L’Espérance garde une lueur d’espoir…
Yonne. À Saint-Père, le bâtiment qui abritait l’ancien restaurant du chef étoilé Marc Meneau semble avoir enfin trouvé preneur à la barre du tribunal judiciaire de Versailles. À moins que.
C’est peut-être l’épilogue d’une saga judiciaire qui aura duré près de dix ans. Lors des audiences du tribunal judiciaire de Versailles, mercredi 29 mai, le restaurant autrefois triplement étoilé de Marc Meneau a été adjugé pour la modique somme de 38.000 euros. Mis à prix 100.000 euros, après une première vente infructueuse en février, le bien immobilier et ses annexes - tombés dans le domaine public à la suite de la faillite de l’ancien propriétaire - connaîtront le nom de leur nouvel acquéreur le 10 juin prochain. En effet, un délai de 10 jours au cours duquel une surenchère peut toujours être proposée doit être observé pour officialiser la transaction.
Rachetée en 2016 par le groupe Hotel & Food Disrpt Partners pour 1,4 million d’euros, à la suite de sa liquidation judiciaire, l’Espérance devait servir de cadre privilégié à un nouveau concept de luxe, alliant gastronomie, nature et bien-être. Le projet ne verra finalement jamais le jour ; la société détentrice du bâtiment faisant, elle aussi, l’objet d’une liquidation judiciaire au printemps 2023. Durant ces huit longues années, la propriété a ainsi été laissée en décrépitude, dépouillée de ses attraits et régulièrement squattée. Selon les observateurs, plusieurs millions d’euros seraient nécessaires afin de redonner à ce haut lieu de la cuisine française son faste d’antan.
Gainsbourg, Élisabeth II et les autres
Au pied de la « Colline éternelle » et de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, l’Espérance a fait figure d’institution culinaire pendant près de 40 ans. Dans ce village de 300 habitants, le restaurant qui a décroché sa troisième étoile au guide Michelin dès 1983 a employé jusqu’à 120 salariés. Au sommet de sa gloire au tournant des années 1980, Marc Meneau a accueilli à sa table les grands de ce monde, comme François Mitterrand et Helmut Kohl lors d’un sommet européen, la reine Élisabeth II, Richard Nixon ou encore le pape Jean XXIII. En 1990, l’établissement icaunais devient même le refuge de Serge Gainsbourg où il séjourne pendant plus d’un an, quelques mois avant sa mort.