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Les meublés de tourisme, une menace pour le parc locatif ?

Enquête. Dijon Métropole est, comme d’autres territoires, confronté à une tension locative. La multiplication des meublés de tourisme du type Airbnb accentue-t-elle le phénomène, empêchant des locataires de trouver à se loger ?

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Selon Nuray Akpinar-Istikam, adjointe à la maire de Dijon et conseillère métropolitaine déléguée au logement, il reste difficile de connaître précisément le nombre de logements loués comme meublés de tourisme sur le territoire de la métropole. (Crédits : Capture d’écran Airbnb)

Entre 11.500 et 12.000 demandes de logements à loyer modéré sont déposées à Dijon Métropole, amenant ces demandeurs à se reporter sur le secteur privé où ils entrent en concurrence avec d’autres publics. « Chaque année, nous attribuons entre 2.600 et 2.700 de ces logements », précise Nuray Akpinar-Istikam, adjointe à la maire de Dijon et conseillère métropolitaine déléguée au logement et à la politique de la ville. En parallèle, l’élue rappelle que Dijon Métropole gagne en population. « Il faut construire des logements, ne serait-ce que pour maintenir le nombre d’habitants afin de répondre aux nouveaux profils familiaux. » Mais en attendant, il faut trouver à se loger et ce n’est pas forcément évident.

Le Choix De La Simplicité

L’UNPI réunit environ 2.500 propriétaires bailleurs en Côte-d’Or dont la quasi-totalité se situe à Dijon Métropole. « De plus en plus de nos adhérents se tournent vers la location type Airbnb. Ils y trouvent une solution de facilité ou encore, selon les cas, une fiscalité plus intéressante par le biais du meublé de tourisme », affirme Lisa Piroux, directrice. À l’heure de la lutte contre les passoires thermiques, l’experte en immobilier met également en avant l’absence de contrainte de DPE, pour l’instant, pour les propriétaires déjà engagés dans la démarche. « C’est une façon pour eux de mettre de côté de l’argent pour prévoir les travaux. »

Un Enjeu Financier

Même si la loi de finances 2025 a revu à la baisse les avantages alloués à la location touristique, celle-ci reste tout de même financièrement avantageuse.(Crédits : Freepik)

Le logement meublé de tourisme offre également une meilleure garantie face aux risques d’impayés, puisque le site paie le propriétaire en amont de la location. « Il y a aussi une rémunération plus intéressante en proposant un meublé qu’une location vide. » (même si la loi de finances 2025 tend à réduire cet avantage, Ndlr). À titre d’exemple, selon l’UNPI, un appartement de 55 m2 place de la République sera mis en location 550 € par mois en moyenne en longue durée contre 200 € la nuit avec Airbnb.
De son côté, Airbnb met en avant les retombées économiques pour tous. « La location sur Airbnb constitue une offre complémentaire bienvenue pour tous les voyageurs à la recherche d’une expérience authentique, à un prix abordable. Source de retombées positives pour les territoires, cette activité est réglementée et s’avère essentielle pour de nombreux Français pour compléter leurs revenus. En 2023, un hôte sur Airbnb en Côte-d’Or a gagné 4.200 € en médiane, et plus de 500.000 € de taxe de séjour à la ville de Dijon ont été reversés pour le compte des hôtes. Au niveau local, les séjours dans les locations de courte durée ont permis de soutenir plus de 2.000 emplois », affirme la plateforme. Pour Nuray Akpinar-Istikam, il reste pourtant difficile d’évaluer le nombre de logements loués via Airbnb sur le territoire de la métropole. « Nous n’avons pas les vrais chiffres, car tous les propriétaires ne déclarent pas cette activité et donc la taxe de séjour. »
Le centre-ville de Dijon doit, selon toute logique, être le quartier le plus sollicité par la communauté Airbnb. « La fréquentation touristique a augmenté en centre-ville tout comme le nombre d’habitants. Nous avons des programmes immobiliers autour de la gare ou dans le quartier Montchapet. Nous ne sommes pas dans une dérive de déséquilibre comme dans certaines villes touristiques. » Cette situation n’encourage donc pas la municipalité à prendre un arrêté particulier en complément des mesures imposées par la loi, même si celle de novembre 2024 apporte plus de pouvoir au maire. « Nous n’avons pas prévu de réduire la durée des locations », confirme Nuray Akpinar-Istikam. La loi a récemment modifié le régime fiscal avantageux des meublés de tourisme en abaissant l’abattement fiscal. Toutefois, faire de la location Airbnb reste une bonne opération financière, il n’y a donc que peu de chances que les candidats à la location longue durée profitent de plus d’opportunités. Pour rappel, si le nombre de nuitées reste limité à 120 par an pour une résidence principale, il n’y a aucune limite pour une location saisonnière.