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Foulon-Sopagly : Producteur de vitamines

Alimentation. Pierre Foulon a créé l’entreprise en 1985 pour évacuer la surproduction de gamay du Beaujolais-Mâconnais. L’entreprise mâconnaise vole de ses propres ailes depuis 2005.

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Photo du directeur général Richard Payraud
Foulon-Sopagly commercialise ses produits essentiellement en France, « et un peu en Allemagne pour le jus de raisin », précise le directeur général, Richard Payraud. (Crédit : DR)

Une grande entreprise de jus de fruits au cœur d’une zone viticole, c’est moins surprenant que l’on pourrait croire. Pierre Foulon a créé l’entreprise en 1985 pour évacuer la surproduction de gamay du Beaujolais-Mâconnais. À la retraite de son fondateur, elle est devenue Foulon-Sopagly et est passée sous bannière Pernod-Ricard qui souhaitait investir le « non-alcool ». Le groupe a fait machine arrière et l’entreprise mâconnaise vole de ses propres ailes depuis 2005, avec ses actionnaires : six distillateurs de Cognac, Richard Payraud (directeur général) et Louis-Thomas Renard (directeur commercial).

Avec l’arrêt des subventions qui accompagnaient l’évacuation des surplus viticoles, Foulon-Sopagly a dû se diversifier vers la fabrication de purées de fruits à pépins ou à noyaux (fraises, kiwis, poires, abricots, etc.), devenant même le premier acheteur national de pêches.

Autre tournant majeur, en 2019, l’investissement dans un pressoir à pommes. Ce ne sont pas moins de 35 000 tonnes qui sont transformées en jus chaque année, faisant de l’entreprise le premier pressureur national du fruit !

Au service des marques

Dans son parc de six hectares au sud de Mâcon, Foulon-Sopagly travaille les moûts (pour le raisin) ou les fruits entiers (pour les autres). Pressurage, stabilisation, pasteurisation, le process est maîtrisé. « Notre métier c’est le pur jus : on n’ajoute rien, on n’enlève rien, résume Richard Payraud. Nous proposons du monovariétal, de l’origine, du bio, etc. Notre défi, c’est de faire un produit homogène à base de fruits qui peuvent être plus ou moins acides ou sucrés selon la saison, la provenance ». Et le défi est visiblement relevé puisque de nombreuses marques font confiance à Foulon-Sopagly (Mac Do, C’est qui le patron, Biocoop, etc.). « Nous travaillons exclusivement en B to B, c’est pour cela que nous sommes peu connus du grand public ».

Si l’entreprise a dans son ADN la défense des territoires : « On vend du kiwi de Lot-et-Garonne, de la fraise d’Aquitaine », elle est contrainte de diversifier son sourcing pour le raisin (Italie, Espagne, Grèce, Chili, Afrique du Sud) et la pomme (Italie, Allemagne, Belgique, Pologne). L’approvisionnement, menacé par les évolutions climatiques, est l’objet de toutes les attentions : « Nous n’allons pas devenir propriétaires des vergers ou des vignes, chacun son métier, mais nous incitons les producteurs à planter en leur proposant des contrats longue durée à prix garantis », argumente le directeur-général.

Forte de ses (fidèles) 65 employés, Foulon-Sopagly va devoir relever le défi environnemental. Elle a investi dans un système de traitement des eaux par UV qui permettra de la recycler et d’en économiser 25 %. Quant aux drêches, elles sont pour l’instant envoyées dans des méthaniseurs de la région, « et demain peut-être dans notre propre chaudière biomasse ?  ». À terme, Foulon-Sopagly pourrait aussi entamer une réflexion sur le mode de transport, essentiellement terrestre à ce jour, alors que les rails et la Saône sont à portée de mains.