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La Blanchisserie Lavande : « On est des extra-terrestres »

Services. La Blanchisserie Lavande fête ses 20 ans en toute discrétion. Cette petite entreprise opte pour une stratégie sans aucune communication, ni site internet. Pour prospérer, elle mise sur le bouche-à-oreille et la qualité de ses prestations… et ça marche !

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En 2017, la Blanchisserie Lavande a 14 ans. Elle est une petite entreprise talantaise aux quelque 245.000 euros de chiffre d’affaires ; en bonne santé certes, mais vieillissante.

C’est alors que Fabien Verstraeten, fort de ses expériences dans l’immobilier, la restauration, et surtout déjà propriétaire depuis deux ans d’un pressing à Pouilly-en-Auxois qu’il a su remettre sur pieds – passant de 40.000 euros de chiffres d’affaires à « plus de 100.000 euros dès la première année » –, saisit l’opportunité de racheter la blanchisserie à l’âge de 36 ans. Il se lance alors le défi de faire grandir l’entreprise, tout en l’assainissant.

En 2021, il fusionne son entreprise pollienne avec la Blanchisserie Lavande et s’installe durablement dans les locaux qu’il détient à Talant. Là-bas, l’espace de travail est divisé en trois parties : l’espace blanchisserie, l’espace pressing, et l’espace expédition.

Pour les salariés, cette organisation contraste avec ce qui était mis en place précédemment : Fabien Verstraeten s’inscrit dans la mouvance des entrepreneurs à l’écoute, pour qui « le confort du personnel et l’adaptation à leurs besoins » sont des axes nécessaires et centraux. Il faut dire que l’entreprise est un exemple d’inclusivité ; parmi ses douze salariés, trois sont en situation de handicap – travaillant « en pleine autonomie » – et trois sont issus de QPV (Quartier prioritaire de la politique de la ville).

« Pour les salariés, ça reste un métier difficile, rappelle le chef d’entreprise, alors je pense que c’est mon rôle de faire en sorte qu’ils se sentent le mieux possible : chaque mois, une masseuse vient à l’usine pour une séance de relaxation ; à Noël je leur ai offert de très beaux cadeaux selon le thème de leur choix ; et nous fêterons les 20 ans de la blanchisserie en allant boire un coup et faire quelques activités tous ensemble », dans une ambiance conviviale, presque amicale.

« Je n’ai jamais voulu être le patron omniprésent qui donne des coups de fouet, explique Fabien Verstraeten, chaque jour je suis présent à leurs côtés et je travaille avec eux ; je ne veux pas d’une relation patron/salarié comme c’était la norme auparavant ».

Et la suite ?

La Covid a été une période particulièrement difficile pour la Blanchisserie Lavande : considérée comme indispensable à la vie des Français – pour sa collaboration avec les établissements de santé notamment –, elle n’a reçu ni aide, ni bénéficié d’une fermeture administrative. « J’ai eu un moment où je me suis dit que c’était fini, se souvient l’entrepreneur, mais on s’en est sorti ».

Aujourd’hui, Fabien Verstraeten l’affirme, « l’entreprise va bien » ; en témoigne l’année 2022, « historique », et ses 740.000 euros de chiffre d’affaires, dépassant le record précédent de 460.000 euros en 2021. Ces succès ont permis notamment un lourd investissement de 160.000 euros dans un train de repassage facilitant le travail des salariés et améliorant leur confort.

Ceci étant, cette croissance se heurte à un plafond de verre, estime Fabien Verstraeten, « Je ne peux pas aller au-delà, pour des raisons structurelles ». L’homme qui « aime son métier » reste tout de même ambitieux : « J’ai ce rêve de faire un bâtiment auto-alimenté en électricité et en eau, avec un système de récupération de l’eau de pluie ; mais pour le moment, je vais déjà terminer l’aménagement de l’atelier actuel », avec une salle de repos, de vrais vestiaires, et un bureau.

Quoi qu’il en soit, la Blanchisserie Lavande compte bien garder son identité forte et unique : « On a choisi de ne pas communiquer : notre travail de qualité et notre obsession pour la satisfaction client nous apportent énormément de travail, si bien qu’on doit parfois en refuser, explique Fabien Verstraeten, on travaille à la confiance, sans contrat avec nos clients ; on est des extra-terrestres ».