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La très stratégique Aérométal s’installe à SaôneOr

Industrie. Spécialisée dans la valorisation des matières stratégiques, Aérométal va déménager pour faire face à sa hausse d’activité.

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Démonstration de l'activité d'Aérométal
(Crédit : AG)

C’est pour faire face à la reprise de l’activité de la filière aéronautique que Aérométal, la très discrète entreprise spécialisée dans la valorisation des superalliages dirigée par Davy Beloeil - fils du fondateur - et Clarisse Maillet, va quitter Gergy où elle est installée depuis sa création en 1993 pour rejoindre la zone industrielle SaôneOr à Virey-le-Grand.

« Avec la covid, explique Clarisse Maillet, la filière aéronautique est passée de 50 à 20 % de notre activité. Mais nous avons développé d’autres secteurs comme le médical. Avec le retour de l’aéronautique, nous sommes désormais à l’étroit ».

Le préfet de Saône-et-Loire, Yves Seguy, a pu les visiter ces nouveaux locaux, deux fois plus grands que les actuels (de 4.000 à 9.000 mètres carrés), alors qu’ils ne sortiront de terre qu’en avril 2025, et ce, grâce à la réalité virtuelle. Équipé d’un casque, il s’est baladé dans ce que sera la futur entreprise Aérométal : « Une PME avec une intelligence de développement industriel », selon lui.

Conçu par le cabinet d’architecture Keops, le nouveau site a été pensé par les salariés : « Nous leur avons demandé d’imaginer leur usine idéale, qui soit la plus optimale tant en termes de confort de travail, que d’environnement ou d’installation des postes, explique Clarisse Maillet. Un premier architecte nous a dit que ce n’était pas ainsi que l’on travaillait. Keops, au contraire, nous a félicités de cette initiative ».

Une filière stratégique

Avec un investissement de 8,5 millions d’euros, les nouveaux locaux de Virey-le-Grand viendront renforcer la démarche environnementale de l’entreprise : affichant 904 tonnes de CO2 émises en 2021, principalement en raison du fret et de la consommation d’énergie Aérométal inaugurera une usine « verte autonome » avec des panneaux photovoltaïques et souhaite, à terme, s’orienter vers des pratiques 100 % recyclables.

Démonstration de l'activité d'Aérométal
(Crédit : AG)

Et pour cause, le succès d’Aérométal - dont le chiffre d’affaires s’élève aujourd’hui à 14 millions d’euros - repose sur la valorisation : « Il y a dix ans, les entreprises payaient pour enfouir leurs déchets. Nous les avons convaincues que dans ces déchets se trouvaient leurs salaires ».

Et le résultat est là. En 2021, le recyclage de 2.000 tonnes de matières premières nobles telles que le nickel, le chrome ou le cobalt issues des industries nationales a permis d’éviter la production de 17.230 tonnes de CO2, comparé à leur extraction ou leur raffinage.

L’entreprise qui emploie 18 personnes (et devrait créer cinq nouveaux postes) analyse, valorise, broie et envoie le tout vers des fonderies ou des aciéries, en misant sur l’excellence et la pureté des matériaux : « Nous n’avons aucun droit à l’erreur. Un rivet en inox que l’on aurait mal analysé dans un composant peut mettre en péril la sécurité d’un avion », illustre Clarisse Maillet.

Pour Yves Séguy, accompagné du sous-préfet de Chalon-sur-Saône Olivier Tinturier : « C’est une filière d’autant plus stratégique dans le contexte international actuel qui rend difficile l’approvisionnement de certains composants dont la France va avoir grand besoin - notamment pour la production des véhicules électriques ».

De son côté Clarisse Maillet revendique haut et fort une PME qui place la souveraineté française au coeur de son activité : « Nous avons les industries nécessaires en France pour renouer avec la souveraineté industrielle ».

Une souveraineté également stratégique pour l’industrie française qui devait auparavant racheter sur les marchés étrangers des matières nobles qu’elles enfouissaient sous leur pied : « Certaines industries ont vu leur taux de valorisation passer de 20 à 80 % », conclut Clarisse Maillet.