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Filière automobile : bouleversée, brutalisée mais pas résignée

Région BFC. Mi-septembre, le Pôle Véhicule du Futur conviait les acteurs de la filière automobile et mobilités à la « Rencontre de la Filière Auto » et à la remise des Trophées de la Performance chez Lisi Automobile à Grandvillars (90). L’occasion de revenir sur une année 2024 charnière pour un secteur économique en plein mutation.

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Photo de Ludovic Party, Thierry Tournier, Emmanuel Gauss, Vincent Thinus et Guillaume Renouf
De gauche à droite : Ludovic Party, directeur PerfoEst chez Pôle Véhicule du Futur, Thierry Tournier, président du Pôle, Emmanuel Gauss, directeur général de Plastigray, Vincent Thinus, Pdg de Setforge Hot Formers et Guillaume Renouf, directeur de l’usine de Delle de Lisi Automotive Former. (Crédit : JDP)

Face aux défis environnementaux, économiques et technologiques, la filière automobile et mobilités est contrainte de se réinventer en profondeur et à marche forcée. « C’est tout un secteur qui a été bouleversé et brutalisé par la transition écologique et l’intensité des efforts demandés pour réduire l’empreinte carbone des véhicules en un temps extrêmement court, argue Thierry Tournier, président Pôle Véhicule du futur lors de la dernière “Rencontre de la Filière Auto”. Sur le plan social, la décarbonation et la montée en puissance des technologies numériques modifient les compétences requises, nécessitant des programmes de formation et de reconversion pour les salariés de la filière ».

D’importants virages à négocier

L’année 2024 apparaît comme une période charnière pour l’industrie automobile française qui doit prendre à la fois les virages de la technologie, de la montée en compétence et de la compétition internationale. « Si l’électrification du parc progresse à grand pas, les avancées technologiques sur lesquelles le secteur peut trouver des leviers de croissance ne sauraient se limiter à cette seule dimension, d’autant que le net ralentissement des ventes de véhicules électriques ces derniers mois (-10,8 % en Europe en juillet 2024) appelle à la prudence », ajoute Thierry Tournier.

Ainsi, les véhicules autonomes et connectés gagnent du terrain : investir dans la recherche et le développement des aides à la conduite est un indispensable pour rester compétitif sur un marché en plein expansion. « Si la transition écologique reste au cœur des préoccupations de la filière, qui n’en discute pas la pertinence, celle-ci n’est pas exempte de défi, rappelle le président. La hausse des coûts de production et le surcoût des véhicules électriques dégradent la compétitivité des véhicules produits en France et en Europe au bénéfice de ceux qui sont construits en Asie ».

Des pouvoirs publics attendus en soutien

Dès lors, pour pouvoir négocier au mieux le virage de la compétition, le rôle des pouvoirs publics apparaît crucial : « L’Europe et le gouvernement français ont mis en place plusieurs nouvelles normes environnementales et des mesures pour taxer les véhicules en provenance d’Asie qui sont fortement carbonés de par leur fabrication et leur transport. Le Pôle Véhicule du Futur joue aussi un rôle clé dans l’accompagnement de la filière dans sa nécessaire transformation, notamment par ses programmes de soutien à la recherche et à l’innovation, d’aide à la transformation des usines, de digitalisation des process, de décarbonation des moyens de production ou d’accompagnement à l’électrification des véhicules jusqu’aux poids lourds 44 tonnes et aux trains, développés au plus près du terrain et soutenus financièrement par les régions et les organismes publics. »

Des pouvoirs publics qui sont également attendus sur la question des objectifs de baisse des émissions de CO2 fixés par la réglementation européenne. Le calendrier actuel prévoit une baisse des émissions de 15 % en 2025, de 50 % en 2030 pour arriver au zéro émission de CO2 en 2035. « Avec le fort recul des ventes de véhicules électriques, notamment en Allemagne, Autriche et Suède, lié à la fois à la diminution ou à l’arrêt des soutiens publics à l’achat, au manque de bornes de recharge et à la pertinence des usages, cette trajectoire semble de plus en plus difficile à atteindre », affirme Ludovic Party, directeur PerfoEST chez Pôle Véhicule du Futur.

Aujourd’hui, les professionnels demandent une clause de révision pour 2030, notamment sur le choix des technologies retenues pour répondre à cet enjeu. « Se limiter aux seules piles à combustible et aux batteries est une erreur. Il faut rouvrir le champ des possibles en ne s’interdisant aucune piste tout en maintenant les objectifs de zéro émission pour 2030. En intégrant par exemple des moteurs thermiques bas carbone nouvelle génération, des carburants de synthèse sans CO2, le retrofit hydrogène... nous pouvons dessiner une nouvelle trajectoire plus réaliste, synonyme d’espoir pour les constructeurs. À défaut, on risque d’aller droit dans le mur ».

La filière mobilités en BFC et Grand Est

  • 150.000 emplois au sens large.
  • 2.000 établissements.
  • 500.000 véhicules produits par an, soit près d’un quart de la production française. Par ailleurs, 217.000 véhicules sont prévus sur le site de sochaux à l’horizon 2027.
  • 29,5 % : des exportations nationales pour les produits de l’industrie automobile. Ce secteur est l’un des rares à conserver une balance commerciale excédentaire sur le périmètre des deux régions.