Le bio gagne du terrain chez le moutardier Reine de Dijon
Agroalimentaire. La pénurie de moutarde de 2022 a sensibilisé les producteurs à la nécessité d’une certaine souveraineté de leur approvisionnement. Quant aux consommateurs, ils sont de plus en plus demandeurs de moutardes locales. Reine de Dijon va encore plus loin en développant une culture de moutarde biologique en Bourgogne.
Malmenés par le contexte international (conflit en Ukraine et flambée des prix de l’énergie et des matières premières), agriculteurs, stockeurs et moutardiers se sont entendus l’an passé, en pleine pénurie, sur un programme de relance consistant à muscler la production bourguignonne de graines de moutarde, une IGP moutarde de Dijon étant née en 2008. Dans ce contexte et pour répondant à des consommateurs en quête de circuits courts et de produits sains, Reine de Dijon, qui propose déjà des pots sous IGP a décidé rendre également plus locale sa moutarde biologique.
« Dans la région, la culture de graines bio est restée quasi-confidentielle pendant de nombreuses années. Et pourtant la demande existe ! », affirme Luc Vandermaesen, directeur de la PME Reine de Dijon, également président de l’association Moutarde de Bourgogne qui regroupe les producteurs et industriels de BFC.
L’entreprise qui s’est lancée dans le bio dès 1998 s’est remonté les manches pour convaincre les agriculteurs bourguignons de cultiver l’or jaune en bio. « La récolte 2022 comptait une quarantaine d’agriculteurs cultivant la moutarde bio en Bourgogne Franche-Comté, contre douze l’année précédente. Et pour 2023, nous avons encore d’avantage d’exploitants qui nous rejoignent », annonce Luc Vandermaesen qui reste confiant malgré un marché du bio actuellement en souffrance face à l’inflation.
Reine de Dijon arbore désormais trois recettes de moutardes bio avec des graines très majoritairement cultivées localement. « Nous ne sont pas encore sur du 100 % bourguignon. La récolte de 2022 a été inférieure à ce qui avait été demandé… Ainsi, nous avons dû compléter avec des graines venues des Vosges et de Seine-et-Marne. Toutefois la part de graines locales reste ultra dominante dans nos pots ».
Cette gamme bio, qui représente moins de 5 % de la production totale de l’entreprise, s’ajoute à leurs produits conventionnels, faite de graines 100 % françaises depuis 2015. Reine de Dijon, filiale du groupe allemand Develey, est aujourd’hui le troisième fabricant français de moutarde. L’entreprise exporte ses produits vers plus de 50 pays dans le monde. « Actuellement la demande est très forte pour nos produits. Nous affichons une croissance à deux chiffres entre 2022 et 2023 », conclut Luc Vandermaesen.