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Le premier bateau à hydrogène est à l’eau

Fluvial. À Digoin la société Les Canalous, spécialisée dans la construction, la location et la vente de bateaux pour le tourisme fluvial vient de mettre à l’eau le premier bateau à hydrogène.

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Photo du premier bateau à hydrogène
(Crédit : Les Canalous)

« Il a fallu un peu plus de temps que prévu, avoue Alfred Carignant, le PDG de la société Les Canalous, l’un des quatre grands opérateurs de tourisme fluvial en France, parce que l’hydrogène est une technologie complexe ».

Déjà annoncé il y a plus d’un an, c’est désormais chose faite : l’un des Wanday, un bateau de plaisance fluviale de 11,5 mètres de long et 3,6 mètres de large dédié à la location à la journée et alimenté par l’hydrogène, vient de mouiller dans le port de Digoin sous l’œil de son parrain, le chef étoilé de Charolles Frédéric Doucet.

Une première possible grâce à un partenariat avec Europe Technologies, une société de recherche et développement spécialisée dans l’hydrogène : « Sur cette première expérimentation, on a surtout doublé l’aspect sécurité. C’est cette partie qui a nécessité des aménagements et des adaptations. En termes de place, le moteur prend moins de place qu’un moteur thermique. La pile à combustible et le réservoir ne sont pas encombrants ».

  • Photo du premier bateau à hydrogène
    (Crédit : Les Canalous)
  • (Crédit : Les Canalous)

Ce Wanday emporte donc avec lui une lourde responsabilité : définir quelles seront les évolutions à apporter pour permettre aux clients de profiter des séjours sur les canaux : « C’est le dernier espace de pleine liberté ».

L’hydrogène sera-t-il la solution à tout ? : « On ne s’engage pas, précise Alfred Carignan, peut-être allons-nous trouver une autre technologie plus pertinente. On peut penser à l’hybride, par exemple. Mais j’ai le sentiment que l’on tient une vraie technologie d’avenir ».

Vers un verdissement de la flotte

L’idée d’un verdissement de la flotte de 20% d’ici à cinq ans (sur les 300 bateaux à la location et 300 autres à la vente) ne date pas d’hier : « Le vrai défi, c’est de conserver l’expérience client. Il n’est pas question de demander au client de s’arrêter pour recharger. Ça doit être une expérience de liberté ».

Autre paramètre : le nombre de bornes de recharge, qui sont absentes - depuis 2018 en Alsace, Les Canalous a passé un accord avec VNF pour développer des bornes de recharge en deux heures.

L’hydrogène, qui permettrait de stocker suffisamment d’énergie pour le séjour, est donc une solution : « On se fixe comme objectif de stocker deux semaines de carburant pour une parfaite autonomie ». Dans ses rêves les plus fous, Alfred Carignan imagine même que la société pourra produire directement de l’hydrogène à partir de l’eau du canal.

Avec le rétrofit - remplacer un moteur thermique par un moteur propre -, Les Canalous veulent enrichir leur verdissement : « Ce n’est pas compliqué. Nos cales sont suffisamment grandes. Et n’adapter que les nouveaux bateaux n’auraient pas de sens. Le rétrofit va nous aider à la transition ».

Si le moteur électrique offre de nombreux avantages en dehors de l’environnement - comme l’absence totale de bruit ou d’odeur de gasoil pour profiter encore plus du silence des canaux — il révèle aussi plusieurs incertitudes : « La durée de vie des batteries, le coût de leur fabrication et de leur usage. Mais tout cela va évoluer » conclut Alfred Carignant.