L’Arôme est dans le sac
Innovation. À Chablis, Élodie et Camille Schaller, viticulteurs, ont lancé Maison L’Arôme, une gamme de maroquinerie fabriquée à partir de marc de raisin.
Ils sont sœur et frère et proposent de porter du raisin, plus exactement un similicuir issu des résidus de vendanges (peaux, tiges, pépins), du « marc » dans le jargon viticole. La matière, semblable a du cuir, a été mise au point par la société milanaise Vegea.
Le marc est séché, broyé, amendé d’excipients, et enfin, étalé et teinté : « On aimait bien l’idée de donner une nouvelle vie à nos résidus de vendanges ».
Actuellement la maison L’Arôme propose quatre articles, fabriqués dans une entreprise adaptée à Évreux, spécialisée dans la maroquinerie de luxe : « La matière se travaille différemment du cuir animal. C’est un autre savoir-faire ».
Lancés à la fin de l’année 2022, les premiers sacs Pradilys ou Sarment – de couleur noire – sont commercialisés sur leur site internet : « Notre objectif est d’élargir la distribution, mais pour le moment nous avons trop peu d’articles et dans une seule couleur. Nous allons donc travailler sur de nouvelles gammes ».
Autre projet d’Élodie Schaller : « Créer une gamme plus accessible pour être vendus par exemple à la Cité des vins de Chablis, sous forme d’articles de souvenirs ». Cette nouvelle gamme devrait voir le jour avant les fêtes de fin d’année.
La matière végétale, vraie alternative ?
Derrière cette démarche, la maison L’Arôme entend s’inscrire dans un process de revalorisation. Seul bémol, la législation française ne permet pas, pour le moment, aux viticulteurs français de transformer leur marc en dehors des distilleries qui les transforment en alcool ou en gel hydroalcoolique : « Il n’y pas vraiment de valorisation. La maroquinerie est plus pérenne que du gel hydroalcoolique. C’est un peu frustrant de ne pas pouvoir utiliser note propre marc mais nous travaillons sur le sujet ».
Les similicuirs de fruits ne sont pas nouveaux. En 2013, une société philippine inventait le piñatex, une matière conçue à base de feuilles d’ananas. La société britannique CelluComb commercialise le curran, composé à 80% de fibres de carottes.
L’espagnole Pyratex, quant à elle travaille autour des écorces d’orange de Naples, des feuilles et troncs de bananiers qui sont traités pour extraire la cellulose, ensuite transformée en fil.
Des matériaux issus de la revalorisation qui, même s’ils ne sont pas 100% naturels, contribuent sans conteste à la préservation de nos ressources et luttent pleinement contre l’exploitation des animaux pour leur cuir !