ESS : première sur l’emploi en BFC face au privé
Emploi. Mercredi 13 novembre, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire BFC ainsi que les Urssaf Bourgogne et Franche-Comté présentaient, à Dijon, leur note de conjoncture conjointe sur l’Économie sociale et solidaire en Bourgogne Franche-Comté.
À fin juin 2024, la Bourgogne Franche-Comté comptait 6.980 établissements employeurs relevant du champ de l’Économie sociale et solidaire (ESS) dans le privé hors agriculture. « Cela représente 93.550 salariés, soit 14 % des effectifs du secteur privé de la région, détaille Isabelle Wehr, responsable du service statistiques de l’Urssaf Franche-Comté. Ces travailleurs de l’ESS de BFC sont pour 70 % des femmes (contre 42 % dans le privé classique) et sont plus âgés en moyenne que dans le privé hors ESS (58 % ont entre 30 et 54 ans, contre 59 % dans le privé hors ESS) ».
Une croissance de l’ESS portée par l’alternance
Huit grands secteurs représentent 80 % de l’emploi régional dans l’ESS avec deux mastodontes que sont l’hébergement médico-social (22 %) et l’action sociale sans hébergement (13 %). Côté contrats, le CDI reste plébiscité dans l’ESS avec 11 % des offres contre 4 % dans le privé lucratif. « Sur un an (juin 2023 à juin 2024), l’emploi dans l’ESS en région a progressé de 1,12 % contre 1,08 % en France avec une hausse des postes constatée dans la majorité des secteurs (+480 postes dans l’hébergement médico-social, +160 postes dans les activités pour la santé et +150 postes dans l’enseignement). Depuis la crise sanitaire (comparaison juin 2019 – juin 2024), l’ESS a gagné 3.740 postes, dont 1.000 entre juin 2023 et juin 2024, précise Jeanne-Clémence Andrey, responsable du service statistiques de l’Urssaf Bourgogne. Cette croissance est principalement soutenue par la montée en puissance de l’alternance dans l’ESS : environ 3.000 alternants ont intégré l’ESS à fin juin 2024 (contre 1.200 en 2019) ».
« En comparant l’évolution de l’ESS au reste de l’économie privée, il apparaît qu’au niveau régional, l’ESS fait “mieux” en termes d’emploi que le privé lucratif (+0,5 % pour l’ESS en région contre -0,1 % pour l’économie privée hors ESS en 2023), la courbe de l’ESS restant toujours au-dessus de celle du privé lucratif de 2012 à 2023, alors que les courbes se croisent dès 2017 au niveau national, avec une économie privée lucrative globalement plus dynamique que l’ESS, ajoute François Baulard, directeur de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) BFC. Ces chiffres globaux plutôt encourageants pour l’ESS régionale ne doivent pas masquer deux phénomènes : d’une part, c’est bien l’apprentissage qui permet à l’ESS d’afficher des taux de croissance positifs. De plus, avec ses +0,5 %, la Bourgogne Franche-Comté se situe en huitième position des régions de France métropolitaine concernant la croissance de l’emploi d’ESS en 2023. Cela constitue une nette amélioration par rapport à 2022, où notre région se classait en dernière position mais cela traduit également que la dynamique de créations d’emplois dans l’ESS reste faible en BFC. Par ailleurs, les difficultés structurelles en matière d’emploi dans certains secteurs d’activités sont toujours bien présentes, notamment au niveau de l’aide à domicile qui a perdu 1.750 postes (-18 %) entre juin 2023 et juin 2024 ».
L’aide à domicile décroche
Une tendance qui s’inscrit dans la durée puisque depuis 2010, cette activité a perdu 4.221 postes. « Ce secteur est confronté à un fort problème de recrutement avec plus de 800 postes qui restent vacants dans les associations et 10 % des demandes d’aide à domicile qui ne sont pas satisfaites, abonde Lionel Matz, directeur de l’Urssaf Bourgogne. Les raisons sont à chercher du côté des conditions de travail jugées plus difficiles et de la problématique des déplacements dans les zones rurales, là où les acteurs privés lucratifs sont moins présents. Le modèle économique est également en cause avec une rémunération du service proposé par ses structures trop faible pour garantir leur équilibre économique, ce qui se traduit par une baisse de l’activité et des emplois alors même que les besoins sont en forte croissance ».
Une ESS financée en BFC
Même si les entreprises de l’ESS se distinguent par leur gouvernance (coopératives, associations et mutuelles) ou leur objet (insertion des personnes, recyclage et réemploi du matériel, développement de projets équitables…), elles sont considérées avant tout comme des entreprises à part entière. Elles bénéficient donc, à ce titre, de tous les services de la région visant à soutenir l’activité économique, l’innovation et éventuellement l’export. Différents leviers d’action sont mobilisables à toutes les étapes de la vie de l’entreprise, comme un accompagnement spécifique lors de la création d’activité qui nécessite souvent plus de trésorerie ou lors du passage de caps importants lors d’un projet de développement. Une aide à l’emploi ou encore un soutien à l’investissement matériel complète l’offre des aides économiques.
Le Conseil régional souhaite également favoriser la professionnalisation des acteurs de l’ESS grâce à la qualification des emplois et le décloisonnement de ce champ d’activité afin de l’ouvrir aux investisseurs. L’innovation occupe une place centrale dans l’ESS, notamment dans ses dimensions sociales et organisationnelles. La créativité est de mise pour les levées de fond, la gouvernance, les partenariats public-privé, la construction en réseau... À ce titre, la région encourage cette innovation par des financements individuels et/ou accordés à des structures partenaires relais, au bénéfice des initiatives des entreprises. Ainsi, en 2024, ce sont près de 10 M€ au total qui sont consacrés par la région à l’ESS. Par ailleurs, sur la période 2023-2024 en Bourgogne Franche-Comté, la Banque des Territoires a mobilisé 1,1 M€ en soutien de l’écosystème de l’ESS, 2,4 M€ en investissement direct dans 11 projets à impact et 1,5 M€ en dotation des fonds locaux de France Active.