La transmission aux salariés via la scop : l’exemple d’Urbicand
Social. Urbicand a pour ambition de faciliter l’ingénierie dans les territoires qui en sont peu dotés, de les aider dans leurs prises de décisions. Conscients des enjeux phénoménaux liés à l’adaptation de ces dernières face au dérèglement climatique, l’entreprise créée en 2001 par Anne Gentil, entend contribuer à un urbanisme durable, équitable et favorable à la santé de ses usagers.

Aujourd’hui, gérée sous statut de Société coopérative de production (Scop), Urbicand a, dès sa création, prôné un modèle ouvert. « Le partage a toujours été dans l’état d’esprit de la société. Alors, bien sûr, Anne dirigeait, mais elle communiquait avec les salariés des informations sur l’entreprise, son évolution... Et c’est pourquoi elle a évoqué très avec nous son départ en retraite. Dès 2014, elle a soulevé l’idée, avec cet aspect de préparation des mentalités, de ne pas tout faire dans l’urgence au dernier moment, évoque Vincent Dos Santos, co-gérant de la Scop Urbicand. Deux ans passent sans que rien ne bouge réellement, puis, finalement, les choses se sont petit à petit mises en place avec les premières réunions avec l’Union régionale des Scop, car la reprise par les salariés, nous étions sept à l’époque, était l’un des formats qui avait été mis sur la table, parce qu’il correspondait bien aux valeurs que l’entreprise avait déjà ». Les salariés font alors appel à un consultant extérieur pour les aider à définir les modalités de la reprise sous cette forme juridique. « On avait besoin de cet accompagnement pour que chacun comprenne ce que cela voulait dire d’être directeur, d’être gérant, d’envisager différents scénarios en fonction des volontés et des motivations de chacun. En résumé, pour réussir une transition saine. »
Des Salariés Plus Impliqués Et Plus Épanouis
L’accompagnement dure environ un an, puis, en 2016, le processus de transformation de la société débute avec, en 2017, une assemblée générale qui met finalement fin à la SARL. « Anne Gentil est restée avec nous encore deux ans comme directrice. Deux années pendant lesquelles, elle nous a progressivement transmis ses principales missions (ressources humaines, lien avec le comptable, relations avec la clientèle...) et a délégué le pilotage et la gestion de l’entreprise. On commençait à rentrer dans le dur, à participer à la structuration et au fonctionnement de l’entreprise, à ne plus être seulement dans la production ». En 2019, l’ancienne propriétaire partie, un système de cogérance se met en place, avec Xavier Bonin et Vincent Dos Santos comme cogérants sur des mandats de trois ans.
« La transmission d’une entreprise saine en Scop, c’est la garantie d’une pérennité à cinq ans de 85 %, soit 12 fois supérieur aux autres modèles. »
Dès le début, la quasi-majorité des salariés choisissent de devenir coopérateurs, avec une répartition équitable d’hommes et de femmes. « Sur le premier mandat, on est resté sur un fonctionnement assez classique, avec encore un peu d’appréhension sur le système coopératif, au sens où on ne consultait les coopérateurs que quand on en avait besoin en tant que cogérant. On restait dans une logique de direction pour stabiliser les choses. Puis, le collectif a pris le dessus, avec toujours plus d’intégration des coopérateurs dans la vie de l’entreprise. On a mis en place des outils de management socio-économiques, on a appris en faisant. Aujourd’hui, on a 17 salariés inclus dans la coopérative. Chaque membre qui compose la Scop présente une ou plusieurs compétences singulières issues de son parcours et de sa sensibilité. Pour répondre aux différents sujets, nous constituons des équipes pluridisciplinaires dont la composition varie selon les missions, ce qui permet de faire mûrir les projets... On a défini une charte d’engagement des coopérateurs et mis en place des réunions mensuelles sur le développement de l’entreprise. Chaque salarié a ainsi une double casquette, comprend ce qu’il y a derrière chaque décision, ce qui peut être chronophage, mais qui avant tout permet de développer l’attachement, l’implication et l’épanouissement. Aujourd’hui, on ne reviendrait pas en arrière », avoue Vincent Dos Santos, qui ajoute que la réussite d’une reprise au format Scop est de 15 points supérieure aux autres modes de transmission.
Voici d’autre exemple de reprise :