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La BFC dans les derniers wagons du train économique national

Région Bourgogne Franche-Comté. À la BSB, la Banque de France a présenté le bilan 2024 et les perspectives 2025 pour le tissu économique régional - encore à la traîne au niveau national - dans un contexte mondial perturbé. L’inflation est derrière nous et il n’y aura pas de récession en 2025.

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Photo de Laurent Fraisse
Laurent Fraisse, directeur régional de la Banque de France. (Crédits : JDP.)

La Banque de France, par la voix du directeur régional BFC Laurent Fraisse, a tenu son traditionnel point d’étape économique, analyse éclairante de la situation économique en BFC en regard d’indicateurs macro (zones France, euro et monde) tant en termes de bilan 2024 que de perspectives 2025. Dans une BFC où le niveau d’incertitude engendré par une situation politique instable atteint celui de 2019 (mouvement des Gilets Jaunes), l’attentisme est encore de mise. Industrie et bâtiment souffrent tout particulièrement avec des carnets de commande en baisse ; le chiffre d’affaires dans l’industrie (-1,8%) est baissier, et les dirigeants anticipent une baisse de l’activité par sous-secteurs (agrocalimentaire, équipements, matériels de transport et autres produits industriels). « L’effet prix est légèrement favorable, précise Laurent Fraisse, mais pèse de fait sur les chiffres d’affaires. »
Mêmes constatations pour les services marchands (-1,1% de CA, -3,2% d’activité estimée en volume). Le BTP présente des disparités, entre la bonne santé du secteur TP (+2,7% de production totale en 2024) avec néanmoins une prévision d’activité stagnante) et la bérézina du gros oeuvre dont l’activité 2024 (-4,6%) comme ses prévisions (-6,8%) restent baissières.

Attentisme

Le monde bancaire est à l’unisson de l’atonie avec un rythme de croissance aux crédits aux entreprises en baisse (à 1,06% contre 1,48% au niveau national). En revanche, les créations d’entreprises sont en forme, à condition de prendre en compte le statut d’auto entreprises... mais les défaillances sont aussi de la partie (113,5 en base 100 sur 12 mois vs 120,1 au national). Au final, si la région BFC est la « seule région de France à ne présenter que des indicateurs négatifs, y compris dans les services marchands » en termes d’activité, et bien que dans « le premier tiers du wagon de queue » des régions françaises, elle présente des écarts moins importants qu’on ne pouvait le craindre, face par exemple à une région très dynamique comme l’Occitanie, dopée par l’aéronautique.

« L’aléa Trump »

Au niveau macro, les experts de la Banque de France escomptent une croissance positive en 2025, « avant de gagner en vigueur en 2026 », ces prévisions ayant été calculées avant l’effet de « l’aléa Trump », qui semble-t-il, va redistribuer tous les pronostics. En cause, notamment, la hausse des taxes douanières et un probable report des exportations chinoises des États-Unis vers l’Europe, avec un effet de baisse non seulement sur l’inflation mais aussi sur le PIB. En l’état actuel, la croissance serait de 0,9% (peut-être 0,5% en inluant ledit aléa) en France en 2025, 1,3% en 2026 et 2027. Elle serait de 1,1 en 2025, 1,4% en 2026 et 1,3% en 2027 pour la zone euro. Le Fonds monétaire international avance pour sa part une croissance à 2,7% en 2025 aux États-Unis puis 2,1% et 1,9% pour les mêmes dates, et 4,6% en 2025, 4,5% en 2026 et 3,6% en 2027 pour la Chine. L’inflation quant à elle s’inscrirait durablement sous le seuil des 2%, notamment grâce à une reprise escomptée de la consommation privée couplée à une baisse des taux.
Si la séquence politique nationale a été pour le moins chaotique et continue d’engendrer de l’attentisme, elle aura au moins eu le mérite de mettre sur le devant de la scène ce qui est un leitmotiv des gouverneurs de la Banque de France depuis des décennies : la nécessité de juguler la dette. Le déficit public, après un pic à 6,1% en France en 2024, pourrait se stabiliser aux alentours de 5 à 5,5%, soit en 2027 117% du PIB contre 89% pour la zone euro. L’objectif de 3% en 2029 doit être maintenu sine qua non au rythme de - 0,5% par an.

Enfin, un très pertinent travail a été fait à partir du rapport Dragui qui préconise des investissements d’ampleur dans l’Union européenne pour maintenir l’économie de la zone euro face à ses rivaux américains et chinois notamment. On note un retard de la vieille Europe sur les technologies de rupture - à cet égard, les investissements massifs pour l’IA annoncés par Emmanuel Macron en France et par l’Union européenne sont de bon augure.