Le Grand Débat / Le Talk : La ruralité, nouveau havre économique ?
Débat. Pour ce nouveau rendez-vous du Grand débat du Talk, Vincent Harbulot recevait le maire de Nevers et président de Nevers agglomération Denis Thuriot, la déléguée régionale du groupe La Poste Blandine Alglave, le directeur régional de l’Insee Bertrand Kauffmann et le président fondateur de Crossject Patrick Alexandre.
Moins de chômage que dans les villes, moins de pauvreté et un taux d’activité plus élevé, les chiffres de la ruralité peuvent surprendre et pourtant, la dynamique est engagée. C’est en tout cas le constat qui a été fait en préparant ce nouveau Grand débat du Talk.
Pour en parler, Vincent Harbulot recevait le maire de Nevers et président de Nevers agglomération Denis Thuriot (Renaissance), la déléguée régionale du groupe La Poste Blandine Alglave, le directeur régional de l’Insee Bertrand Kauffmann et le président fondateur de Crossject Patrick Alexandre.
« On est aujourd’hui dans un schéma où la fécondité baisse aussi bien dans l’urbain que dans le rural et finalement le vieillissement de la population fait que les territoires urbains comme les territoires ruraux perdent de la population en Bourgogne Franche-Comté. L’urbain et le rural ne sont pas deux territoires qu’on peut opposer. L’un se nourrit de l’autre. Ce n’est pas deux équipes de foot qui s’affrontent mais bien une équipe de rugby où chacun tire l’autre au fil de l’eau », nuance toutefois Bertrand Kauffmann.
Avant de reconnaître que « la population augmente dans certains endroits du rural, notamment dans la bande frontalière, dans le Sénonais, dans le Mâconnais, parce qu’elle profite du desserrement de l’Île-de-France et de Lyon. Et il y a d’autres territoires qui sont un peu plus en décroissance démographique, ce qui est le cas notamment du Morvan ».
De son côté, le maire de Nevers et président de Nevers agglomération détaille que si la tendance « était à la baisse jusqu’en 2018, on a ensuite repris un peu d’habitants pour la première fois depuis 1975 à Nevers, 300 habitants sur l’agglomération et 150 sur la ville » pour finalement atteindre une population à « 35.000 à Nevers et 72.000 dans l’agglomération ».
Où entreprendre ?
Si pour le directeur régional de l’Insee, « on crée autant d’entreprises dans l’urbain que dans le rural, proportionnellement au stock », ce dernier explique toutefois que « dans le rural, on sera plus sur les secteurs de l’agriculture, mais aussi l’industrie agroalimentaire ou encore l’industrie du bois… alors que dans l’urbain, on crée plutôt des entreprises dans le secteur tertiaire et dans les services ».
Président fondateur de Crossject, Patrick Alexandre a créé son entreprise à Gray (Haute-Saône), avant d’installer son siège social à Dijon : « J’ai une mentalité un peu germanique sur ce point… Nombre d’ETI sont installées sur des bassins d’emplois légèrement à l’écart d’agglomérations plus grandes, ce qui fait un bon compromis de cadre de vie pour les opérateurs de productions qui ont bien souvent des niveaux de rémunérations plus bas, mais en même temps pas trop éloignés pour pouvoir profiter du support du siège et du personnel encadrant qui préfère plutôt une vie urbaine. »
Si sur ce point, Denis Thuriot ne peut que confirmer qu’à niveau de salaire égal, « on a bien plus de possibilité de faire des choses après », Bertrand Kauffmann l’affirme par les chiffres : « le niveau de vie est plus élevé dans le rural que dans l’urbain, de l’ordre de 6 à 7%. Ça peut paraître paradoxal, mais finalement la pauvreté se concentre dans la ville, notamment dans les quartiers politique de la ville ».
Quels services pour les entreprises ?
Si les entreprises attendent beaucoup des élus des collectivités territoriales, mais aussi des entreprises à mission de service public, « pour que la qualité de vie soit bonne » comme le souligne Patrick Alexandre, le groupe La Poste et ses 8.000 collaborateurs en région développe de plus en plus de services en plus de son cœur de métier.
« Le parti pris de La Poste dans le cadre de son plan stratégique “2030, engagés pour vous”, c’est vraiment de jouer la proximité et la mutualisation », explique Blandine Alglave.
La déléguée régionale du groupe La Poste détaille d’ailleurs la diversification à travers l’activité : « Le courrier traditionnel ne représente plus que 15% du chiffre d’affaires. Pour le reste, nous sommes internationalisés – 40% de notre chiffre d’affaires se fait au-delà de nos frontières – et nous faisons la part belle aux services et à tout ce qui entoure l’univers du colis et du e-commerce. » Cette dernière évoque notamment l’initiative Logissimo lancée dernièrement pour faciliter la logistique d’entreprises.
Lien de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Vh7deUfqHT4