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La distillerie Méan voit double

Alcools. Créée à Nicey (21) par Albert il y a tout juste 50 ans, la distillerie Méan s’est implantée tout récemment à Igé (71). Elle est désormais une aventure de femmes avec Anne, la maman, et Marine, sa fille, portées par une même passion pour le terroir et le bon goût. Leurs perspectives de développement sont ambitieuses.

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Photo de Anne et Marine
Les deux associées de l’entreprise familiale, Anne et Marine, préparent les festivités du cinquantième anniversaire les 15 et 16 novembre à Nicey. Au programme : démo, dégustations, repas alambiqués et autres gourmandises ! (Crédits : JDP)

L’atelier et la boutique sont plutôt discrets à l’entrée du village d’Igé dans le nord Mâconnais. C’est ici que Marine a lancé en avril dernier sa boutique, sorte de succursale de la distillerie familiale mais consacrée aux liqueurs et à la confection de cocktails. Un commerce « non essentiel » dans un si petit village, le pari est audacieux à l’heure où toutes les études montrent que la consommation d’alcool chute. « On est entré dans une période du "consommer moins mais mieux" et de la valorisation des artisans locaux, on coche toutes les cases », coupe Marine avec assurance. Le projet est réfléchi et derrière le sourire et la bonhomie de ce tandem se cache une détermination sans faille.

Une affaire de famille

À l’origine, il y avait donc Albert, le grand-père, agriculteur du Chatillonais, à Nicey, entre l’Yonne et la Côte-d’Or, qui a repris une activité ambulante de bouilleur de cru. Une activité temporaire pour occuper les mois d’hiver qui ne cessera de prendre de l’importance au point de sédentariser l’alambic (1987), d’en faire son métier à temps plein et de donner le « virus de la goutte » à sa fille Anne qui intègre l’entreprise (1984) avant de devenir la patronne (1995).

Depuis l’origine ou presque, la distillerie Méan commercialise sa liqueur digestive référence, la gilane, « c’est un peu notre Chartreuse », sourit la gérante, avec 20 ingrédients précieusement gardés secrets. On retrouve aussi à la carte les eaux-de-vie incontournables : marc, poire, mirabelle… Anne y a ajouté l’indémodable ratafia, l’hypocras (blanc et rouge), une boisson médiévale qui associe vin, plantes et épices et une gamme de crèmes à base de fruits rouges (cerise, framboise…).

Dépoussiérer l’image des gnôles

Marine a rejoint l’aventure après une demi-douzaine d’années passée sur une exploitation viticole de Davayé en tant que responsable export et avec l’objectif d’être complémentaire de l’activité distillerie de la maman. Elle se concentre sur les macérations pour donner naissance aux liqueurs.

Mais la jeune femme, qui a appris par hasard le métier de barman et la mixologie durant un job étudiant en Bretagne, ne reste pas visser derrière le pupitre à attendre le client. Sa volonté est d’aller au-devant du public, de créer des moments, des expériences, à travers notamment des ateliers cocktails, à domicile ou à la boutique qui permettent de donner une nouvelle vie aux alcools « à papy ».

Mixologue de comptoir

« Dans les cocktails, on peut traiter les eaux-de-vie comme on traite les vodkas et les rhums ». Les résultats en bouche sont bluffants. Pour aller plus loin encore, elle lance son bar ambulant qui lui permettra de s’installer aux mariages et autres fêtes de famille ou de village.

La distillerie Méan entend bien se faire une place de choix sur ce marché des alcools en pleine mutation. « Pour l’instant, on commercialise plutôt en local à des professionnels (cavistes, restaurants, épiceries fines, boutiques partagées…), ou à des particuliers. Mais si demain on peut vendre à Paris ou à Lyon, on ne s’en privera pas », assure Marine. L’objectif final : doubler la production qui s’élève actuellement à 5 000 bouteilles. En avant Méan !