitées la première année, avec un objectif de 20.000 tonnes à horizon quatre ans : « Même à ce niveau, ils resteront loin de la demande », estime Nicolas Soret, maire de Joigny. Le choix de la commune n’est pas anodin. L’usine prendra place dans un bâtiment déjà existant, avec quelques travaux, surtout de réaménagement : « Le budget total est de 5 M€, Il comprend l’achat des machines et le coût humain », annonce Laurent Trognon.
Si ce bâtiment a été choisi plutôt qu’un autre c’est aussi parce qu’il est suffisamment dimensionné pour accompagner la croissance attendue. Surtout, l’implantation relève d’un retour aux sources pour l’entrepreneur, originaire du territoire, qui souligne la confiance initiale reçue localement à une période où son projet paraissait trop risqué aux yeux de nombreux acteurs. L’unité devrait employer 17 personnes dès la mise en service en janvier, avant de viser plus haut. « Quand on sera au plus fort de la production, on espère pouvoir accueillir 30 à 40 personnes », ajoute Laurent Trognon.
En attendant, 2026 doit marquer un véritable basculement pour l’entreprise : « C’est l’année la plus sujette à caution. On va devoir tout tester et être sûr que le projet marche bien, afin de pouvoir monter rapidement en puissance ». Une accélération d’autant plus stratégique que la filière textile européenne s’organise sous la pression de nouvelles réglementations environnementales et de l’instauration progressive d’une responsabilité élargie des producteurs. Les marques recherchent des solutions industrielles capables d’absorber des volumes importants, à des coûts maîtrisés. Si la technologie développée à Joigny confirme sa fiabilité à grande échelle, l’entreprise pourrait devenir un partenaire incontournable de ces nouvelles chaînes d’approvisionnement circulaires.