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L’accélérateur de croissance Propulseur fête ses trois ans

Innovation. Il y a trois ans le Pôle des Micro-techniques de Besançon donnait naissance à Propulseur. Sa mission : accompagner l’écosystème particulièrement dynamique des start-up de la Bourgogne Franche-Comté, liées aux secteurs des technologies de la santé et des smart systems. Un anniversaire-bilan, qui vient incarner un tournant de son rayonnement et de son action, notamment à Dijon et en Côte-d’Or, où ce dernier souhaite accélérer ses initiatives.

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Photo de la présentation du bilan de Propulseur
Présentation du bilan de Propulseur De gauche à droite : Renaud Gaudillière, directeur général du PMT, Jean-François Prugnot, co-fondateur de mYXpression et Julien Steinbrunn, directeur R&D chez Cohesives. JDP

La particularité de Propulseur, créé par le PMT en 2018, tient à la dynamique d’accompagnement mise en place : il ne s’agit pas d’un incubateur de start-up, mais d’un accélérateur de croissance, qui vient apporter bien davantage qu’une incubation dite classique. « Il s’agit d’une immersion réelle et concrète, pragmatique, dans l’écosystème même de la start-up ou de l’entreprise concernée, aux côtés du ou des dirigeants, pour permettre d’accélérer l’innovation, précise Renaud Gaudillière, directeur général du PMT. C’est le porteur de projet sur le plan individuel qui est accompagné, et non l’équipe, afin d’identifier les leviers de croissance et de déploiement possibles  ». L’idée de Propulseur s’appuie ainsi sur le postulat que c’est en faisant monter en compétence les dirigeants, en leur offrant un accompagnant sur-mesure, dans leur pilotage global, business mais aussi innovation, que la croissance pourra être pilotée et ajustée.

«  L’accompagnement de Propulseur a permis de déclencher une véritable prise de conscience chez Bertrand Perrin, le fondateur de Cohesives, un déclic qui lui a fait comprendre que les seules preuves cliniques du bien-fondé de son dispositif médical innovant n’étaient suffisantes pour conquérir le marché : un business plan et une stratégie commerciale sont indispensables, explique Julien Steinbrunn, directeur R&D chez Cohesives, start-up qui développe une colle polymérisable dont le pouvoir d’adhésion à tout type de tissus biologiques et dix fois supérieur aux colles actuelles et permet de se passer de fil pour réaliser une suture. Après un accompagnement de 35 jours, nous avons franchi un cap en 2020 et vu passer nos effectifs de six à dix salariés. Nous avons sorti un premier produit destiné aux chevaux, pour lequel il n’existait aucune solution et allons finaliser une levée de fonds dès cette année  ». Un sentiment d’utilité que l’on retrouve dans les propos de Jean-François Prugnot, co-fondateur de mYXpression qui développe une solution identifiant avec précision, via l’intelligence artificielle, la biothérapie la plus adaptée à chaque patient atteint de polyarthrite rhumatoïde, permettant ainsi d’envisager une rémission durable. « Nous avons eu la chance d’être intégré à ce dispositif au sein duquel l’accompagnement n’est pas un vain mot, affirme-t-il. Les équipes de Propulseur sont réactives, disponibles et leur expertise essentielle. Elles nous ont notamment accompagné dans le marquage CE de notre innovation et sur le volet recherche de financements  ». «  Du côté de la difficile concrétisation des levées de fonds, justement, le Propulseur agit comme un facilitateur, un traducteur permettant de réconcilier le monde de la recherche fondamentale et celui des investisseurs : il va dans le sens du “dérisquage” de projets souvent complexes et difficiles à appréhender en termes de potentiel de rentabilité pour les non-initiés », développe Renaud Gaudillière.

L’entrée dans le dispositif est gratuite. Elle commence par un comité de sélection dit Pitch Pro, qui permet au start-uppeur d’exposer son projet devant des spécialistes, des financeurs et des industriels. Ceux-ci valideront ou non son entrée dans Propulseur.
S’ils sont sélectionnés, ils signent une convention dédiée avec Propulseur. Leur accompagnement débutera toujours par une phase de diagnostic 360 degrés, sur les volets stratégique, opérationnel et commercial, pour mieux orienter la stratégie et les intervenants.
Ensuite, chaque dirigeant dispose ainsi d’un référent, qui participe au diagnostic, le conseille tout au long de leur parcours, suit la progression du projet, propose des experts qualifiés pour développer dans les meilleures conditions son projet, le guide dans l’écosystème d’innovation et éventuellement dans la recherche de financements et de levée de fonds. Ce parcours individualisé est pris en charge à hauteur de 70 % de son coût par le PMT.

Une phase 2 en trois objectifs

Au total, sur trois ans, Propulseur a accompagné 22 sociétés dont 14 dans la santé et huit sur les smart systems. Douze sont encore accompagnées en 2021. « Cela représente pour notre équipe interne start-up et nos plus de 15 experts : 40 missions et 330 jours de prestations », appuie le directeur général du PMT.

Au sein des microtechniques, les secteurs de la santé (biotechs, medtechs, e-santé) et des smart systems (mécanique avancée, mécatronique) sont tout particulièrement visés par Propulseur. Et ce pour deux raisons : ils constituent des secteurs particulièrement porteurs d’innovation, et prioritaires au regard du contexte sociétal et économique, quant au volet santé, il constitue une tradition régionale forte. Au-delà de la région, le PMT s’investit dans un programme Interreg Accelere’Health, qui œuvre pour la mise en relation de trois sites d’innovation en Santé : Besançon, Lyon et Sion/Valais (Suisse). Les start-up de Propulseur sont invitées à participer à Accelere’Health, pour découvrir les écosystèmes de nos voisins.
Côté financement le Propulseur dispose d’1,3 million d’euros par an de fonds publics/privés. La région, Grand Besançon Métropole, le Crédit Agricole de Franche-Comté et la Caisse d’Épargne font ainsi partie des financeurs. Auxquels s’ajoutent des partenariats avec BFC Angels, Bpifrance, Deca BFC, l’Inpi, la Satt Sayens et les villages by CA (le PMT étant cofondateur de celui de Besançon).

Aujourd’hui le propulseur fête ses trois ans et la fin de la première phase du programme. Pour les quatre prochaines années de la phase 2, le dispositif entend poursuivre ses missions, accélérer et se réinventer autour de trois axes principaux. « La Bourgogne Franche-Comté est une terre d’innovation, notre objectif est d’augmenter notre gisement de start-up accompagnées, en réussissant le pari d’une détection des talents plus rapidement et beaucoup plus en amont qu’aujourd’hui. Nous ne devons pas attendre que les entrepreneurs aient une difficulté pour qu’ils nous contactent, mais bien aller les chercher, dès l’amorce de leur projet, défend Renaud Gaudillière. Cette notion d’anticipation sera également à travailler sur la problématique des levées de fonds. Pour les rendre plus efficientes, il faut pouvoir définir une stratégie de développement avec les start-uppers avant qu’ils aient un besoin de fonds à court terme. Pour ce faire, des experts en valorisation des start-up seront recrutés. Enfin, le dernier axe de développement envisagé pour Propulseur consiste à vendre notre expertise, notre modèle et notre expérience à d’autres acteurs de l’innovation sur le territoire : collectivités territoriales, bureau d’étude, grand groupe ou encore établissements bancaires désireux de faire émerger l’innovation dans leurs murs, de faire passer leur organisation en mode start-up ».