Entreprises

Gen Z et dirigeants, le difficile dialogue...

Société. Résultats de l’enquête IPSOS/CESI (école d’ingénieurs) menée auprès de 1.000 jeunes et 405 chefs d’entreprise : les attentes professionnelles de la génération Z (jeunes âgés de 18 à 28 ans) et des dirigeants pas exactement au diapason...

Lecture 6 min
Relation professionnelle entre Gen Z et dirigeants
Le rapport au travail et à l’entreprise n’est pas le même entre la génération des chefs d’entreprise et ceux qui entrent dans la vie active. Mais l’enquête révèle aussi une forte implication des jeunes dès lors qu’ils trouvent une entreprise à la hauteur de leurs attentes. (Crédit : Freepik)

L’école d’ingénieurs Cesi et Ipsos ont lancé une enquête auprès de 1.000 jeunes et 405 chefs d’entreprise dans le but de mieux comprendre les attentes professionnelles de la génération Z (âgés de 18 à 28 ans) et des dirigeants d’entreprise. Résultats : des divergences significatives se révèlent dans les perceptions et attentes entre ces deux populations.

Ainsi, les dirigeants d’entreprise font part de réelles difficultés à comprendre la Gen Z : 86% la perçoivent comme « différente » de la génération d’avant. Près de la moitié (49%) juge difficile de les faire évoluer dans le monde de l’entreprise, car ils estiment que les moins de 30 ans sont moins investis que leurs aînés au travail (57% le pensent), moins fidèles à l’entreprise (72%) et moins respectueuse de la hiérarchie (53%).

Vue comme moins investie, la Gen Z est logiquement considérée par les chefs d’entreprise comme moins prête que ses aînés à sacrifier son équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle au profit du travail : 77% des chefs d’entreprise pensent que la Gen Z est moins prête que ses aînés à faire des heures supplémentaires non payées ou à travailler plus en cas de pic d’activité sans contrepartie financière. Ainsi, l’avis des dirigeants sur l’arrivée de cette génération dans le monde du travail est partagé : si 40% pensent qu’elle va améliorer l’organisation du travail, 32% jugent que l’arrivée de la Gen Z va plutôt la dégrader l’organisation du travail.

Recrutement compliqué

Cette difficulté à comprendre la Gen Z s’accompagne de problèmes de recrutement. La majorité des dirigeants s’estime confrontée à des difficultés pour recruter et fidéliser des jeunes salariés, particulièrement en termes de rémunération : 58% des chefs d’entreprise rencontrent des difficultés pour proposer des rémunérations jugées attractives par les jeunes.

Équilibre pro/perso

En miroir, les jeunes âgés de 18 à 28 ans témoignent au contraire d’une volonté de s’investir dans le monde du travail : 84% d’entre eux disent avoir le « goût du travail », jugé comme la chose la plus importante pour réussir sa vie professionnelle (58%), devant les relations et le réseau (46%), le courage (46%) et les diplômes (44%). 73% des 18-28 ans se disent d’ailleurs prêts à réaliser parfois des tâches qui ne sont pas dans leur fiche de poste et 60% à assumer des responsabilités qui ne font pas partie de leur poste. 91% d’entre eux estiment qu’avoir un travail que l’on apprécie est une condition essentielle pour être heureux et 85% que réussir sa vie professionnelle est un objectif essentiel.

Dans ce contexte, quatre jeunes sur dix seraient prêts à quitter leur emploi si ce dernier n’est pas source d’épanouissement. Cette aspiration à la réussite professionnelle va de pair avec un souhait de travailler en entreprise : 80% des 18-28 ans auraient envie de travailler dans une entreprise de taille moyenne et 76% dans une TPE/PME loin devant la fonction publique (59%) et les associations (59%). La majorité des jeunes âgés de 18 à 28 ans sont confiants quant à leur insertion professionnelle dans le monde du travail (79%). Cette confiance grandit lorsque la Gen Z est en entreprise : si 75% des étudiants se disent confiants à propos de leur insertion professionnelle, ils sont 81% chez les jeunes actifs.

L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et la rémunération sont des critères de choix importants pour rejoindre un poste parmi les 18-28 ans. Ainsi, si la Gen Z se dit attachée aux critères traditionnels (équilibre, rémunération, intérêt), les facteurs d’autonomisation sont des critères importants dans le choix d’un poste. Toutefois, l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle reste le premier critère pour choisir de rejoindre une entreprise, 80% des 18-28 ans estimant que c’est primordial ou important, suivi de l’ambiance de travail (80%). La Gen Z ne se dit pas prête à « sacrifier » son temps à l’entreprise. 44% se déclarent néanmoins prêts à faire parfois des heures supplémentaires qui ne sont pas payées.

Les valeurs, essentielles

En plus des conditions d’emploi, les 18-28 ans se montrent très attentifs à la RSE. 74% déclarent que le fait que les valeurs de l’entreprise soient en accord avec les leurs est « important » ou « primordial », notamment par l’aspect environnemental, (64% des sondés). Globalement (62%), les jeunes attendent de leur entreprise qu’elle contribue au changement. Pour obtenir l’implication des entreprises en matière sociétale ou environnementale, près de deux jeunes sur cinq estiment qu’il vaut mieux refuser de travailler pour elles.