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Le label EPV fête ses 20 ans et se tourne vers l’avenir

Yonne. Le label d’État Entreprise du patrimoine vivant (EPV) a fêté ses 20 ans cette année. À l’occasion, une grande journée de rencontres et d’échanges s’est tenue à Tonnerre, réunissant artisans, entrepreneurs, élus et partenaires.

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De gauche à droite : Caroline Delage, l’animatrice de la journée, Nicolas Soret, maire de Joigny et vice-président du conseil régional Bourgogne Franche-Comté, Paul Mourier, préfet de la région BFC, Daniel Bernard, écailliste à Sens et néocertifié, et Antoine Terrasson, directeur des certifications. (Crédit : JDP.)

Créé en 2005 par Renaud Dutreil, sur le modèle japonais des « trésors vivants », le label Entreprise du patrimoine vivant (EPV) distingue des entreprises aux savoir-faire rares et d’excellence. Aujourd’hui, près de 1.500 structures – des TPE familiales aux grandes maisons de luxe – portent ce sceau officiel de reconnaissance. Pour marquer ses 20 ans, c’est à Tonnerre que le réseau a choisi de se rassembler. La Bourgogne Franche-Comté fut en effet l’une des premières régions à structurer une association active autour du label. « C’est une journée par les EPV et pour les EPV », a lancé Édouard Dumas, président du réseau excellence EPV BFC, en accueillant les participants sous la halle.

Président national du label depuis 2020, Tristan Dewitte n’a pas manqué de rappeler les fondements du label. « Dès l’origine, il s’agissait de reconnaître un savoir-faire rare, porté par l’ensemble d’une entreprise. » Sous son impulsion, le maillage territorial s’est considérablement renforcé : toutes les régions françaises disposent désormais d’une association, elles-mêmes fédérées au niveau national. Aujourd’hui, le label EPV s’impose comme un vecteur d’identité économique et culturelle française, à la croisée des traditions artisanales et de l’innovation industrielle.

Des ambitions fortes pour l’avenir

L’État a fixé un cap clair : atteindre 2.500 entreprises labellisées dans les prochaines années. Un objectif que Tristan Dewitte juge réaliste. « Beaucoup d’entreprises ignorent encore l’existence du label, alors qu’elles possèdent un savoir-faire comparable à celles déjà reconnues. Notre rôle est de les identifier et de les accompagner. » Après la crise de la Covid, qui avait fait chuter le nombre de labellisés à 1.200, le réseau est déjà reparti de l’avant, avec 1.500 entreprises certifiées aujourd’hui. Mais l’avenir ne se joue pas seulement dans les chiffres. Le président mise sur une nouvelle dynamique : la structuration en filières. Patrimoine bâti, gastronomie, mode, luxe, beauté, équipements de la personne… Autant de secteurs où les EPV doivent apprendre à se fédérer. « L’idée est de permettre aux entreprises de répondre ensemble à des marchés, d’être mieux identifiées par leurs prescripteurs - architectes, chefs, designers - sans se concurrencer. Nous travaillons à des feuilles de route communes », explique-t-il.

Le chemin n’a pourtant pas été sans embûches. Changement d’opérateur, incertitudes budgétaires, menace de disparition du label dans la Loi de finances 2024… Autant de crises surmontées grâce à la mobilisation. « Nous avons su alerter nos relais politiques, notamment au Sénat. Le budget a été rétabli et la stabilité retrouvée. Cela nous a renforcés », insiste le président du label. À Tonnerre, la journée s’est conclue par la remise solennelle des diplômes EPV au marché couvert. « Ce type de journée demande un investissement personnel fort. Chacun d’entre nous représente une part du label, et c’est ce qui fait sa force », a clôturé Édouard Dumas.