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Le château de Vincelles renaît entre tourisme et agriculture durable

Yonne. Racheté aux enchères en 2024, Château de Vincelles est en pleine transformation. Quinze membres d’un collectif s’y sont installés pour en faire un lieu hybride : hébergement étudiant et touristique d’un côté, projet maraîcher, formations et événements culturels de l’autre.

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Dans les 15 personnes qui font partis du collectif ayant acquis le château, il y a cinq membres de la famille Martinez et dix amis de Rémy Martinez (habillé en noir sur la photo). (Crédit : JDP.)

À première vue, le Château de Vincelles ressemble encore à une grande bâtisse en travaux. Mais derrière les échafaudages, un projet très concret se dessine. « On voulait créer un lieu vivant, pas un monument figé », résume Rémy Martinez, membre du collectif qui a remporté l’enchère à 472.000 €. L’ancien foyer médico-social s’apprête à accueillir des touristes et des étudiants. Cinq chambres d’hôtes seront proposées à des tarifs accessibles - entre 25 et 30 € la nuit - dans un esprit auberge.

La cuisine et le salon seront partagés, dans une ambiance communautaire qui fait partie intégrante du projet. « L’idée, c’est que les visiteurs se sentent invités dans une grande maison, pas dans un hôtel », précise Rémy. En parallèle, une partie des logements est déjà occupée par des étudiants. Les loyers sont volontairement modérés, entre 300 et 500 € toutes charges comprises en fonction de la taille de la chambre. « Le château est à dix minutes d’Auxerre, donc bien placé pour les jeunes en formation, notamment dans le domaine médical », explique le propriétaire.

Les espaces communs encouragent les échanges entre résidents permanents et temporaires. La proximité immédiate du canal du Nivernais, emprunté par de nombreux cyclotouristes, constitue un atout supplémentaire pour attirer des visiteurs. Le collectif prévoit aussi d’installer une signalétique le long de la véloroute afin de rendre le site visible pour les voyageurs à vélo. À terme, le château deviendra une étape atypique et conviviale, ouverte sur le territoire.

Un projet collectif entre maraîchage et culture

Mais l’ambition du collectif ne s’arrête pas à l’hébergement. Dès l’achat du bien, les quinze membres ont structuré le projet autour de deux piliers : une SCI pour gérer le bâti et une association pour développer les activités. « Le but n’était pas simplement de rénover un château, mais de lui redonner une fonction sociale et écologique », insiste Rémy Martinez.

Le domaine de trois hectares accueillera ainsi un espace maraîcher à vocation pédagogique. Un verger et des bandes de culture expérimentales permettront de proposer des formations à destination de publics variés : particuliers curieux de jardiner ou professionnels (urbanistes, paysagistes, architectes) souhaitant approfondir leurs connaissances en réglementation environnementale. Le potager ne sera pas destiné à la production commerciale mais à la démonstration et à l’expérimentation.

Autre axe fort : l’événementiel. Le collectif prévoit d’organiser des guinguettes estivales, des fêtes à thème - comme une « fête à l’oignon » - ou encore des soirées d’observation des étoiles, le domaine offrant un ciel dégagé. Ces événements s’adresseront aux habitants du village autant qu’aux visiteurs de passage. « On veut que les gens du coin s’approprient le lieu. On ne veut pas être un château fermé », souligne Rémy Martinez.

Le site conservera également une partie de sa nature : une zone boisée sera sanctuarisée, des haies sèches installées pour favoriser la biodiversité et des chevaux de débroussaillage déjà accueillis. Pour Rémy Martinez, cette aventure dépasse largement la rénovation d’un bâtiment : « On veut faire de ce château un espace collectif, où tourisme, agriculture et culture cohabitent. C’est une aventure humaine avant tout. »